Chaudes retrouvailles

 


Chaudes retrouvailles



Le soleil chatoyait sur le chemin qui filait entre les collines, ses rayons ardents ondulaient sur les oliviers et les fleurs des champs. La Serio coulant entre les arbres au loin s'irisait de mille feux dorés, soudainement embrasée par l'astre diurne. Les chants des oiseaux, cachés dans les frondaisons, s'élevaient dans l'air frais, et la douce brise sifflante passait dans les cheveux châtains et ondulés de l'homme qui contemplait, béat, la beauté de son chez lui. Ainsi, il rentrait au pays, après tant d’années.



À son grand regret, ses parents, morts durant son absence, ne purent l'accueillir à bras ouverts. Il était parti avec pour objectif premier de subvenir aux besoins de sa famille grâce à de bonnes études, puis de défendre la patrie qui l'avait accueilli, mais jamais il n'oublia sa terre natale. Et il y revint, sans rencontrer âme qui vive. À croire que même les bandits de grands chemins n’étaient que des histoires du passé, racontées au coin du feu par de vieux routards.



Ici, point de stigmate de la guerre, seulement le temps suspendu entre le passé révolu et un présent asthénique. Les seuls changements connus furent le départ de nombreux habitants, qui n'avaient plus la foi en leur racine. De son ancien village, seules quelques maisons et boutiques, notamment celle de l'épicier, tenaient encore debout, parfaitement entretenues. En seulement quelques années cette contrée presque perdue était redevenue sauvage, laissée à l'abandon. Le paysage devant ses yeux, soigneusement entretenu et cultivé, fut le premier qu'il croisa sur des lieux alentours. Cette présence réchauffa son cœur et le rassura : s'il avait été le seul à se souvenir de sa promesse, il aurait été bien malheureux.



L'homme descendit dans le creux de la vallée, ses pas soulevant un léger nuage de poussière entre les arbres assoiffés - malgré la fraîcheur matinale et leur résistance, de trop nombreux jours étaient passés sans que la pluie ne tombe. Lorsqu'il aperçut la ferme aux tuiles rouges, un grand sourire éclaira son visage et il sifflota. Tel un complexe gazouillis d'oisillons, les notes s'élevèrent et il attendit la réponse, tendant l'oreille.



Il réitéra deux fois sa trille, mais aucun son ne vint de la maison. Cependant, étouffé par la végétation, il perçut le sifflement. Il laissa tomber ses sacs et fila entre les branches qui lui tendaient les bras. Sa hâte et son palpitant ne furent jamais tant impatient qu'à cet instant, après la légère incertitude. Mais c'eût été impensable qu'il soit parti sans le prévenir...



            Sans crier gare, d'un autre côté vinrent les notes joyeuses. Il bifurqua à leur poursuite, courut après son guilledou, comme quand ils étaient adolescents - leurs quinze ans lui paraissaient hier - et malgré les six années passées à tenter de rendre ses parents fiers, les habitudes revinrent aisément. L'air s'échappa de ses poumons tel un rire, et il siffla à son tour pour prévenir sa "proie", son dahu avec une jambe plus courte que les autres. Attentif entre les arbres, il finit par découvrir le bel homme que son ami était devenu. Nonchalamment posé contre un tronc, dénudé sauf le morceau de tissu couvrant son fessier, son bel ami était splendide. À demi caché et dos à lui, il put l'observer, les épaules larges, les hanches fines, la décoloration sous la ceinture. Il se colla à lui et posa ses mains sur son ventre ferme et musclé.



Justin ! Tu m'as eu... Ils t'ont fait devenir un agent secret à l'armée !



Le brun s'écarta de quelques pas pour observer à son tour celui qui l'avait quitté, d'abord pour les études, puis pour la guerre. Désormais bien plus carré que lui, le brun le regarda tendrement alors que leurs yeux traînaient sur les courbes charmantes de l'autre.



J'avais presque oublié à quel point tu étais beau, Justin... Je suis tellement heureux de te revoir.



Tout chez ce grand brun faisait remonter des souvenirs en lui : ces bras qui l'avaient étreint, ces mains caressantes, ces lèvres douces, et sa voix...



