Nuit agitée
Nuit agitée
Mon groupe d’amis sort du pick-up rouge brique, récupère ses sacs et se dirige vers le petit ranch en bordure de forêt. Vieillot, il fait penser à ces maisons à-demi en ruine, comme on peut en trouver dans des endroits perdus, où la moyenne d’âge est presque égale à celle de Mathusalem. Les montagnes cachées par les nuages sombres qui crachent une fine pluie glaçante semblent lointaines, nimbées d’un halo flou. Un vent balaie les arbres au loin et fait onduler le rideau de pluie.
– On était vraiment obligé de venir ici? C’est flippant !
– C’est toi qui a proposé des vacances à Seattle, Teddy ! Puis tu es trop habitué au soleil de la Californie, ça te fait juste bizarre un peu beaucoup de verdure et de la pluie la moitié du temps.
– Il fait froid alors qu’on est en plein été.
– On t’a dit de te couvrir. Tu vas pas non plus nous faire une overdose de verdure ?
La véranda nous abrite alors qu’un espèce de vieux shérif ouvre la porte et nous propose une bière avant une boisson chaude. L’intérieur est aussi vétuste que le propriétaire, et autant que l’extérieur le laisse présager. Mais c’est propre, et les canapés fatigués nous permettent de nous remettre de notre éprouvant voyage. Un nuage de poussière se soulève quand je me laisse tomber un peu brusquement, sous le couinement des ressorts.
– Y a pas d’ours par ici?
C’est encore Teddy qui parle en premier. Dire que ce petit bonhomme est un trouillard pourrait venir à l’esprit des gens qui ne nous connaissent pas, nous, ses amis. Toujours à le charier, à raconter des histoires effrayantes à ce doux rêveur; je ne crois pas qu’il ait jamais réussi à passer une nuit calme lorsque nous sommes dans les parages - et rien à voir avec le fait que notre groupe d’amis soit composé autant de gays que d’hétéros. Nous sommes huit : six garçons, deux filles, trois couples. Teddy et moi, pour le moment encore célibataires. J’ai cru que les deux demoiselles du groupe allaient essayer de nous mettre en couple, sous prétexte que l’on se ressemble, deux minets gays, mais ce ne fut pas le cas, à notre grand soulagement à tous deux; nous n’avons pas du tout les mêmes goûts quand il s’agit des garçons, et le minet roux, aussi mignon soit-il, ne me plaît pas plus que le gringalet blond que je suis. Théodore, Teddy pour les intimes, porte bien son prénom : doux, romantique, guimauve. Rien à voir avec les terreurs que notre groupe contient; et même si nous aurions bien aimé mettre Thibault et Dustin dans notre lit, bombes sexuelles et sportives, nous avons sans hésiter laissé à ces deux gentils mâles sexys leurs conquêtes féminines. Enfin, l’idée de partager un plan à trois ou quatre avec Newt et Austin n’a jamais été envisagée, malgré le sex-appeal de ces deux canons qui auraient pu se lancer en tant que mannequins de pubs pour sous-vêtements. Les photos de groupes sont toujours amusantes, entre le petit rouquin, le grand maigrichon, les quatre mecs sculptés et les deux filles aussi aguicheuses que leur petits copains respectifs. Parfois, les attirances ça ne s’explique pas.
Encore une fois, Dustin tente de calmer notre ami à l’imagination trop importante.
– Mais non y a pas d’ours, on est en été on risque rien.
Ce n’est pas l’avis de notre hôte, qui tousse en montrant la pancarte et les consignes à respecter pour éviter tout désagrément avec ces aimables plantigrades. C’est là que nous voyons également l’avis de recherche, et la panique commence à monter chez notre petit Teddy. En même temps, la photo prise montre un grand brun ténébreux, dont la tête avoisine le trait des deux mètres sur le mur de mesure.
