Un problème de taille ?


 

Un problème de taille

 

            Le soleil se couche doucement sur le petit appartement. Au dernier étage d’un vieil immeuble, calme malgré une rue commerçante, le jeune homme attend son rendez-vous en prenant soin de ses plantes vertes. La canapé impeccable, dans un coin de la pièce surchargée, contraste avec la table couverte de petits plats, à côté d’un grand comptoir sur lequel reposent une demi douzaine de colocataires immobiles de toutes les tailles.

            Un œil non averti ne saurait dire s’il attend quelqu’un pour une soirée amicale, ou pour une soirée romantique. L’abondance des plats surprend lorsqu’on remarque les deux seuls couverts mis. Aussi impeccable et soigné que l’organisation végétale, le jeune homme tourne en rond; bien coiffé, sa chemise rentrée dans un pantalon très légèrement moulant - ou est-ce son postérieur qui est bien rebondi - il vérifie une énième fois sa table, puis soupire. Il se saisit de son téléphone et le regarde d’un air désespéré, en l’attente de nouvelles qui ne viennent pas.

            Des bruits de pas résonnent soudain dans l’escalier aux vieilles marches en bois. Il se précipite sur la    porte, l’ouvre, tout sourire. Son voisin de palier le salue, surpris. Il lui répond avant de refermer le battant, une moue déçue sur les lèvres.

            Quelques minutes s’écoulent avant qu’à nouveau grincent les escaliers, mais il ne s’en aperçoit pas, occupé à changer de musique. Il bondit sur place lorsque quelques coups secs signalent une présence. Un clignement de paupière et le voilà à ouvrir son cocon à un grand brun qui semble aussi heureux de le voir. Ils se font la bise immédiatement, à peine le battant repoussé, avant de se saluer :

            – Bonsoir Thomas ! Tu en as mis du temps !

            – Bonsoir mon p’tit rouquin. Oui, il y avait la queue chez le doc’. Si y a tout le temps des heures d’attente, moi j’y retourne pas ! Je préfère m’amuser des heures avec une autre queue.

            – En même temps, quelle idée d’aller voir un sexologue…

            Le rouquin se détourne et glisse dans le coin cuisine, où deux personnes peuvent tenir côte à côte sans bouger. Les plaques de cuisson réchauffent l’un des nombreux plats du festin, alors que le brun se met à l’aise. Son blouson de cuir et son casque rejoignent le grand meuble à chaussure qui fait aussi office de porte manteau. Il s’étire et bande les muscles avant de se laisser tomber dans le canapé. Puisque le rouquin regarde ailleurs - plus précisément dans son wok -, il en profite pour replacer la bosse entre ses cuisses, qui prend du volume, les prunelles fixées sur son hôte.

            – Bon, t’as parlé de quoi avec le sexologue? T’as trouvé d’où vient ton blocage?

            – Tu devrais aller le voir aussi, c’est pas normal de pas avoir envie de sexe. T’as aussi un problème.

            – J’y peux rien moi, les mecs me donnent pas envie ! Je sais pas comment tu faisais sur les applis toi, mais en dix minutes ils me dépriment ! Tous des chiens en chaleur, qui ne pensent même pas au plaisir de l’autre, et à se connaître un minimum avant de conclure.

               Il se baisse pour ramasser une cuillère, l’autre n’en perd pas une miette :

T’as peut-être pas bien cherché. Puis si tu veux quelque chose de plus réel, c’est sûr que c’est pas comme ça que tu vas trouver. Faut regarder autour de toi.

J’ai pas spécialement envie. Je suis bien là. A table !

Avec un grand sourire, il amène deux assiettes fumantes et s’installe face à son invité. Ils se fixent, leurs prunelles d’un chocolat intense, comme hypnotisées l’un par l’autre, avant que les gargouillements des estomacs ne les rappellent à l’ordre.

Bon appétit !

La musique seule perturbe le silence alors que les fourchettes vident les plats, qui disparaissent à vue d'œil malgré les quantités. Comme on dit, un bon hôte connaît à l’avance l’appétit de ses invités.