Tu as vu, comme promis je suis resté.



Le châtain acquiesça, un sourire béat sur les lèvres, et serra le brun contre lui. Leurs corps se retrouvèrent et s'emboîtèrent tels deux pièces d'un seul puzzle. Quelques larmes leur montèrent aux yeux, alors que les coeurs dans leur poitrine s'emballaient, désormais réunis.



Je suis si heureux que tu sois rentré, j'ai eu tellement peur quand on a appris que tu avais été fait prisonnier.



Le sourire du châtain se tordit, et il tenta d'articuler :



E...li...as.



Il caressa la joue de son aimé alors que celui-ci semblait choqué. Il devina dans les yeux verts les horreurs qu'il avait vécu, sans savoir lesquelles exactement. Ils lui avaient pris sa voix... Et qui sait s'ils n'avaient pas pris autre chose. Mais pas son cœur, le plus important.



Ils rentrèrent dans la grande maison main dans la main, puis le châtain tira de ses sacs quelques cadeaux : une montre suisse, un vase en porcelaine française, des couverts en argent anglais. Le brun soupira, légèrement amusé cependant ; malgré son vécu, son Justin restait toujours le même. Ils se racontèrent ensuite, moitié par oral, moitié par écrit, ce qui s'était produit pendant leurs années de séparation. La mort des parents d'Elias, les voyages de Justin...



Ma sœur s'est mariée à un français, un horloger. J'ai cru comprendre qu'il a été un résistant, comme toi. Et même s'ils sont un peu jeunes je suis prêt à parier qu'ils vont bientôt avoir une tripotée de gosses !



Le châtain laissa échapper un rire silencieux, partageant l'hilarité de son compagnon au souvenir de la belle brune affriolante, qui ne se gênait pas de provoquer les garçons. En même temps, son frère n’était jamais présenté comme un modèle de vertus...



D'ailleurs il lui sembla que l'anatomie du brun se réveillait. Pour en avoir le cœur net, il s'approcha tout contre lui et frotta sa propre bosse sur celle, très imposante, dont il avait gardé de très excitants souvenirs. L'engin se déploya, et le gland aussi sombre que les tétons violacés commença à pointer le long de la jambe de son propriétaire. L'odeur résineuse de son ami fut exacerbée, tandis que ses prunelles olivées s'enflammaient. Il adorait la vision de ce corps séducteur, qui l'invita promptement à se déshabiller à son tour. Après leurs regards, ce fut leurs peaux qui se rencontrèrent, et des frissons commencèrent à les habiter. Malgré l'atmosphère brûlante, la température monta encore de quelques degrés. La toison qui couvrait les pectoraux d'Elias chatouilla le torse glabre de Justin, et il lâcha un soupir d'une rare intensité : enfin ils allaient consommer leur Amour.



Il tenta d'articuler le prénom de son amant, mais celui-ci l'en empêcha en écrasant ses lèvres sur les siennes. Et c'est lui qui murmura de cette voix, désormais totalement virile, un "bordel j'ai tellement bien fait de t'attendre". Leurs doigts se mêlèrent et le brun conduisit son homme jusqu'à la chambre aux volets mi-clos. Toujours assez simple, les meubles en bois, le lit couvert de draps rouges, ils s'allongèrent prestement et continuèrent à découvrir leur anatomie en même temps semblable et changée. Justin trouva incroyable que le sexe de son ami soit encore plus imposant, et il en saliva d'avance. Sa propre lance était dans un état critique jamais atteint, à tel point qu'il se demanda s'il n'allait pas jouir rien qu'avec les baisers enflammés de son soupirant, leurs langues qui tournoyaient, et les grandes mains fines sur son corps. Lui qui avait rêvé tant de fois de ce contact charnel avec son homme, voilà que pour la première fois, son envie se réalisait et de la manière la plus tendre qui soit. Elias se posa, à moitié assis, les mains sur son organe, un sourire coquin sur ses lèvres tentantes. Justin n'hésita pas et vint poser ses lèvres sur la pointe turgescente, pour commencer à dévorer le chibre très généreux. De tout ce qu'il avait vécu, de tous ceux qu’il avait connu, rares étaient ceux qui avaient tant à déguster entre les cuisses. Cela stimulait à la folie la moindre de ses cellules nerveuses - s'il restait l'une d'entre elle qui n’était pas déjà totalement dominée par l'envie débridée de son aimé.

