(Re)découvrir un nouveau monde
(Re)Découvrir un nouveau monde
Dès que je l’ai vu, il m’a charmé. Je faisais une course dans les beaux quartiers proches du palais royal, quand j’ai entendu jouer de la mandoline. De manière hésitante, comme si celui qui l’avait en main ne savait pas s’en servir. Etonnant, quand on sait que ceux qui vivent ici emploient des valets tels que moi pour les distraire.
Je me suis donc approché, guidé par les notes, et j’ai délaissé pour un moment ma livraison, afin d’observer le musicien en herbe. C’est là que mon coeur fut volé. Un beau jeune homme, un Prince comme je le sus après, se tenait à son balcon, pinçant les cordes d’un instrument au bois clair. Sa peau, plus hâlée que le bois, donnait un teint éclatant à ce damoiseau, qui devait tout juste atteindre l’âge d’homme. Ses cheveux cuivrés flamboyaient sous le soleil, son visage délicat et masculin entraîna chez moi une érection proéminente; j’imaginais déjà ce visage innocent découvrir les plaisirs de la chair en ma compagnie, ses lèvres charnues dont je ne doutais pas de la chaleur exquise s’enrouler autour de mon épieu viril. La réalité se rappela à moi lorsque les notes s’arrêtèrent, et je restais un bras ballant, l’autre occupé à soutenir le paquet sur mon épaule.
Son regard était fixé sur moi. Sombre, comme deux olives noires pétillantes de vie. Je le laissais observer le gueux devant sa maison sans rien dire, lui permettant d’apprécier ma taille, le biceps gonflé, le torse à l’étroit dans une fine tunique de travail, un pantalon de marin moulant outrageusement mon généreux organe. Loin de le faire se détourner, ce petit continua de me zieuter : quelle chance pour moi ! je l’attire autant qu’il m’attire ! Il n’y a plus qu’à esquiver les gardes, serviteurs et parents - ces derniers probablement pressés de le marier à un bon parti féminin - pour cueillir la belle plante qui fleurit là-haut.
– Comment t’appelles-tu ?
Je n’ai pu résister à l’envie d’entendre sa voix, que je puisse me faire une idée des gémissements qu’il poussera. Plus la voix est grave, plus ils couinent comme des femmes de petite vertu…
– Valentino Cuoredolce. Et toi ? Qu’est-ce que tu viens faire par ici ?
La douceur de sa voix me donne des frissons; cette fois, j’imagine de tendres mots prononcés à mon égard, plus que les habituelles demandes. J’en ai envie également. Mais je suis conscient de la différence sociale entre lui et moi…
– Tomasso Sifredi, votre honneur ! J’apporte un paquet des forges.
Je le vois lever la main et les yeux au ciel à la marque de respect que je lui ai donné. J’espère que je ne me suis pas trompé, et que ce charmant jeune fortuné ne fait pas partie de l’élite qui aime louer les services d’hommes à tout faire pour les besogner…
– Tu es forgeron ? C’est pour ça que tu es si… imposant ?
Mes soupçons s’envolent immédiatement. Ce petit prince est un oiseau en cage qui en a marre de supporter les courbettes, et qui découvre pour la première fois la vie hors de son palais doré…
– Non, même si en ce moment je loue mes services en attendant que mon bateau reparte ! Il faut bien que j’aie de quoi manger.
– La vie est chère ?
– Plutôt oui ! Tu n’en sais rien toi, de ta tour d’ivoire, le monde est à tes pieds. Tu fais partie des puissants pour qui tout est dû, et pour qui les petites gens travaillent.
– Mais je n’y peux rien moi… en plus je ne connais pas le monde.
– Valentino, ne reste pas à la fenêtre, tu dois te préparer pour les fiançailles de ton cousin.
Je vois mon beau rouquin soupirer et me regarder désespéré. Alors je tente le tout pour le tout :
– Prévois cinquante lires et je reviens ce soir, minuit.
Je tourne les talons, certain qu’il m’a entendu. Il veut découvrir le monde ? Je m’en charge !
