Amants Héroïques - Chp. 1 (#2)

 

Chapitre 1 : Un début à tout 

Partie 2 - Billy Kaplan

*

J'ai la sensation de le regarder avec des yeux de chien battu. Pourquoi est-ce qu'il s'intéresse à moi ? Et surtout, pourquoi lui parler de moi ? Qu'est-ce que j'espère, que s'il découvre le monstre que je suis, avec mon histoire larmoyante, il continuera de m'accepter ? Toujours est-il que je n'arrête pas de parler avec lui, ravi d'observer cette sublime armoire à glace au timbre grave qui me fait frissonner.

C'est si agréable de paraître normal pour une fois. Même si sa remarque sur la manière de manger me donnait envie de lui montrer que je n'ai pas besoin de mes mains. Mais, comme j'avais envie d'un petit plaisir sucré en sa compagnie, pris mon courage à deux mains – sorties de mes poches – et tendu quatre dollars à la jeune femme à la caisse du restaurant. Est-ce la présence de Teddy qui me permet d’avoir rapidement ce que je veux ? Je ne m’en plains pas et attrape les deux délicieux cookies ; un tout chocolat, un nature. Ce contact humain n’était pas si dérangeant que d’habitude. Et plutôt que de manger notre gâteau entier, nous partageons. Les deux sont tellement délicieux, je n’ai trouvé aucun endroit où ils sont aussi bons qu’au Cookie Diner. Dommage que ce soit à côté du bahut, et du coup plein de monde. Je hausse virtuellement les épaules et regarde sa bouche charnue glisser autour du biscuit moelleux, sa langue récupérer les miettes aux coins de ses lèvres. Un soupir m'échappe, et il me fixe immédiatement ; je détourne le regard, il va capter que je suis gay s’il remarque que je le mate sans vergogne. Quoiqu'il le sait peut-être déjà, il est dans le groupe de basketteurs, qui, sans être à suivre les potins, est composé d'étudiants qui connaissent les principaux ragots.

Le temps est à l'image de mon humeur, maussade. Même si ce grand garçon si sexy est un rayon de soleil. J'aimerai beaucoup faire de ce Teddy mon nounours... Son corps doit être si agréable à découvrir, à caresser, à... Je rougis encore plus, mon érection clairement visible alors que nous sommes assis. J'essaie de croiser les jambes pour être moins repérable, mais je crois que c'est trop tard. Mon semblant d'indifférence est éventé. Tant pis. De toute façon c'est l'heure d'aller en cours, je peux me murer dans mon silence studieux. Et éviter son regard perçant qui me retourne la tête, en même temps que ses lèvres qui sourient et m'incitent à les croquer.

Je me calme et pense à ce que dit maman, que le diable est prêt à tout pour nous tenter et que personne n’est ce qu’il dit être. Avec cette conception du monde, c’est à se demander comment je me suis fait adopter ! Mais madame Kaplan, aussi paranoïaque qu’elle soit sur la vie et tout autre chose qui ne soit pas sa famille, juge que quelques personnes sont des anges cachés parmi nous. Mon avis, c’est qu’elle a trop été bercée de catéchisme, même si elle est plutôt ouverte d’esprit : malgré ma déviance, je suis selon elle « tellement gentil et innocent », que je n’irai pas en Enfer. Si tout ça existe, bien entendu. Et même si l’on a pu voir des dieux sur Terre, il n’y a a priori personne qui n’a vu le lieu plein de flammes qui fait trembler tout bon chrétien. Je peux donc dormir tranquille. Et me laisser tenter.

Dès que je le regarde mes pensées perverses reprennent. Je nous imagine faire la chose, encore et encore, entre deux moments ensemble. J’imagine le présenter à mes parents; seraient-ils fiers ? Eux qui aiment savoir leurs enfants heureux, ils se réjouiraient pour moi.