 

Il avala avec précaution la lance épaisse, plus pour faire durer le plaisir que par réelle nécessité, même si l'organe en question lui distendait la bouche. Il se démena jusqu'à l'avaler en entier, fixant du même temps le brun pour l'exciter. Il lui sembla même que la gargantuesque pine gonflait encore toute les fois que leurs yeux se croisaient. Ses lèvres distendues s'appliquaient sur le sexe veineux pour lui donner du plaisir, et les râles graves qui roulaient de la bouche d'Elias le firent frissonner. Aucun des deux n’avait jamais vécu cette sensation avec un autre, c’était la consécration, comme si le lien qui les unissait se renforçait. Lorsque Elias, dans un instant de folie jouissive, lui prit la tête pour lui donner le rythme qui entraîna leur explosion, tant leur excitation fut partagée, la petite mort le saisit. Il se sentit partir, son corps soulevé et transpercé par un plaisir incroyablement puissant, et dont l'origine fut sans aucun doute la langue chaude et râpeuse qui chatouillait son gland sensible. Un afflux de sang monta dans la colonne de chair, avant que les contractions de ses lourdes bourses n'expulsent de grosses giclées grasses en quantité importante. Justin s'amusa, une fois leur geyser respectifs calmés, à montrer sa bouche pleine de semence blanche, avant de l'avaler et de pousser un soupir d'un même temps appréciateur et satisfait. Le brun le saisit sous les aisselles et l'attira contre lui, l'embrassa, puis ils s'emboîtèrent sexe contre sexe dans une tendre accolade, respirant les douces effluves masculines gorgées d’hormones du corps de l’autre.



Et ben ça, c'était plus qu'une fellation folichonne !



Le châtain sourit, conscient que quand une chose est faite avec amour, elle est forcément plus intense.



Lorsque le brun se réveilla après une petite sieste post-coïtale plus que bienvenue, il fut surpris de se découvrir seul dans le lit. Puis un klaxon retentit à nouveau, de même que des coups sourds sur sa porte. Probablement ce qui l’avait tiré du sommeil. Il revêtit rapidement sa salopette de travail, passa derrière la maison et arriva par le côté, comme si les étrangers l'avaient tiré d'une occupation extérieure, expliquant son temps de réponse. Il eu la présence d'esprit de se méfier avant même de savoir pourquoi. Mais dès qu'il les vit, son estomac se noua. Dans la cour de sa ferme, il reconnut sans peine les deux Citroën traction avant, et les vêtements de leurs propriétaires tout aussi sombres. Le casque à pointe n’était pas le plus impressionnant ; la carrure des hommes, leurs larges battoirs, l'air rude et rusé, la musculature sous la veste serrée : c'était des chiens de guerre, et il comprit immédiatement pourquoi son amant s'était caché dès qu'il avait perçu les bruits caractéristiques, qu'il ne devait malheureusement que trop connaître. Lorsque les quatre paires d'yeux se posèrent sur lui, Elias avala sa salive et garda un visage neutre, ne laissant pas les bosses proéminentes et quasi inhumaines des hommes l'impressionner, ni leurs pistolets, ni leurs matraques, bien trop longues et épaisses pour n'être utilisées que pour frapper.



Bonjour messieurs, que puis-je faire pour vous ?



Ce fut eux qui bondirent comme si la foudre les avait choqué. Ce brun, seul, au ton chaleureux et poli, ne savait-il pas qui ils étaient? Même le plus rustre de ces campagnard perdus au fin fond de la nature italienne aurait dû être effrayé. Mais l'air d'innocence qui se dégageait des calmes prunelles d'Elias les firent se détendre malgré tout. De plus, ils se dirent qu’à quatre contre un, ce pauvre fermier n’avait aucune chance.