C’est délicieux béb… Valentin. En tout cas, excuse-moi de pas t’avoir amené de plante, le fleuriste était fermé quand je suis sorti de la consultation.

Rhooo, c’est rien, l’important c’est que tu sois là. J’ai cru que tu n’arriverais jamais, passé huit heures.

Je ne pose jamais de lapin, surtout à mon rouquin préféré !

Le plus petit des deux tire la langue à l’autre :

Vilain flatteur, je suis ton seul ami roux.

Et alors!

Ils éclatent de rire, puis le rouquin Valentin se lève pour chercher le dessert au frigo. Quand il se rassied, Thomas le félicite encore une fois sur ses talents culinaires, avant de le charrier, comme souvent.

Mais en fait si tu aimes pas le sexe, c’est quoi ton genre de mec et ce que tu aimes?

Euuh, je sais pas, calin, gentil, drôle !

Comme moi quoi !

C’est beau de rêver ! Laisse moi deviner, t’as dit au sexologue que tu ne trouvais pas de mec à cause de la taille de ton truc, alors que tu te vantes que tous les mecs en sont dingues?

T’aurais dû voir sa tête ! Il a fixé mes cuisses comme si mon fute allait exploser! Et c’est vrai que tous ceux qui y ont goûté ont adoré. Juste, j’ai plus envie de plans comme ça, je veux du sérieux. Et là ça devient un handicap.

Un nouveau silence s’installe entre les deux garçons; lorsque le rouquin se lève pour laver la vaisselle, le brun proteste, l’attrape, mais il lui échappe et argumente qu’il est l’invité. Pas de tâche ménagère pour lui, donc. Il soupire et laisse le petit elfe de maison s’occuper de tout, pendant qu’il cherche un film pour terminer la soirée. Une fois trouvé, il patiente et tapote la place à ses côtés dès que le rouquin repose l’éponge. Ce dernier se laisse même enlacer innocemment par un grand bras qui glisse sur ses épaules. Il s’installe confortablement contre son coussin vivant.

Thomas a-t-il fait exprès de mettre le film le plus ennuyeux qui puisse exister? Rapidement le rouquin se détourne et commence à discuter, sans sembler remarquer que leurs doigts se sont croisés. Sage comme un ange, le grand brun parle de tout et de rien, avant de revenir à un sujet qui l’intéresse plus, de manière peu subtile :

Mais du coup toi en fait t’as jamais vraiment testé avec un mec qui prenait soin de toi?

Hum, qu’est-ce que tu veux dire?

Baaah, un mec qui prend son temps sur les prélis. Puis qui fait en sorte que tu prennes ton pied quoi. Qui commence par te faire des câlins, t’embrasse, te caresse, et te laisse monter dans le plaisir.

Mmmh, pas comme ma première et seule fois quoi.

Le rouquin se lève sur ces quelques mots et disparaît dans la salle de bain, sans se rendre compte du garçon tourné vers lui, une main qui descendait subrepticement et des lèvres tendues. Plusieurs minutes s’écoulent avant qu’il réapparaisse :

Tu dors ici ? Il est tard.

Un sourire ravi s’inscrit sur le visage du brun, qui susurre l’air coquin :

J’allais te le demander. Je viens dans ton lit j’espère, héhéhé.

Eh non, tu vas dormir dans le canapé que j’ai pas eu le courage de laver !

Petit comique ! En parlant de laver je peux prendre ma douche ?

Oui, tu connais la maison! Oublie pas ta serviette comme la dernière fois.

Le grand brun sourit alors que les joues du rouquin se colorent.

Tu peux venir avec moi si tu veux, je ne ferme pas la porte.

Je suis déjà tout propre, merci…

Je n'en doutais pas, t'es toujours impeccable de partout, j'en suis sûr.

Son regard est masqué par le grand tissu éponge qu'il reçoit en pleine figure. Il disparaît alors dans la salle de bain. Pendant sa - rapide - ablution, son ami se change prestement, à l'abri dans la chambre.