À l’heure convenue, je retrouve le palais de mon beau minet, sur lequel je me suis renseigné. Sa mère, une des soeurs d’une des têtes couronnées de Florence, est aussi veuve; prince sans grande chance de régner, le bel éphèbe se fait couver par sa mère comme une poule ses petits, inquiète pour la prunelle de ses yeux au moindre éternuement. Au-delà de cette couvade un peu étouffante pour le jeune homme en besoin de liberté, j’ai entendu dire qu’elle lui donne tout ce qu’il désire, et même plus. C’est pourquoi elle attend, avec force impatience mais sans le montrer, le jour où son enfant se décidera à prendre une épouse. Elle ne le sait pas encore, mais je compte bien lui voler son bien le plus précieux. C’est pourquoi, à l’heure du crime, je me promène vêtu d’une cape, une corde sous le bras.
Dire que kidnapper le jeune prince fut un jeu d’enfant n’est pas exagéré, surtout quand on pense à la facilité avec laquelle j’ai pu le convaincre de me suivre, moi, un parfait inconnu de la plèbe. Mais, voyant son air heureux et le sourire avec lequel il me regardait, j’ai décidé de ne pas m’occuper de son cas dès le premier soir - et pourtant, Dieu sait que son fessier aurait de quoi damner un saint. Un visage d’ange sur un corps que même les statues grecques pourraient envier… je remerciais la bonne étoile de m’avoir placé sur son chemin, et qu’il me fasse confiance. Et je retins donc mon érection et l’envie de le chevaucher comme une bête en rut pour lui faire découvrir la vie, la vraie, celle que connaissent les trois quarts de la population.
Dire que j’ai profité de son argent est exact, mais seulement pour me remplir l’estomac; il n’a pourtant pas rechigné à mettre la main à sa bourse pour découvrir les mille et une facettes de la vie nocturne. A tel point qu’après cette nuit incroyablement agréable, j’ai eu envie de lui faire découvrir plus. Tous les jours, ou toutes les nuits suivantes, j’ai continué à l’emmener dans tous les coins de Florence, dont chaque rue m’est familière. Ses beaux habits camouflés par la cape, il passe pour un commerçant accompagné de son garde du corps !
Plus les jours passaient, plus je redoutais le moment où, la cale du navire réparée, j’allais devoir reprendre la mer. Je n’avais plus qu’en arrière-plan mes idées de le mettre dans mon lit, ou me glisser dans le sien. Je voulais passer mes jours à lui montrer ce qu’il ne connaissait pas, de la préparation du pain chez un boulanger en passant par le travail du verre. Et surtout voir son sourire, ses yeux pétiller, et entendre son rire ! Quel son merveilleux ! Hélas, c’est ce qui arriva.
– Valentino ?
Assis au bord d’un muret pour observer ma boussole, il leva les yeux vers moi. Son carnet de notes, plein de croquis et de ce qu’il a pu observer, se ferme.
– Je pars demain soir. Le bateau est réparé. Je n’ai pas eu le courage de te le dire avant, avec tous les si bons moments qu’on passait…
Je n’ose pas le regarder dans les yeux, je vois son teint pâlir, et je l’entends prendre une grande inspiration. Le silence se fait alors que les oiseaux passent dans le ciel.
– Donc on ne va plus se voir.
Je ne sais pas ce qui est le pire : sentir que j’ôte la liberté et le bonheur à ce jeune innocent, que je vais lui manquer, ou le fait que son ton est neutre et que son visage est un masque qui ne laisse transparaître aucune émotion. C’est comme si je prenais un coup de couteau dans le coeur - son couteau, avec lequel il m’a montré qu’il sait se défendre une nuit où l’on s’est fait agresser…
– Je vais revenir, je te le promets. Tu… enfin on est de deux milieux totalement différents, mais ces quelques jours où j’ai appris à te connaître… c’est comme si je t’avais toujours connu. Alors, je vais partir ce soir pour Rimini, d’abord en Afrique, puis en Asie, mais je reviendrai.
– Oui, dans un an, ou deux, ou trois! Enfin… non.
– Qu’est-ce qu’il y a ? Je sais que c’est…
– Ramènes moi chez moi, tu dois te préparer maintenant pour ne pas rater le départ.