La fin de la journée arrive plus tôt que prévu, un de nos enseignants est absent, et Teddy me propose d'aller boire un chocolat chaud. J'accepte jusqu’au moment où, devant la caisse, je m’aperçois qu'il veut me l'offrir. Je n'ai pas le temps de protester qu'il a déjà dit à la barmaid que l'on règle ensemble. Je ne proteste pas longtemps, le remercie timidement, et il reprend ses explications sur le basket-ball – je lui ai demandé de m'en parler d'une part car je ne m'y suis jamais intéressé à ce sport, et de l'autre car je peux le regarder en silence tout en me laissant bercer par sa voix mélodieuse. Le temps que nous soyons servis, la météo se calme, et nous entendons plus distinctement la musique du lieu. I will Always love you, de Whitney Houston. Mon cœur bat plus vite, et je m'imagine collé à lui, dans ses bras. Je reprends mes esprits quand la tasse en plastique est posée devant moi, et je commence à me brûler la langue derechef pour apaiser cette envie qui me prend aux tripes. Nous ressortons une fois la chanson terminée, prolongeant le silence imposé par notre dégustation.

Soudainement, la pluie se remet à tomber, de manière torrentielle, et je suis le superbe blond qui m'accompagne sous le porche le plus proche.

– Tu montes ? C'est chez moi, on peut aller se sécher et terminer l'après-midi tous les deux, faire nos devoirs et s’amuser.

Je ne peux qu'approuver cette proposition, ses yeux saphir plantés dans les miens.  Mon regard se pose sur son fessier musclé alors que nous gravissons les étages ; l’arrière m'hypnotise tout autant que le devant. Je manque de lui rentrer dedans une fois arrivés sur son palier, mon esprit étant plus occupé à imaginer ce qu'il y a à l'avant de ce pantalon, ce que je pourrais faire entre ces belles brioches ou avec le morceau de choix qui doit se trouver de l’autre côté.

Une fois la porte ouverte, je découvre un espace de vie assez neutre. Pas de bazar, de photos, de souvenirs. Mais des livres et une douce odeur de lessive, comme celle qu'il a sur lui. Si délicieuse que j'imagine celle de sa peau, aussi délicate et sucrée. Sa chambre n'est pas plus intime, témoignage du récent déménagement. Si j'étais dans un état un peu plus lucide, je remarquerais qu'il n'y a aucun carton à déballer, comme si toutes ses possessions tenaient sur le minuscule bureau. Il allume la télé posée sur une espèce de haut tabouret et s'assoit sur ses draps. À peine assis sur le lit à ses côtés, je me tourne vers lui, ses lèvres tentantes et ses yeux angéliques. Il me fixe, un sourcil interrogateur, et je me lance, comme ces acteurs de films à l'eau de rose. Mais je suis plus petit que lui, j'embrasse seulement sa mâchoire. Il sourit, comme ravi de ma tentative ; ses mains saisissent mes hanches et me portent sur ses cuisses fermes. J'attrape son visage et retourne à l'attaque. Cette fois nos lèvres se touchent, et je frissonne. Un frisson de plaisir traverse ma colonne de part en part, et je continue, de plus en plus affamé, à partager cette envie au goût de chocolat. Mes mains le caressent de partout – surtout un endroit qui prend du volume – tandis qu'à l'intérieur de moi, je bouillonne sans limite.

Je fais sauter un à un les boutons de sa chemise et découvre un corps charpenté. Enfin, cette fois, je le découvre avec les mains, alors qu’en cours de sport j'ai déjà remarqué cette musculature à faire saliver n’importe qui. C'est un aimant à sexe, ce type, entre son corps bâti et ses yeux saisissants. Je palpe ses biceps tout en agitant mon bassin sur lui. Un peu de rouge lui est monté aux joues, ça le rend encore plus sexy. Guidé par mon instinct, je joue avec ma langue dans son cou et glisse plus rapidement sur son torse, attiré par la bosse qui semble vouloir craquer son jean. Je lui ôte prestement, ainsi que son boxer, et soupèse son morceau. C'est la première fois que je touche un autre garçon, et un autre sexe que le mien. Le sien est plus long, plus large, à l'image de son corps massif. Légèrement courbé vers le haut et veiné, je me lèche les babines avant de goûter à cette friandise.