– Arrêtes d’avoir peur, tout va bien se passer, on va te protéger. Puis regarde, c’est un avis de recherche d’Atlanta, qu’est-ce qu’il viendrait faire ici?
Je trouve toujours très amusante la relation fraternelle entre Dustin et Teddy. C’est grâce au blond que le petit a été intégré à notre groupe - et qu’il ne l’a pas quitté malgré nos blagues pas toujours sympathiques, comme la fois où nous l’avons fait visiter la maison hantée de la fête foraine, là où Newt a craqué sur son petit copain.
– La pluie s’arrête, on peut y aller !
– Et ben, Jessica ! Dire que tu as l’air pressée d’y aller, alors que tu as été la plus dure à convaincre !
– Plus vite on y va, plus vite on est revenu espèce de trouduc’. Et plus vite je peux me taper mon mec au bord de la piscine, au soleil, une fois rentrés.
– Ou qu’il t’annonce qu’il te plaque pour Mendy la chaudasse.
– S’il touche à cette trainée, même Maggy la moche voudra plus de lui!
Nous éclatons de rire, sauf Teddy. Sa gentillesse n’a d’égal que la bêtise et les vannes que nous avons entre nous et envers ceux que nous croisons. D’ailleurs, dès que nous sommes sur le chemin entre les arbres, Vanessa se plaint du “vieux plouc puant et sa pisse en bouteille”. Moi je le plains plutôt de ne pas pouvoir se trouver une bonne bière !
Le silence nous entoure, perturbant; probablement trop habitués aux bruits d’une ville, comme tout citadin qui redécouvre la nature, nous restons silencieux, en dehors des deux nanas qui piaillent. Les nuages ne se lèvent pas, teintant les bois de vert sombre. Après quelques heures de marche, c’est même un brouillard qui s’étire entre les troncs, tandis que les volutes grises dans le ciel recommencent à lâcher des gouttes glaciales.
– On va tous tomber malade, si on fini pas bouffés par un ours ou attrapé par le mec de l’avis de recherche.
– Teddy, arrête d’avoir peur ! On est loin d’Atlanta. Puis ça se trouve c’est un trafiquant de drogue. Avec ton imagination, et à cause de nous, tu vois des histoires d’horreur partout !
– Il a quand même pas tort, j’ai froid! On pourrait faire demi-tour et aller dans la vieille baraque en bois qu’on a croisé !
– C’était y a deux heures Jess ! On va monter les tentes sous ces arbres et s’abriter, puis faire un feu.
L’entraide est de mise, Dustin le plus doué - comme toujours - nous permet d’être à l’abri en deux temps trois mouvements. Par chance, les vêtements et sacs de couchage ne sont pas mouillés, contrairement aux provisions. Nous nous réchauffons comme nous pouvons, car l’humidité conduit à l’échec toute tentative de faire une bonne flambée; à deux dans la protection en tissu déperlant dans lequel nous passerons la nuit, nous écoutons le vent souffler.
– C’est lugubre, on a l’impression d’entendre quelqu’un hurler.
Teddy a raison, même si ce doit plutôt être les bourrasques entre les branches et les rochers qui sont à l’origine de ce bruit. Je le serre un peu plus fort contre moi pour apaiser ses craintes et utilise mon téléphone pour mettre de la musique, afin de chasser cette ambiance pesante.
Le soir arrive rapidement, sans que nous ayons avancé. La pluie qui s’est arrêtée a au moins permis de préparer un bon repas chaud et de chasser l’humidité qui saisissait nos os. Les étoiles apparaissent même entre les branches sombres, aux feuilles lourdes. L’air lui-même semble saturé. Mon téléphone rend l’âme au moment où Thibault choisi de lancer le concours d’histoires du soir. Que serait une veillée autour d’un feu de camp sans les traditionnels contes cauchemardesques, mais dont le seul à trembler réellement est Teddy ? Bercé par les mots, il tremble, frémit, hoquète de peur, malgré les bras rassurants de Dustin et moi autour de lui. Aujourd’hui, personne ne lui fait la blague de glisser une main glaciale dans son cou, l’ambiance suffit à lui faire peur au delà de ce que nous avons pu déjà voir. S’il réussi à dormir cette nuit, je reste célibataire jusqu’à la fin de ma vie !