L'un des quatre s'approcha et tendit quelques photos en papier glacé qui clouèrent Elias d'effroi. Il reconnut son amant parmi un groupe d’hommes, des prisonniers, ou encore nu et attaché sur une croix. Il fit son possible pour ne pas montrer son dégoût et la haine qu'il ressentait pour ces soldats, qu'on aurait pu qualifier de monstres.



Avez-vous vu cet homme ?



Contrairement aux trois autres qui étaient indéniablement Teutons, celui qui s'adressa à lui dans sa langue venait du même pays, mais probablement d’une autre ville. Et tout malin qu'il pouvait être, il fit l'erreur de sous-estimer son compatriote campagnard, qu'il jugea moins civilisé. Elias ne fit rien pour tenter de le contredire, il cherchait juste comment se débarrasser de ces brutes épaisses. Un brin théâtral, il fit ressortir l'amertume qu'il avait ressenti quand Justin l'avait abandonné lorsque l'homme lui demanda s'ils étaient amis. Cela sembla suffir, et les hommes demandèrent seulement à utiliser ses cabinets - si sa ferme campagnarde en possédait. Il ignora une fois de plus leur dédain pour sa demeure, et pour se moquer légèrement d'eux, il leur fit utiliser les anciens toilettes sèches, à l'arrière de la maison. Toujours en parfait état, il ne regrettait pas de les avoir entretenus pour une telle occasion. Il évita par contre de les accompagner et resta plutôt au bord de la maison, ne voulant pas observer malencontreusement l'anatomie inhumaine de ces soldats. Ceux-ci se vengèrent avant de monter dans leur voiture, lui broyant la main sous prétexte de remercier son hospitalité. Le dernier qui la lui serra lui fêla probablement une phalange ou deux, même s'il tenta de résister à la poigne de fer. Il frissonna alors que le soldat aux yeux d'aciers le fixait une dernière fois avant de grimper dans le véhicule prêt à partir. Il attendit ensuite qu'ils disparaissent en haut de la colline pour courir dans son foyer et chercher partout.



Justin ! C'est bon, ils sont partis !



            C'est dans la salle de bain qu'il le découvrit, et son sexe gonfla instantanément face à son fessier rebondit, tendu vers l'arrière alors que son propriétaire finissait de se nettoyer.



Pourquoi tu te laves ?



Justin pointa du doigt la baignoire, puis devant son incompréhension, il retira deux des carreaux qui semblaient parfaitement fixés. La peur encore visible dans ses yeux, Justin remit en place sa cachette poussiéreuse.



Mais que t'ont-ils fait mon chéri…?



Il haussa les épaules, l'air de dire que ce n’était rien d'important, et repassa un peu d'eau sur sa nuque. Ses muscles mis en valeur firent se déshabiller Elias, qui se colla à lui et le caressa. Quoi qu'il arrive, toutes les portes et les volets furent fermés, ce qui leur assura la tranquillité et une relative fraîcheur. Ils purent s'adonner à cette délicieuse et vicieuse concupiscence sans s'inquiéter davantage.



***



Le paysage à travers la vitre fumée défilait à toute allure sur la petite route, entre les arbres. Attaché à son siège, le châtain tenta de voir les panneaux à une intersection. Sans succès, ses yeux injectés de sang ne purent s'adapter pour regarder la direction empruntée. Les hommes à côté de lui lui donnèrent un coup de coude, ravivant les douleurs de ses côtes. Son corps entier l’élançait douloureusement. Seul son cœur fut pris d'un sursaut d'espoir, reconnaissant finalement le chemin emprunté. Il pria pour que le chauffeur guide la voiture dans les tournants à venir de cette même vitesse bien trop élevée, car ce qu'il avait vécu comme torture jusqu'ici n'était qu'un avant-goût de ce qu’il subirait une fois à destination. Malgré les zébrures sur sa chair, les douleurs des interrogatoires, il n’avait rien révélé. C'est pour ça qu'ils l'emmenaient. Dans la voiture noire de la Mort.