Il me jette presque dans les mains ma boussole avant de se mettre à marcher en direction de sa prison. Droit et fier, rien n’est exprimé sur le trajet. Je n’ose rien dire de plus pour ne pas me faire transpercer par ses mots. Puis, pour la dernière fois, je l’aide à grimper à la corde raide. Lorsqu’il est presque en haut, il se défait de ma cape, qui me tombe dessus, suivi quelques secondes plus tard de son moyen d’escapade. Le temps de me découvrir, il a disparu et ferme même la fenêtre. Je n’ai pas pu lui dire au revoir…
C’est le coeur lourd que je retrouve le pont du Pezzo d’Oro, un grand voilier - ou un petit navire marchand. A peine sur le pont, le Capitaine Nicolo m’annonce que je suis désormais le quartier-maître, pour remplacer le Père Noro, accusé d’avoir abusé de la princesse des Indes que nous avons ramenées chez elle à notre précédent voyage… Je vais donc devoir gérer le nouvel équipage, en dehors des quelques mousses.
La traversée se passe bien, sans attaque de pirates, que nous pouvons de toute façon distancer. Mais, peu importe le vent le plus clément, le plus doux soleil, le plus léger embrun, je n’ai de cesse de regarder ma boussole vers le nord, dans la direction où il se trouve. Mon petit prince… je l’imagine seul, dans sa tour. Lui qui s’est tant confié à moi, je l’ai abandonné… Je n’ai même pas pu le prendre dans mes bras !
Deux mois passent pour cette première traversée, qui nous permet de nous procurer de nombreuses pierres précieuses. Une nouvelle avarie sur notre vaisseau me permet de m’engager comme mineur, et je mets toute mon énergie dans l’extraction plutôt que de remplir le rectum de quelque indigène, contrairement aux voyages précédents. En même temps, j’ai négocié pour récupérer la moitié des pierres que je découvre ! Je sais que mon employeur m’a envoyé dans une veine presque à sec, mais je ne compte pas me laisser impressionner. Je creuserai la montagne s’il le faut !
– Et bien, tu veux pas t’occuper de moi ? D’habitude, t’es plus viril que ça, grand blanc.
– J’ai du boulot, dis-je à celui qui me rend visite.
Il vient à mes côtés et se lèche les lèvres, tout en regardant mon paquet. Le sien, ridiculement petit, est dénudé. Sa main se tend pour me toucher.
– Non je ne veux pas ! J’ai autre chose à faire !
Je reprends mon martèlement de plus belle, risquant de me crever un oeil avec tous les éclats de roche que je fais voler. Mais ma volonté paie : le bout de ma pioche met à jour un filon de rubis éclatants, plus gros les uns que les autres. Ma fortune serait faite si je n’en devais pas la moitié… Je garde le plus gros, que je cache dans ma musette, avant de faire part de ma découverte. Quelle amusante vision que le visage déconfit de mon employeur! Quel dommage également que nous ne rentrions pas en Italie…
Quatre mois après avoir quitté Valentino, les voiles gonflent sous le vent d’Est. Direction l’Inde, le capitaine veut voir sa deuxième femme et embarquer des épices au passage. Cette fois encore, nous perdons un temps précieux à réparer une avarie, causée par un navire ennemi. Grâce à notre vitesse, il gît désormais au fond de l’océan, mais j’ai pu sauver un coffre plein d’or et de bijoux trouvé dans la cabine principale du navire. Son propriétaire n’a pas bien pu protester longtemps, soufflé dès le début de la canonnade…
Je ne peux nier la chance que j’ai d’avoir une cabine avec deux coffres, avantage de ma fonction. L’un commence à être rempli de choses précieuses, ambre, ivoire, pierres brillantes. Nul n’est au courant de ma manoeuvre, en dehors d’un mousse qui m’a surpris à ranger précieusement le rubis pour mon Prince; j’ai menacé de lui tordre le cou, à ce petit Matteo, s’il révélait quoi que ce soit. En rigolant, évidemment, je l’aime bien; son côté aventureux va lui faire grimper les échelons rapidement - et pourquoi pas me remplacer au prochain voyage…
Nous passons plusieurs mois en Inde; je profite de ma “richesse” pour acheter et faire parvenir en Italie quelques trésors, comptant sur la confiance en un jeune capitaine prometteur. Pendant ce temps, j’arrive à augmenter mes capitaux au service d’un Rajah. La réparation du bateau étant plus longue que prévue, je finis par me rendre au Sri Lanka pour continuer mon commerce de pierres précieuses. Pour une bouchée de pain, j’ai les droits pour exploiter un terrain rocailleux que je sens plein de richesses : au bout de quelques dizaines de mètres je tombe sur une veine de saphir, dont certains, après taillage, laisseront voir une étoile… Je réserve les plus beaux pour mon Prince, engage de la main d’oeuvre pour continuer l’exploitation alors que je dois reprendre la route, non sans envoyer de nouvelles richesses par le capitaine de “ma” flotte. Direction la Chine !