Quand Thomas sort de la pièce embuée, un simple boxer sur son service masculin généreux et bien moulé, il découvre son ami déjà couché, pyjama caché par les draps. Sans protester sur l’heure prématurée pour se coucher à laquelle est habitué le rouquin, il se glisse dans le lit, déjà réchauffé par la bouillotte humaine qui s’y trouve.

Sous le tissu, et dans l’obscurité, sa pine d’étalon n’est pas visible. Il la place discrètement de côté avant de se positionner sur le dos et d’attirer le rouquin contre lui. Un oeil averti remarquerait immédiatement le surplus de volume dans le sous-vêtement qui contient à grand-peine la pine raide. Valentin, non. Collé à Thomas, on l’entend presque ronronner de ce câlin avec caresses. Le brun profite innocemment de cet état pour glisser de plus en plus bas sur le corps du jeune minet.

La protestation arrive lorsque la main se pose sur les fesses bombées; un vague grommellement sort de la bouche du rouquin, qui semble être dans un autre monde. Thomas n’y prête pas garde, et continue son jeu. La main remonte le long de la colonne vertébrale, puis descend entre les deux hémisphères pommelés. C’en est trop pour Valentin, qui se redresse, en posant une main sur le ventre de Thomas. Un silence s’installe, alors que la main réalise qu’elle n’est pas seulement posée sur des abdos.

La main de Thomas recouvre celle, plus petite, de Valentin. Il lui fait palper la bête, de son berlingot gonflé et humide, jusqu’à ses deux grosses noix. Plusieurs fois, le rouquin lâche l’épais mandrin, mais glisse à nouveau ses doigts dessus, comme s’il n’y croyait pas.

Mais…

Un simple mot franchit ses lèvres, avant que celles du brun ne se déposent délicatement dessus une seconde. Ce dernier murmure alors à son oreille :

Quoi? Vas-y, touche, soit pas timide. J’ai tellement envie de me branler, pas toi?

Aucune réponse ne lui parvient. Il décide alors de tenter le tout pour le tout et lance sa main à l’exploration de l’intimité du rouquin.

Mais je t’excite !

D’une petite voix, Valentin lui répond :

Quand tu as commencé à me caresser, ça m’a fait de l’effet…

Il n’en faut pas plus pour que Thomas se mette à dévorer les lèvres du rouquin et l’installe sur lui. D’un geste expert, il ôte son boxer - qui ne servait de toute façon plus à grand chose - puis déshabille son amant. Sa bouche glisse sur la peau tendre et douce comme un abricot, les doigts glissent au bas des reins du rouquin. Il tremble, partagé entre peur et désir; les deux sexes turgescents s’entrechoquent d’autant plus. Il faut les deux mains de Valentin pour les saisir ensemble et les branler, mais le résultat obtenu est un soupir de plaisir commun.

Rassuré par la tendresse du grand brun, autant qu’excité par ses mots pervers, il se prend petit à petit au jeu de la séduction. Il empoigne plus franchement les attributs très virils de Thomas, et réclame des baisers à tout va tandis qu’il ondule du bassin.

Soudain Thomas se soulève et le retourne comme une crêpe. C’est désormais lui qui ondule, frotte les barres rigides l’une contre l’autre. Il murmure même au roux un peu perdu de lever légèrement sa cuisse; les grosses boules s’appuient dessus, ce qui excite encore plus le brun. Leurs lèvres ne se décollent plus que pour prendre une grande inspiration ou se parler tendrement.

Cependant Thomas semble vouloir un moment un peu plus chaud encore. A force de persuasion, il réussi à amener le rouquin entre ses cuisses après avoir installé une lumière tamisée : en effet rien n’est plus effrayant que d’imaginer la taille des objets dans le noir - même si dans ce cas, la lumière ne rétrécit pas le tronc majestueux du jeune homme plein de sève. Maladroitement, tout du moins au début, il se fait lécher le dard comme un cornet de glace. Zélé, et encouragé par le grand pervers, Valentin s’enhardit et s’occupe avec de plus en plus d’aisance du format généreux. Et s’il reste silencieux, le regard affamé de Thomas ne cache rien de ce qu’il pense et aimerait dire, à savoir des “tu aimes ça bébé?” et “tu te régales, coquin”, et même encore plus osé mais il ne faut pas pousser trop loin.