Même si désormais, il était réduit au silence, il savait qu'il existait toujours des moyens de donner des renseignements. Et aussi fort qu'il s'accrochait à son souvenir, il n’était pas sûr de continuer à pouvoir ne rien révéler si la torture s'intensifiait. Surtout que ses nouveaux bourreaux savaient grâce aux anciens ses préférences sexuelles et semblaient intéressés. Avalant sa salive alors que le premier tournant fut pris à toute berzingue, il souhaita ne jamais arriver au camp de Birschenham. Les rumeurs parlaient de torture sexuelle allant jusqu'à la mort; et tout plein de courage qu'il était, cela n'allait jamais jusqu'à la folie - même pour la mission risquée qui l’avait conduit entre leurs griffes. L'essentiel étant que pour un homme perdu, il avait sauvé plus d'une vingtaine de vies. Son sacrifice en valait la peine.



Battu, frappé, humilié, la conscience au bord de l'extinction, jamais il n'abandonna. Ses cris résonnèrent longtemps dans les geôles, attirant respect et sympathie des autres prisonniers. Une plaie se réveilla d'ailleurs et le tira de ces souvenirs douloureusement récents, alors que le robot à sa droite lui saisissait la nuque, voulant probablement obtenir quelque chose dans l'espace réduit de la voiture noire.



Jeremias, le plus simple serait de t'arrêter, on profiterait tous de lui comme ça.



Cette seconde d'inattention du chauffeur fut ce qui suffit au hasard pour renverser la situation. Un autre virage. Un animal sur la route. Et le trou noir.



Quand Justin revint à lui, il finit son détachement que l'homme avait commencé. Il remercia sa bonne étoile tout en continuant à prier : pourvu que le moteur de la voiture, fumant, ne prenne pas feu soudainement! Enroulée autour d'un arbre, il se surprit à admirer le soleil tombant sur le rouge vermeil qui ornait désormais le pare-brise. Le soleil voilait assurément la scène mortuaire d'une rare beauté. Malgré leur monstruosité, ceux qui moururent dans l'accident étaient bien humains. Celui à sa droite, à qui il devait sa possibilité de se détacher grâce à son envie lubrique, souffla quelques mots. Il ouvrit la porte malgré son corps étalé contre le siège avant et sortit en le poussant. Une flatulence pailletée retentit, signe du relâchement musculaire des morts. Sonné et le nez en sang, la tête aussi lourde qu'un gros cucurbitacé, il s'enfuit dans les bois. Même s'il avait l'intuition qu'il venait de faire une erreur en laissant en vie l'homme derrière lui, il continua son chemin, réservant sa force pour avancer.



C'est après plusieurs jours à errer et à se nourrir d'une maigre pitance qu'il tomba sur un groupe de résistants. Ils lui permirent de panser ses blessures et de reprendre des forces, avant de l'embarquer dans leur mission. En échange, ils l'aideraient à rejoindre l'Italie. Rapidement remis sur pieds, ce fut avec joie qu'il rejoignit le commando de durs à cuirs, parmi lesquels il retrouva un de ses amis de fac. Galvanisé par l'issue de la mission ils repartirent prestement, leur but étant de bloquer la voie ferrée qui se rendait de Lyon vers l'Allemagne, tout en récupérant au passage un terrain propice aux opérations aviatrices.



Quelle émotion quand ils arrêtèrent le train! Même s'il eut à ce moment encore du sang sur les mains, Justin ne regretta pas cette action, qui sauva ainsi plusieurs centaines de vies. L'espoir qui revint dans les regards entassés le consola de toutes les horreurs qu'il avait subit. Mais son coeur exigea de lui qu'il tienne sa promesse ; trop longtemps s'était écoulé depuis qu'il l'avait prononcé. C'est donc à bord d'un petit aéroplane qu'il traversa les Alpes, jusqu'à une position protégée. À lui ensuite de se débrouiller pour terminer son voyage.