Après près de deux nouveau mois en mer - pour un trajet pourtant assez court de mon point de vue - et une nouvelle avarie, je décide de laisser tomber ce cher Nicolo qui préfère besogner les dames plutôt que retourner chez nous. Je prends le temps de créer une maison de textile - mon beau Prince devrait adorer la soie dont je vais le couvrir - et une petite flottille plus fiable que le Pezzo d’Oro, qui ne vaut pas son pesant d’or… Ce n’est qu’à leur départ que je me rends compte que je suis encore en Chine et que je dois donc retourner chez moi à pied ! Enfin, j’irai toujours plus vite qu’avec mon précédent capitaine…
Dans le bureau de mon investissement asiatique, j’étudie le trajet que j’ai à faire pour revenir en Europe. Au bas mot, deux mois me seront nécessaires. Plus si je tente d’agrandir mon empire, car quelle est l’utilité de passer par des points stratégiques si ce n’est pas pour en profiter ? Je suis interrompu dans mes réflexion par Ming, mon traducteur, un bel asiatique sculpté. Ses cheveux noirs en désordre ne s’arrangent pas lorsqu’il ôte son haut.
– Tomasso, tu me plais, ça ne te dirais pas de prendre un peu un moment pour toi ? Depuis trois mois tu trimes sans relâche, et je ne t’ai pas vu aller rejoindre une dame. Du coup…
Son pantalon descend lascivement, découvrant un sexe épais. Il est charpenté de partout celui là ! Mais pas autant que moi. Il fait d’ailleurs le tour du bureau en acajou, avant d’ouvrir ma tunique et de mettre la main sur mon pieu tendu. Sans que je ne réagisse, sa bouche m’aspire le gland, et il salive généreusement alors qu’une de ses mains prépare son anus à mon entrée. De mon côté, c’est l’explosion hormonale; je ne sais plus depuis combien de temps je n’ai mis un homme entre mes cuisses. J’attrape sa tête et force pour rentrer mon sexe, je sens qu’il étouffe un peu mais cela semble l’exciter. Son propre organe lâche sans discontinuer des filets de mouille, et lorsqu’il se relève pour s’allonger dos au bureau, son sexe laisse une longue traînée translucide sur ses abdominaux.
– Vas-y, prends moi !
Les genoux contre ses épaules, il écarte les fesses de ses mains. J’astique manuellement mon gourdin pour le mettre au meilleur de sa forme, quand je repense au plus beau postérieur que j’aie pu voir. Je jouis immédiatement, et les longues rasades blanches coulent sur la patinoire lisse du brun. Je n’y fais pas attention, mon esprit est ailleurs, avec mon beau Prince. J’ai failli le tromper; m’a-t-il attendu, lui ? Est-il encore ce beau minet vierge ? Sa peau de pêche que j’ai tout juste caressé et l’amour que j’ai pour lui m’étreint violemment :
– Rhabilles toi, je n’ai plus envie. Tu as toujours été loyal, alors je te confie les rennes de cette entreprise. Je pars ce soir.
Je prépare donc mes bagages sans plus réfléchir et rejoins une caravane terrestre pour l’Europe.
Malgré mon empressement à rejoindre mon ange aux boucles cuivrées, je mets encore quelques mois de plus, occupé à la mise en place d’une mine de charbon près de la Russie, un détour en France pour la porcelaine et les parfums, avant de revenir pour couvrir de cadeaux mon Amour.