Je pose ma bouche sur la pointe gorgée, en épouse la forme comme d'une sucette. Ma langue vient faire le tour de l'épais bourgeon, Teddy pousse un soupir appréciateur. Je continue à jouer avec son méat, sa couronne, n'allant pas plus loin que son frein, surpris par la douceur et la texture de ce large morceau de chair, aussi délicieux que le reste du corps de son porteur. Je goûte pour la première fois à ses perles translucides, subtilement salées, je m'en régale et salive de plus belle sur ce gland pour en ravoir. Puis, je suis la veine le long de la tige, arrive face à ce sac de peau uniforme et en raccord avec le mandrin imposant. Je les lèche à leur tour, apprécie leur volume et leur fermeté, et je suis récompensé par des caresses sur la nuque, les cheveux, ainsi que des grognements de plaisir du canon face à moi. Je me concentre à nouveau sur sa raideur et essaie cette fois de l'avaler intégralement, ce qui est bien entendu impossible pour moi ; il est bien trop long et épais pour un puceau, de plus la courbure ne facilite pas sa prise en gorge profonde dans ce sens. Tant pis, d'une main, je branle le morceau que je ne peux avaler, tandis que l'autre palpe tour à tour ses bourses remplies, ses cuisses musclées, son torse sculptural, ses tétons rendus pointus par le plaisir. Le rythme varie, mes va-et-vient sont tantôt rapides tantôt plus lents, jusqu'à ce que son gland soit plus que raide et que ses couilles se soulèvent. Là, il me retire son gros bonbon, malgré ma tentative pour continuer à le dévorer.

– On se calme! Sinon je n'aurai plus d'énergie pour m'occuper de toi.

– D'accord.

Je le laisse me déshabiller  et me poser sur le lit ; d’abord nous prenons notre temps tout en massant le corps de l’autre. Les yeux dans les yeux, mes mains glissent sur sa peau tendre pour chercher d’éventuels zones sensibles. Ses tétons si pointus me surprennent, et il semble adorer que je joue avec. Sur le dos, il me laisse observer son corps en détail pendant qu’il branle nos deux tiges raides. Puis, je glisse sous son corps chaud qui me caresse. Affamés de désir, c'est à celui qui fait le plus couiner l'autre. Vu ma sensibilité, je crois que c'est lui qui gagne, surtout que son sexe frotte sur ma hanche, et me donne des idées qui font palpiter une zone dont je ne m'étais jamais soucié jusqu'ici. Il s'en rend bien compte puisqu'il me soulève le bassin légèrement et glisse un doigt couvert de salive entre mes fesses – plutôt plates comparées à son fessier tonique.

Je suis très ouvert aux nouvelles expériences avec lui, sa phalange entre donc sans résistance, puis son doigt en entier. Accroché à son cou, je ferme les yeux pour apprécier la sensation ; il m'ouvre tout doucement, rajoute de la salive sur son doigt, le replonge dans mon intimité, tourne à l'intérieur, chatouille l'entrée, et un endroit interne qui me fait gémir longuement. Je ne prête pas attention au deuxième doigt qui rejoint le premier, mon corps réagit seul et je bouge d'avant en arrière sur ses doigts. Quand il se soulève, arrêtant par la même occasion mon plaisir, je le regarde, perdu et plein de supplications. Mais s'il s'est arrêté, c'est pour remplacer ses doigts par autre chose. Le morceau de latex recouvre son pieu, il applique un peu de gel et me tartine avant de soulever mes jambes et de poser la pointe du missile sur mon entrée. De moi-même, je recule et aspire le début de l'engin, impatient de me sentir comblé. Mauvaise idée, c'est autrement plus épais que ses doigts, et l'impression de brûlure qui me déchire l'anneau me fait crier.

– Doucement Billy ! Ça va? Détend-toi, ça va passer. Respire. T'es fou de chercher à prendre la moitié comme ça !

Il m'embrasse et passe ses mains sur mon corps pour calmer mes muscles contractés. Une fois que je me détends, il commence par reculer, mais je me contracte à nouveau, persuadé que mon fourreau suit son épée. Alors, il bouge à peine, cherche surtout à ce que je m'habitue et que je m'assouplisse. C'est encore moi qui prends l'initiative de bouger, malgré ma brûlure rectale, pour m'enfoncer plus encore sur lui. Je l'attire contre moi, ses bras m'aident à me détendre, il peut bientôt commencer à me prendre selon son envie. Par petits mouvements, il reste au fond de moi et m'habitue à son soldat raide qui pulse. Ça commence à devenir bon, il frotte contre une zone qui me fait mouiller et gémir.