Il apprit rapidement à éviter les villes. Les milices y patrouillaient, d'un camp ou d'un autre, ce qui conduisait à des guérillas. Les seules fois où il approcha la civilisation, ce fut pour trouver à manger, mais sans s'attarder, préférant rendre un service aux petits fermiers en manque de bras en cette saison de récolte plutôt que d'échanger ses cadeaux durement acquis, ou contre de l'argent difficilement obtenu. Descendant toujours plus vers le sud de son pays, il découvrit tout à la fois l'horreur dont les partisans de la Guerre étaient capables - des villages sans âme qui vive, soit enrôlés de force, soit aux cadavres criant leur douleur à l'instant de leur trépas - et des havres de paix incroyablement préservés, vierges de tout contact humain. Jusqu'à le retrouver. Ils furent si heureux d’être désormais ensemble.



            Les deux corps se réveillèrent et l'un des deux chercha un peu d'eau. Une fois revenu, Justin trouva son amant dans une pose que même les statues antiques pouvaient envier : à demi assis, les muscles gonflés par la posture cambrée contre les oreillers de leur propriétaire, la veine le long du biceps; son torse masculin frémit lorsqu'il vit le corps tout aussi athlétique face à lui. Il ne fallut pas longtemps avant que les lances viriles se gorgent de sang et pointent l'une en direction de l'autre, comme deux grosses hématites aimantées. Même avec des dimensions plus honorables entre les jambes, Justin trembla d'excitation et tendit son sexe pour à son tour se faire sucer.



            L’air affamé, Elias fit courir sa langue au bord de son gland, recouvrant de salive sa couronne. Son méat s’écarta pour laisser passer une perle de mouille qui fut prestement étalée sur la peau sensible. Puis les lèvres charnues s’écartèrent pour avaler le pieu dans cette bouche avide, chaude, profonde et serrée : quand il atteignit la gorge, elle s’écarta pour le laisser passer mais le comprima également. Justin avoua sa surprise, ce à quoi Elias confessa qu’il s’était amusé de nombreuses fois avec le petit Tim, qui était devenu un jeune homme charmant et… charmeur !



Mais maintenant que tu es revenu, je suis tout à toi ! Puis avec ce que tu m’as offert depuis hier, je serais bien compliqué de ne pas te préférer.



Il s’appliqua ensuite à le sucer, mêla tendresse et désir, amour et excitation, les yeux aussi brillants que lui la veille. Le petit déjeuner et la ferme les attendirent longuement, car après cette pipe tendre, Elias voulu à son tour jouer de sa carotte cosmique. Justin attrapa alors le guéridon en olivier et le plaça devant le grand miroir au bord doré pour voir son amant en action, puis se cambra. Ses muscles se gonflèrent, son corps nu et quelque peu bronzé était mis en valeur par le soleil matinal. La trace au niveau de sa taille excita encore plus son amant; le gros saucisson tendu vint se glisser entre les brioches pâles et coulissa, déposant sur l’ouverture encore légèrement distendue de leurs folies de la veille un lubrifiant nécessaire à son entrée, même si le four se mit de plus en plus à ressembler à une patinoire grâce à cette excitation. Il accrocha rapidement l’ouverture et plongea en douceur dans l’antre moite qu’il assouplit au passage. Il alla plus vite et plus fort, comme Justin le demandait, comme si le temps leur était compté, ou comme s’ils devaient rattraper leurs années de manque l’un de l’autre. Ses lourdes bourses - toujours pleines malgré les nombreuses vidanges - frappèrent sans cesse le fessier bombé alors que sa tige se plantait et formait une fois de plus son fourreau sur mesure; à croire que lorsque l’on fait la chose avec sa moitié, tout se découvre plus intense, plus sensible, plus excitant, plus parfait.



            Justin attrapa la main du brun et logea sa joue à l’intérieur. Il lécha les doigts qui vinrent frôler ses lèvres, creusa un peu plus son dos et ondula des hanches. Elias senti la rondelle qui se serrait, comprimait son épée, drainait presque hors de son généreux service trois pièces ce jus masculin, mais il se retint pour continuer son délicieux ouvrage dans la crevasse de son amant. Il tamponna plus sauvagement cette moelleuse brioche, sa deuxième main glissa entre les cuisses du châtain pour masturber allégrement le sexe raide. En un très court moment, ils jouirent ensemble, d’abord le châtain dont le corps se crispa des pieds à la tête, ce qui entraîna à sa suite le brun. Leurs cris mêlés furent suivis de la reprise de leur respiration alors, qu’encore emboîtés, ils s’allongèrent sur le lit.