À la porte de Florence, je réalise que je suis parti depuis deux ans. Ma nouvelle demeure, acquise pendant mon absence et aménagée pour être habitable et gérer mon nouvel empire, est fin prête à recevoir mon futur époux. Je me pare de mes plus beaux habits avant d’aller à son palais, par la grande porte cette fois.
Quelle n’est pas ma stupeur de ne trouver que les valets ! L’un d’eux accuse réception de tous les présents que j’ai envoyé, mais m’annonce l’absence de leurs maîtres. Lorsque je m’enquiers d’où ils sont allés, l’un me répond platement, comme une évidence :
– Ils sont au mariage.
Mon sang ne fait qu’un tour alors que j’entends les cloches de la cathédrale Santa Maria del Flore, à l’autre bout de la ville. J’abandonne mon escorte et mes présents pour courir jusqu’à l’édifice, crachant sur l’amour qui va m’échapper. Les yeux me piquent plus que mes poumons, qui cherchent de l’air, mais il est trop tard lorsque j’arrive sur la piazza del Duomo : la foule est rassemblée et jette des pétales de rose sur le couple qui sort par les grandes portes. Je suis arrivé trop tard… mes jambes me lâchent et je pleure silencieusement, désormais riche mais sans Amour.
– Vive les seigneurs Castelli ! Vive les seigneurs Castelli !
Je relève la tête au moment où la calèche du couple passe devant moi. Souriant de béatitude, le mari n’est en rien roux, mais blond. Mon coeur se gonfle d’espoir, alors que je fends la foule en direction des marches, sur lesquelles attendent les notables de la ville. Je le reconnais immédiatement, fin et désirable, malgré sa tête penchée sur l’épaule de la femme qui doit être sa mère. Je reconnais le plus beau des rubis que je lui ai envoyé, ornant son front d’un fin diadème masculin. Je m’approche encore et mon coeur se serre : de grandes cernes violacées marquent ses yeux, sa peau est pâle, son visage amaigri. Et avant que je puisse l’interpeller, une armée de serviteur entoure les belles gens pour les reconduire chez eux.
Je n’ai d’autre choix que de rentrer chez moi, où m’attendent mes partenaires - je n’arrive pas à appeler “serviteurs” ceux à mon service, et dont je faisais partie il y a deux ans. L’un d’eux m’annonce que la bague que j’ai commandée est arrivée, sertie du plus pur saphir que j’ai extrait; petit et à la fois précieux, il ceint et rend éclatant l’anneau en argent. J’espère la glisser au doigt de mon beau Prince.
Le lendemain je retourne chez mon aimé, et sa mère me fait bon accueil. Lui passera rapidement me saluer, sans vraiment me remarquer. Son air maladif me fait pitié, est-ce ma faute s’il est devenu un spectre de lui-même ? J’ai en tout cas du mal à contenir le désir qu’il met en moi, malgré son air de porcelaine fragile.
– Donc, c’est vous qui couvrez mon fils de présents.
– Oui Madame. Je sais bien que je ne suis qu’un parvenu, mais je l’aime…
– Il ne faut pas que cela se sache, vous vous en doutez; l’Eglise ne verrait pas cela d’un très bon oeil. Pour ma part, je sais que mon fils aime les hommes, depuis longtemps. Il s’en cache, mais je sais qu’il fuguait fréquemment pour en voir un… il semblait si heureux… puis du jour au lendemain il s’est enfermé et n’a plus vu personne. Et depuis quelques mois je le vois dépérir de jours en jours. Oh, je voudrais tellement que mon enfant redevienne joyeux… j’en suis si malheureuse…
La comtesse se tamponne les yeux avec un mouchoir en dentelle et me donne congé. Un peu déçu de n’avoir pu approcher plus Valentino, je décide de faire le tour de la demeure. Plus j’approche de son balcon, plus j’entends une musique délicate, qui n’a rien à voir avec les notes hésitantes d’autrefois. Mais au balcon, personne; c’est pourtant bien de sa fenêtre que vient le son. Pour attirer son attention, je cherche quelques petits cailloux, mais la rue est déserte. Je trouve dans ma poche quelques rubis bruts, qui devaient se faire emmener chez le joailler. Soit, je dois lui parler, qu’est-ce qu’un rubis qui tient sur l’ongle…
Après quatre essais, son délicieux minois daigne se présenter. Simplement couvert d’une robe de chambre en soie, il ramasse les pierres rouges avant de regarder en bas.