Il tente d’ailleurs de faire fuir les peurs qui lui semblent tapies dans le noir, entre les buissons, en nous servant un bon chocolat chaud qui finit de nous réchauffer. Puis chacun se rend dans sa tente et se prépare à dormir - ou à passer une nouvelle nuit blanche dans le noir.
– Burt, j’ai entendu des pas…
J’aurais pu ne pas entendre le chuchotement du rouquin, s’il ne s’était collé à moi.
– C’est juste un animal sauvage Teddy, fait pas attention.
– C’était près des tentes!
Je soupire, prends son téléphone, branche les écouteurs et lui mets dans les oreilles. On a quand même été vache hier soir. Et je suis aussi vache de le laisser comme ça, pour me rendormir. Je le sens se tourner et se retourner plusieurs fois, avant que je ne m’endorme lorsqu’il s’immobilise, au moment où son fessier bombé a touché le mien.
Ce sont cette fois des cris qui me réveillent, et qui nous font sortir de la tente, au petit matin.
– Austin ! Austin ! Tu fais quoi bordel ! T’es où !
Newt, enroulé dans une couverture, court dans tous les sens autour de notre campement. Un peu plus tôt dans la nuit, son mec s’est levé pour aller pisser, et il n’est pas revenu. Insensible à la panique de mon ami, je jette un regard à Teddy, nous savons d’où venaient les bruits de pas qu’il a entendu. Mais partaient-ils de la tente ou y venaient-ils ? Nous nous habillons pour chercher dans les proches environs où a pu passer le crétin de service. Ce n’est pas très gentil, mais s’il avait pris une lampe pour éclairer son chemin, il n’aurait pas eu de soucis pour nous retrouver…
Par groupes de deux, nous quadrillons un secteur de plus en plus large, sans trouver aucune trace de notre ami. C’est comme s’il s’était volatilisé sans laisser aucune trace ! Malgré les nuages sombres qui nous empêchent de voir parfaitement à travers les buissons, il ne pleut pas. Mais plus les heures avancent, plus le stress que tente de contenir Teddy me contamine.
– AAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHH !!!
Le hurlement d’une des filles au loin nous pétrifie sur place. Teddy regarde dans tous les sens, comme une proie qui doit décamper à toute allure. Je le prends par la main et le tire dans le sens inverse de là où il voudrait aller : on ne va pas laisser notre amie crier à s’en déchirer les cordes vocales !
Nous rejoignons tous en même temps Jessica, en panique, qui repart directement d’où elle est venue en criant à l’aide. Nous la suivons comme nous pouvons, essayant de comprendre en même temps qu’elle pleure le problème, qui semble venir de son petit copain :
– Il est tombé dans un piège à ours ! Un truc… qui se referme ! Faut le sortir de la avant qu’il soit…
Un claquement un peu plus loin, suivi d’un craquement la fait hurler et elle s’arrête. Je continue pour voir et découvre le trou dans le sol, des murs en piques resserrés autour des restes sanguinolent de ce qui devait être Dustin. La tête me tourne et mon estomac se soulève, je tombe à genoux et crache une bile acide. Même si les autres n’ont pas eu une telle réaction - tous ne se sont pas approchés comme moi - ils sont pâles et tremblants. Thibault berce Teddy en lui murmurant “je suis là” sans discontinuer, l’air perdu et hagard. Vanessa et Newt repartent vers le campement en suivant nos traces de pas, décidés à aller chercher des secours, nous les suivons en soutenant Teddy et Jessica. Le brouillard les avale.