Un peu plus tard dans la journée, ils virent des camions au loin traversant le village, puis un homme vint toquer à leur porte. Justin le reconnut sans qu’Elias lui dise quoi que ce soit. Grand, mince, effilé, un visage de poupée aux yeux remplis de désirs le dévisagèrent. D’abord surpris, le fameux Tim se montra heureux de voir les deux meilleurs amis réunis. Et encore plus quand il leur donna ce qui faisait sa joie et qui l’avait amené sans autre raison :



Les boschs sont partis ! La guerre est allée au loin !



Pour le remercier de la bonne nouvelle, ils ouvrirent une bonne bouteille, qu’ils partagèrent joyeusement et avec modération, tout en mangeant pour ne pas être trop grisé par la nouvelle. Le jeune homme les laissa cependant, ayant promis de rentrer rapidement à Montodine, une ville un peu plus au Sud. Dès que la porte se referma, ils s’embrassèrent, et cela réveilla leur libido débridée. Mais cette fois, le brun avait une toute autre idée en tête.



Fais-moi découvrir ce que c’est d’être passif.



Justin sourit, commença immédiatement à répondre à la demande de son cher et tendre, et débarrassa la table. Quoi de plus normal pour ces affamés que de prendre ce “repas” dans la pièce faite pour ? Ils se collèrent l’un à l’autre malgré la lourdeur de l’air, et leurs lèvres s’ouvrirent sur leurs langues coquines ou leurs dents, pour tour à tour lécher et mordiller leurs zones sensibles. Les tétons du brun, tout gonflés et attirant, se gorgèrent encore plus de même que son immense pine lorsque le châtain les titilla. Ce dernier s’allongea ensuite sur la nappe blanche et entraîna le brun à venir, d’abord pour lui têter le gland, puis devant son impatience, lui préparer la rondelle. Le brun s’installa à genoux, les mains au bord de la table, le fessier prêt à être dévoré, ses lourdes bourses sur le front du châtain, dont le corps s’arc-bouta d’excitation alors que sa langue perçait le petit bouton de chair intact et inviolé, qui allait lui appartenir… Ce moment incroyable où il dut se donner à fond encore plus, pour faire apprécier à son amant presqu’uniquement actif le vice italien… Sa langue travaillait avec ardeur sur la petite rondelle, salivait pour l’ouvrir, et le brun apprécia sa dextérité.



C’est aussi incroyable que quand tu me suces… y a pas à dire, tu es doué avec ta langue !



Justin laissa échapper un rire et se reposa sur la table, lança un doigt à l’assaut de l’anneau de son partenaire. Son autre main se mit à palper tout le corps du brun, frôla ses nerfs, saisit son sexe imposant. Un deuxième doigt glissa dans son intimité en douceur, et il perdit patience. Bien que la préparation ne fut pas si longue, il se trouva que son impatience pris le dessus. Il recula donc, frotta sa tige gorgée sur le corps du châtain et laissa un filet de pré-sperme tout du long, jusqu’à poser son bassin sur le sexe conquérant qui le rendait plus dingue que tout autre. Il s’empala seul sur la branche noueuse et dressée, le gland passa sans encombre, et la suite lui tira certes quelques douleurs, mais hormis quelques grimaces il ne broncha pas et continua les petits allers-retours pour se faire à ce nouveau désir envahissant. Puisque son chéri pouvait prendre la sienne à de nombreuses reprises, malgré sa taille très imposante, lui aussi devrait y arriver ! Surtout qu’une sensation de plénitude l’envahit progressivement, son intérieur vibrant de plaisir sur le pieu qui lui écartait les boyaux. Le bourgeon humide du châtain ne se raya pas contre son conduit, car celui-ci s’ouvrait à la tendre poussée. Ils furent passionnément en phase au moment où leurs peaux se rencontrèrent, les fesses du brun posées sur les cuisses du châtain. Ils continuèrent à prendre leur temps, savourant ce moment comme tous les autres, jusqu’à ce que le plaisir intense soit tel qu’ils explosèrent. Elias fut surpris mais aima au-delà de toute logique la sensation d’avoir le lait chaud de son amant en lui. Justin lui dit en souriant que lui aussi trouvait cette sensation exquise, particulièrement quand son gros sexe prenait possession de lui. Ce qui ne tarda pas : les années de frustration et de manque de l’autre, ajouté à une libido volcanique, fit qu’une autre journée passa sans qu’ils s’occupèrent de la ferme autrement que de manière expresse juste avant le crépuscule, et que la fraîcheur relative les fasse ensuite reprendre leur partage lubrique.