– Valentino, c’est moi, Tomasso !
Son visage se décompose et j’ai soudainement peur qu’il bascule par dessus la rambarde.
– Je suis revenu comme promis. Je sais que j’ai été long, je suis vraiment désolé ! J’ai pensé à toi tout le temps !
– Et à combien as-tu dis ces mots ? Le capitaine Nicolo est rentré il y a six mois en disant que tu t’étais trouvé des amis en Chine…
– Je l’ai laissé car le bateau n’était beau qu’en apparence ! J’ai monté un empire pour toi, je suis un commerçant prospère ! Je te promets que je n’ai touché… j’ai fauté une fois, mais mon coeur est à toi ! Je t’ai apporté un cadeau !
– Qu’ai-je à faire de tes cadeaux et de ton argent… j’en ai déjà plus que pour toute une vie. J’ai connu un homme simple, qui m’a fait découvrir la vie en dehors de mes murs ! J’ai aidé mon prochain, en faisant construire un hôpital pour les nécessiteux ! Un restaurant pour la soupe populaire ! Qu’es-tu devenu, tu étais si séduisant dans ton pantalon de marin et ta tunique en coton! Le jour où tu m’as laissé, je voulais m’offrir à toi…
– Mais sous ces babioles, je suis toujours le même…
Je l’entends soupirer, et je le vois s’assoir contre la balustrade à colonnes. Il n’a pas l’air bien. Je regarde le mur et le lierre qui y pousse, et décide de faire des acrobaties - rien de bien plus compliqué que dans les voilures d’un navire ! Je prends mon petit homme recroquevillé et le porte dans son lit. Il est léger comme une plume, faible comme un oisillon. Rien à voir avec le fringant jeune prince à qui j’ai fait visiter Florence. Avisant un pot de miel sur sa table de chevet, je lui en donne une cuillerée. Son teint s’améliore, mais il trouve juste la force de me tirer sur la chemise pour me signaler de venir contre lui. J’obéis, le laisse s’endormir contre moi. Je le quitte quelques instants, le temps d’aller lui chercher des pâtisseries, qu’il mange de bon appétit lorsqu’il ouvre les yeux, avant de se blottir à nouveau contre moi.
Les jours passent et pas une heure ne s’écoule sans que je sois avec lui. Il reprend des force rapidement, et son corps se remplume. Il redevient d’une beauté à couper le souffle, et à me donner une érection de tous les diables. Satan en personne le désirerait s’il le voyait, mais il n’est qu’à moi. Mes affaires florissantes laissées à des intendants fiables, je suis prêt à combler toutes ses attentes plus que les miennes. Aujourd’hui je viens le retrouver en pantalon de marin et tunique en lin. J’ai prévu de l’emmener visiter les jardins en fleur, mais une toute autre surprise m’attend : encore dans son lit, les yeux bien ouverts, son corps ferme se dévoile à mes yeux alors qu’il soulève le drap de satin. Je manque de craquer le tissu par mon érection, et mon bel ange s’approche de moi, raide, pour soulever mon haut et embrasser mon corps, pendant que ses mains glissent sur mes cuisses. Les miennes viennent tout naturellement se poser sur ses brioches pommelées, alors que nos lèvres se soudent.
– Viens dans le lit avec moi…
– Tu veux pas attendre le mariage ?
– On pourra pas se marier. Mais on fera sans. Je t’ai assez attendu, ne me fais pas patienter plus longtemps!
– Bien mon Prince!
Je l’allonge et recouvre son corps tremblant; il me dit que c’est le désir, je le mets dans tous ses états. Mon corps aussi brûlant que le sien le calme, ses mains fraîches se réchauffent sur mes côtes. Nous continuons d’échanger de longs et passionnés baisers alors que nos mains parcourent le corps que nous avons envie de découvrir sous toutes les facettes depuis si longtemps. Il est encore plus doux que je l’imaginais, à la fois tendre et ferme. Je descends embrasser sa peau de fleur virile, jusqu’à son bourgeon gonflé d’excitation. Là, je mets en pratique ce que j’ai appris durant mes voyages en tant que marin, et je ressens un plaisir immense de retrouver un contact charnel avec lui, qui découvre ce qu’est le plaisir à deux.