La respiration sifflante, j’avance l’esprit vide. Je ne sais lequel d’entre nous est le plus en état de choc. Nous n’avons pas le temps de nous reposer qu’un autre hurlement retentit devant nous, puis un autre. Nous bondissons et courons le plus vite possible pour trouver une véritable boucherie : Vanessa totalement vidée de son sang, le ventre probablement ouvert, la tête dans le dos, dans le reste lacéré d’une tente. Le reste de notre équipement est dans le même état, en dehors du sac à dos porte-bonheur du petit être en guimauve, qui s’y accroche de toute ses forces, les jointures aussi blanches que le teint.
– Qu’est-ce qu’on fait?
– Nos portables n’ont aucun signal. Mon mec est mort, ta copine, et nos deux amis je préfère pas imaginer ! On est foutu !
– Thibault, j’ai peur.
– Il faut qu’on retourne voir le garde-forestier. On reste groupés, ça va aller.
J’aurais bien envie de le croire, mais je sais bien que son assurance est fausse. Il tente juste de ne pas paniquer pour Teddy.
Nos quelques possessions récupérées, nous avançons sur le chemin, regardant dans tous les sens, comme traqués. Chaque souffle de vent entre les branches nous semble un ricanement ou un cri; nous sursautons au moindre craquement, même lorsque nous marchons sur une branche, nous attendant presque à voir un os, ou un piège mortel.
Nous retrouvons rapidement la bicoque en ruine que nous avions vu à l’aller. Dans le brouillard, elle est lugubre à souhait. Les volets grinçants à la limite de se décrocher, les marches pourries, les fenêtres sales; une vraie maison hantée ! Le toit à-demi effondré laisse passer le vent de manière lugubre, il n’y a que la porte d’entrée qui semble tenir correctement sur ses gonds.
– Burt… y a de la lumière dans la maison !
Horrifiés, nous suivons le regard du rouquin jusqu’à une lucarne au ras du sol. C’est là que le visage de Newt y apparaît :
– A l’aide !!! Aidez-moi !!! Il veut me…
Une main attrape l’arrière de sa tête et la frappe violemment contre le rebord, avant de le tirer en arrière. Cette fois, c’est Teddy qui hurle et s’enfuit en courant. Nous ne tardons pas à prendre à notre tour nos jambes à notre cou.
La forme de mon ami est floue devant moi, je ne me retourne pas pour savoir si Thibault et Jess me suivent. Pour la première fois depuis longtemps, je ressens ce qu’est la peur, la vraie. Je cours, je ne veux pas mourir. Plus rien d’autre ne compte. Mon ventre me fait mal mais je continue. J’entends quelques bruits étouffés par l’épaisse purée de pois, j’espère que ce sont les pas de mes amis à mes côtés.
Soudain une trouée entre les arbres me fait espérer avoir retrouvé la cabane à l’entrée des bois. Je ralentis, et c’est là que je me prends un espèce de filet qui s’enroule autour de mes jambes. Je m’étale, ma tête heurte le sol. Sonné, je vois un homme gigantesque approcher, un masque sur le haut du visage. Seul son grand sourire carnassier est visible, ce qui est suffisant pour me faire froid dans le dos. Je tente de ramper, groggy, mais je suis aisément rattrapé.
– Tu ne comptais quand même pas m’échapper ?
Mes jambes sont soulevées et je me fais traîner en arrière, pris au piège, incapable de me retourner ou de me défendre, me cognant à toutes les branches au sol. Ma gorge ne laisse échapper qu’un gargouilli étouffé, j’essaie vainement de m’accrocher aux racines, sans succès. Après un énième choc contre une pierre, ma volonté cède et je rejoins l’obscurité.