Un bruit les tira du lit en pleine nuit alors qu’il partageaient ce nouveau moment complice. Le vent apportait le bruit des cloches de Montodine, qui sonnaient à tout va; les nuages de fumée et les explosions se multipliaient, jusqu’à l’arrêt de l’alarme. Tout avait disparu en quelques minutes, rasé et broyé par les flammes de la guerre. À son tour, l’alarme se déclencha dans le village alors que l’approche de bombardiers venus du Nord se faisait entendre. Les deux hommes se regardèrent, la panique visible dans leurs yeux n’étant qu’un pâle reflet de ce que devaient ressentir ceux dans les maisons groupées, et fuyant désormais en catastrophe leurs vieilles demeures. Lancinante, pleine d’horreur, la lune éclaira un instant la campagne et la ferme alors que les avions venus de Montodine la survolèrent.



Vite ! Il faut aller voir au village pour porter secours ! Il reste encore quelques familles, le pharmacien, le vieux Gepetto !



Justin sentit ses genoux le lâcher alors que les premières explosions retentissaient dans leur village, que les flammes s’élevaient. Il ferma les yeux et se boucha les oreilles pour essayer d’échapper à cet effroi. Il ne voulait pas entendre. Trop de fois cela était arrivé, pourquoi aujourd’hui encore, pourquoi ici ? Lui revint en mémoire la première grande guerre, cela n’avait-il pas suffit ? En fallait-il réellement une autre ? C’est alors que le monde bascula et qu’il fut soufflé en arrière. Il ouvrit les yeux pour découvrir qu’il s’envolait plusieurs mètres en arrière, en même temps qu’une pluie de morceaux de pierres et de bois. La grange éventrée où il venait de rentrer s’écroula, et il hurla jusqu’à se vider les poumons. Son corps atterrit comme un tas de chiffons pêle-mêle sur les rosiers devant la maison. Les épines qui le griffèrent ne furent rien comparé à son coeur arrêté, et à la façade aux vitres brisées. Le pied tordu, il clopina pour observer les débris et tenter de trouver un indice de survie de son aimé. Mais la silhouette écrasée, à-demi calcinée fut ce qui l’acheva et dissolut ses intestins comme s’il avait avalé de l’acide. Les larmes roulèrent sur ses joues crasseuses, et sa bouche se tordit dans un cri silencieux.


Mais quand est-ce que cela prendrait fin ? L’Amour ne triompherait-il jamais totalement de la guerre et de la folie des hommes ? C’est ce qu’il se dit avant de voir un bombardier faire demi-tour vers le champ de ruine derrière lui. Que la maison tienne encore debout relevait du miracle et l’ennemi devait prendre cela comme un affront. Bientôt il entendit ce sifflement trop bien connu et qui venait de lui enlever ce qu’il aimait plus que tout; il se précipita dans le bâtiment pour être certain de suivre le même chemin que sa moitié. Alors que le sifflement se rapprochait au point d’en rendre fou, il hurla :


E...LI...AS !!!



Puis tout devint noir.



***

 

"Aucune reproduction, même partielle, autres que celles prévues à l'article L 122-5 du code de la propriété intellectuelle, ne peut être faite
de cette œuvre sans l'autorisation expresse de l'auteur".

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Job étudiant - Partie 1

Lost In Cocktown

Infos Lecteurs - Lien Paypal