Lorsqu'il peut bouger plus à son aise, il continue d'y aller tout doucement et c'est moi qui demande à ce qu'il change de rythme. Il ne m'écoute qu'à moitié, continue à être si tendre et prévenant mais en me prenant sur l'intégralité de sa pine raide. Une fois satisfait de lui et de mon ouverture, il consent à accélérer comme je n'arrête pas de le réclamer. Mes petits cris frustrés deviennent aigus et satisfaits. Il gémit avec moi, ce qui m'excite encore plus. Les mêmes fourmillements que tout à l'heure me reprennent, et je vois mes mains qui commencent à produire cette brume bleutée. Nan ! Pas maintenant ! Je ferme les yeux et coince sa tête entre mes bras, il doit prendre mes contractions anales pour de la jouissance – ce qu'elle est, mais en même temps, je suis perturbé et je panique – et il tambourine plus fort, ses couilles percutent mes fesses. Je tente de contrôler les vagues qui me parcourent mais le plaisir est plus fort que tout. Je couine sans pouvoir m’en empêcher. Lorsque la petite mort nous saisit tous les deux, je me tends et crie plus fort. Une fois que je rouvre les yeux, je dissipe le plus rapidement possible l’énergie qui brille sur mes doigts, plus que visible dans la semi-obscurité.

– Tu me laisses quitter tes bras Billy ? Juste le temps que je remette les plombs. Doit y avoir de l’orage qui approche pour que ça les ait faits sauter.

La sensation de vide et de manque qui m’envahit dès qu’il quitte mon intimité est dingue. Je cale mes mains sous mes fesses et ferme les yeux par sécurité, laisse Teddy se relever. Dès qu’il sort de la chambre, je regarde autour de moi pour vérifier que je n’ai rien abimé. A part faire sauter le disjoncteur, tout est intact, à l’exception d’une ampoule au plafond. La culpabilité me tombe dessus : si ça n’avait pas été cette fragile bulle de verre, qui sait ce que Teddy aurait pu subir par ma faute. Je suis un monstre. Pour sa sécurité, je dois l’éloigner de moi. S’il ne veut pas me fuir, c’est moi qui vais devoir le faire.

Cette subite prise de conscience me laisse les larmes aux yeux, et je me rhabille mécaniquement. J’entends l’eau couler dans ce qui doit être la salle de bain, j’en profite pour partir sans faire de bruits. En passant devant le coin cuisine, je vois qu’il avait sorti des petits gâteaux; Désolé Teddy… Tu ne peux pas savoir. Je récupère mon sac et fuis sans un mot, sans une explication, sans un regard, sous la pluie diluvienne qui coule autant du ciel que sur mes joues. Je ne m’arrête que dans le parc à côté de chez moi, sous un chêne, et pleure désormais sans aucune retenue. J’ai terriblement mal, comme si mon cœur était resté dans son lit et que désormais, je n’étais plus qu’une coquille vide en manque de lui. Je viens juste de le quitter et déjà, sa voix, son rire, son odeur, sa tendresse me manquent plus que tout. Je n’aurais pas dû me laisser charmer, je sais bien que je suis un danger.

Les larmes coulent longtemps, jusqu’à ce que la pluie se calme, et que ma mère me voit par la fenêtre de la cuisine. Sans me poser de questions ni chercher à savoir, elle comprend. Elle me ramène à l’intérieur, me déshabille, me sèche, m’enroule dans une couverture et me prend contre elle. Elle me berce et me chuchote des paroles réconfortantes, comme que l’Amour vient à bout de tout. Si tu savais maman… Toi aussi, tu dirais que je suis le diable incarné. Je me remets à pleurer et elle me serre plus fort contre elle, ses glandes lacrymales inondant son visage pour la seule raison que son enfant est triste. Elle me demande si je veux lui raconter. Je refuse. Alors elle me dit que je suis sur la bonne voie pour passer à autre chose, une fois que j’aurais évacué tout mon chagrin. Elle fait son possible pour me réconforter, même si j’ai des doutes sur ses conseils.

Pourquoi a-t-il fallu que je t’aime ? Nous n’avons rien en commun, à part un étrange passé…

*

"Aucune reproduction, même partielle, autres que celles prévues à l'article L 122-5 du code de la propriété intellectuelle, ne peut être faite de cette œuvre sans l'autorisation expresse de l'auteur"


Commentaires

  1. C'est que la deuxième partie du chapitre 1 mais je suis déjà fan.
    J'ai hâte de lire la suite.

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  2. Oups mon pauvre si seulement toi tu savais

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  3. Youoououpi j'ai trouvé la suite et je ne suis pas déçue du tout du tout
    Les petites images sont carrément un plus

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