Je reprends conscience avec un mal au crâne, qui devient rapidement le dernier de mes soucis, puisque me reviennent en mémoire nos récents évènements, et la position très inconfortable dans laquelle je suis. Les mains au-dessus de la tête, les bras tirant sur les épaules, j’ai froid. Je remarque que je suis torse nu. Puis une fois que j’observe autour de moi, je vois que je suis pour le moment le mieux loti : dans ce qui doit être la cave, à l’odeur de putréfaction mêlée de pourriture, je vois Jessica accrochée, telle une de ces carcasses de jeunes génisses sur un crochet d’abattoir - le comble pour une vegane, d’être traitée comme un bout de viande. Newt quant à lui a le visage cireux et sexe tranché, mis dans la bouche, alors qu’il baigne dans un tonneau rempli de ce qui doit être son propre sang. Thibault, me regarde paniqué, un bâillon sur les lèvres, dans la même posture que moi. Son torse est couvert de griffures récentes, et même quelques morsures. Puis je vois Teddy. Ce pauvre Teddy, le corps couvert de bleu et de rouge, nu sur une table, à l’autre bout de la cave en terre battue. Son magnifique fessier est zébré de traînées sombres, comme des marques de ceintures sanguinolentes, tandis que son intimité semble couverte d’un liquide blanc. Bras et jambes accrochés au meuble, il sanglote étrangement, alors que le liquide blanchâtre lui coule le long des cuisses. J’essaie de l’appeler :
– Mmmm mmmh !
Il tourne la tête vers nous, comme il peut, et je découvre avec horreur son visage tuméfié, les traces de larmes effaçant la saleté sur ses joues, tandis qu’il a la bouche maintenue ouverte par un écarteur de machoire. Je me prends à envier Dustin et sa mort rapide. C’est vrai que dans les films que nous avons pour habitude de voir, ceux qui restent un peu plus longtemps n’en souffrent que plus…
– Et bien et bien, je vois que tout le monde est réveillé! J’espère que vous êtes bien installés.
J’arrive à faire glisser le tissu de devant ma bouche et crache dans la direction de l’homme sur l’escalier :
– Qu’est-ce que vous nous voulez, espèce de malade ?!?
Je me fais fusiller du regard. En deux enjambées, il s’approche de moi :
– Je pourrais te faire craquer les os un par un, petit merdeux !
– Hahan, haiher le hranquilhe hil vous hlait, hitié.
Le grand brun se tourne vers Teddy qui tente d’articuler, malgré la douleur :
– Hil vous hlait, hil vous hlait…
– Mais oui, je vais bien m’occuper de toi…
Je tremble encore plus, la rage contenue dans la voix de ce fou est devenu un espèce de désir, et il s’approche de la table. Il pose doucement ses mains sur les fesses incroyablement bombées et les caresses, alors que les hanches bougent pour tenter d’échapper à son toucher.
– Laissez-le tranquille !
– Ah oui? Tu préfères prendre ça ?
Je vois le mec déballer un sexe monstrueux, comme je n’en ai vu que chez certains acteurs pornos. En un sens, il est en accord avec son physique : grand, large, puissant, de la base au gland. Les yeux exorbités, la bouche qui se décroche, je le vois se glisser d’un seul coup en intégralité dans l’intimité de Teddy d’un grognement. Puis, tel un animal en rut, il le prend sans ménagement, malgré les cris de douleurs et les pleurs du rouquin. Les muscles de son dos se contractent, j’imagine son torse imposant ruisselant de sueur, alors qu’il brame de plus en plus, jusqu’au rugissement qu’il pousse en se libérant dans mon ami. Puis il se retire, j’ai mal pour le rouquin; je ferme les yeux pour ne pas voir, mais j’entends quand même la suite, les bruits d’un mec qui s’étouffe sur un sexe titanesque, le son d’une gorge profonde forcée.
– Aaaah, ça c’est un bon bébé. Je vais pas te tuer tout de suite, qu’on puisse encore s’amuser tous les deux.
J’entends le zip d’une fermeture éclair, et des pas lourds.