Il ne peut en effet pas trop se plaindre, après des lustres à le chauffer, et à devoir utiliser sa main : sa dragée profite de la chaleur d’une bouche adroite, qui doit certes se perfectionner, mais qui se débrouille plutôt bien pour une première fois, avec un tel défi; il complimente d’ailleurs son ami et lui caresse les cheveux. Puis il lui propose un changement de position, après l’avoir attiré pour l’embrasser encore - précaution indispensable pour s’accorder les faveurs du rouquin.

Mais malgré tout, une fois en soixante-neuf, il n’a pas la possibilité de jouer avec les belles brioches pommelées qui sont sous ses yeux. A peine approche-t-il ses doigts, après avoir tenté d’y mettre la langue, que Valentin tente de s’échapper. On ne peut toutefois pas lui en vouloir de préférer ne pas se faire perforer par un tel mandrin dès la première expérience sexuelle.

Il consent cependant, après mille suppliques à se poser sur le ventre et à laisser Thomas se branler entre ses fesses; la sauce est rapidement larguée, la courbure de ces monts du plaisir étant suffisante pour serrer la pine épaisse. Mais quand il se relève et tente d’amener Valentin contre lui, celui-ci reste immobile, comme honteux, la tête dans les coussins.

Bébé? Qu’est-ce qui se passe?

La voix un peu étouffée, il répond :

T’as une serviette?

Dès que Thomas se tourne il bondit sur ses pieds et tente de cacher les traces, peine perdue :

Mais… je t’ai fait jouir à être sur toi? Faut pas être gêné, t’as pris ton pied ! Moi j’ai adoré!

Tu m’en as mis partout… puis je suis quoi d’accepter tout ça?

Mon petit copain. Et gay. Rien d’anormal quoi. Allez, viens sous la douche, je vais te nettoyer.

L’air de minet perdu semble avoir raison de la perversité du grand brun qui devient guimauve. Sous le jet d’eau chaude, il le caresse tendrement, frotte son dos et la dizaine de longues traces blanches. Les mots d’amour sont mêlés de conseils avisés, de “faut pas avoir honte d’aimer le sexe”, “l’Amour est beau sous toutes ses formes”, et “faut se laisser aller à ses envies”. Le nounours se garde bien cependant de trop coller son doudou, car lui bande à nouveau.

En silence ils se rincent, se sèchent et rejoignent le lit, nus. Ils s’approchent, s’embrassent, puis Valentin se tourne vers la gauche, dos à Thomas - une meilleure position pour la digestion, non pas qu’il lui fasse la tête.

Aucun des deux ne bouge, croyant l’autre endormi. Une main sur ses abdos, Thomas tente de réfléchir à ce qu’il a pu rater, qui a effrayé son ami. Est-ce son “handicap”, qui effraie tout garçon trop sage? Ou lui-même, qui s’est montré trop empressé, presque sauvage? Ses doutes volent en tout cas en éclat lorsque le rouquin qu’il croyait endormi se blottit contre lui et demande d’une petite voix :

Dis, tu veux vraiment que je sois ton copain? J’ai envie de toi, d’apprendre tout ça… mais j’ai peur.

Bien sûr ! On prendra tout le temps qu’il faut mon bébé. On suivra tes envies, tout en douceur.

Et pour prouver ses dires, Thomas amène son petit copain sur lui, l’embrasse avec tant de force qu’il gonfle une fois de plus. S’ils continuent comme ça, la nuit risque d’être courte…

* * *

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Commentaires

  1. Encore un texte tout mignon, tout respectueux de l’autre, merci à toi pour le plaisir donné, et bisous affectueux de mamie

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