– Par contre qu’est-ce que je fais de vous? Je vous baise jusqu’à être satisfait ?
Je rouvre les yeux, complètement terrorisé, et les dirige sur son entrejambe, encore gonflé après ce qu’il vient de faire. Ce mec est réellement une bête en rut !
– Allez, viens ici toi, t’es plus mignon que l’autre.
Il défait les chaînes de Thibault, toujours menotté, et le tire sans ménagement. Malgré la force du jeune sportif, celui-ci ne peut rien contre le titan qui l’emmène en dehors de la cave. Rapidement, des cris résonnent, et je me mets à pleurer. Je ne veux pas mourir ! J’ai l’impression de devenir fou, d’entendre la chair se déchirer, les os craquer, alors que les cris continuent, parfois plus fort, parfois étouffés.
Des mains fraîches qui se posent sur mon corps me font ouvrir les yeux. Les poignets ensanglantés autant que les chevilles, Teddy se penche sur mes jambes attachées. Habillé à la hâte des fringues de Jess, il farfouille sur la serrure. Une épingle à cheveux et une tige en fer en main : j’avais oublié qu’il était devenu un as du “cambriolage” pour se venger de nos blagues - quelle meilleure vengeance que de planquer un énorme gode dans le casier de Newt après une nuit cauchemardesque, qui, lorsqu’il l’ouvrit, repris sa droiteur en biflant au passage le propriétaire dudit casier… Toujours est-il qu’aujourd’hui, il me sauve la vie. Et même si nous nous prenons un peu de verre dans les genoux en fuyant par la lucarne, cette fois nous restons groupés, sûr de nous échapper alors que les cris résonnent encore longtemps derrière nous, nous poursuivant même lorsque le silence est uniquement coupé par notre course et nos respirations.
C’est avec soulagement que cette fois nous retrouvons la cabane du garde-chasse. Nous nous précipitons dedans et barricadons la porte. Mes bras tremblent, je ressens une bouffée d’espoir.
– Trop tard, le loup est déjà là…
Je hurle en reconnaissant cette voix, je me recroqueville, mes bras devant mon visage pour me protéger. Mais rien ne se passe, en dehors des respirations dans la pièce. Des?
J’ouvre les yeux. Tous mes amis sont là, en vie. Le grand brun meurtrier aussi.
– Surprise !
Teddy va se blottir dans ses bras. Il le regarde et l’embrasse. C’est là que je remarque que son cocard coule. Jessica s’avance et lui tend du coton et du démaquillant, et l’aide même à effacer les traces de “blessures”. Devant mon silence choqué autant que plein d’incompréhension, tandis que les autres fixent le géant brun avec une légère peur dans le regard, Teddy se tourne vers nous :
Dustin éclate de rire, alors que j’en tombe sur les fesses.
Dustin rigole encore avec le rouquin, tandis que mes autres amis semblent soulagés. Je n’en mène toujours pas très large, le grand Franck m’aide à me relever, vérifie que je tiens sur mes jambes encore tremblantes
– Mais alors, quand il t’a
pénétré sauvagement… et Thibault…
– Vous étiez dans les vapes, il m’a bien préparé, et ensuite ça rentrait tout seul ! Après je préfère quand c’est plus doux hein.
– Désolé mon coeur. Viens, je vais te faire un gros câlin et te donner plein d’amour.
– T’excuses pas, c’était mon idée chéri! Et pour Thibault, c’était un enregistrement.
Les deux se serrent dans les bras l’un de l’autre et s’embrassent. Ma tension redevient à peu près normale. Dustin tape dans le dos du nouveau couple :
– Ahlala, notre petit Teddy a trouvé son nounours ! En tout cas merci pour ce super week-end ! On s’en souviendra longtemps !
Ah ça oui ! Pour ma part, je ne crois pas que je vais regarder un film d’horreur de sitôt…
***
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