Après avoir joué avec son service trois pièces et constaté qu’il est au moins aussi prolifique en pré-sperme que moi, il me relève pour m’embrasser et branler nos deux morceaux l’un contre l’autre. La différence de taille est impressionnante, mais je le rassure quant à sa virilité : je suis juste bien plus gaté que la normale, lui étant déjà au-dessus des standards. Pas de quoi complexer donc. Il hausse les épaules et me retourne, c’est mon tour d’être adossé aux coussins. Je découvre une facette que je ne soupçonnais pas chez mon petit prince, un gourmand insatiable. Il se met à me lustrer l’épée avec une rare dextérité pour un novice, ce qui promet pour la suite ! Sa langue glisse adroitement sur mon gland, étale la mouille qui perle du méat, sa bouche se distend à avaler le plus possible de mon morceau, mais il n’y arrive pas encore. Alors ses mains branlent la partie qui n’est pas au chaud, et il ne rechigne pas à étaler une bonne dose de salive sur toute ma longueur avant de me gober les noix.
Il s’occupe si bien de moi que je manque de lui repeindre le visage une ou deux fois, mais tout en manquant de pratique régulière autrement qu’avec ma main, je ne suis pas précoce. Plus je résiste, et plus il semble affamé; il use de tous les stratagèmes pour parvenir à me faire jouir, au point que mon sexe gonflé au possible en devient douloureux. Après un énième frisson intense, je me laisse envahir par l’orgasme et laisse mon corps se libérer. Mes boules se soulèvent et expulsent de grosses rasades dans la bouche de mon amant, qui ne peut tout avaler. Les commissures de ses lèvres laissent couler sur son menton une traînée mêlée de lait masculin et de salive. Mû par le désir, je l’attire sur moi et l’embrasse, déguste pour la première fois mon propre sperme. Puis je mets la main sur son pieu pour le faire jouir. Mais il m’en empêche :
– Tu es encore dur… Prends moi, je suis prêt. J’ai préparé un peu de lubrifiant.
Je jette un oeil à la coupelle d’huile d’olive et un sourire traverse mon visage : mon petit coquin a tout prévu ! Peut-être pas ce dont je vais le gratifier, au vu de son air surpris lorsque je l’attrape par les hanches et le renverse pour aller déguster son bouton rose. Même s’il est souple et prêt à se faire prendre, je ne veux pas lui faire de mal, je prends donc le temps de chatouiller avec mon muscle pointu, de saliver dedans et dehors. Je reconnais le goût de son savon au miel jusqu’à son intimité, il s’est vraiment préparé à ma visite… Je glisse donc rapidement un doigt, puis deux; là c’est plus compliqué, je prends bien le temps de l’ouvrir, il ne se rend pas compte de la taille du morceau. Ce n’est que quand trois doigts coulissent dans son fourreau désormais humide au possible, que je présente ma tige pour le pénétrer. Il râle depuis plusieurs minutes, alors que j’insistais volontairement sur la petite boule en lui.
– Prêt mon bébé ?
– Vas-y, mi orso, je suis tout à toi !
Il se cambre alors que mon pieu le pénètre, son sexe pointe encore plus, tout comme ses tétons. Un gémissement lui échappe lorsque mon bassin frappe doucement sa peau, et je me colle contre lui, transpercé par les aiguilles du plaisir. Mon sexe me transmet des sensations incroyables, qui se répercutent le long de ma colonne vertébrale, jusqu’à mon cerveau. Je suis au chaud, dans son conduit à la fois souple et étroit, compressé. Je le serre dans mes bras et commence un très léger va-et-vient le temps qu’il s’adapte à mon épée. Les soupirs qui lui échappent m’excitent plus encore, j’ai l’impression de gonfler un peu plus. Il ne s’en plaint pas, bien au contraire, ses couinements continuent alors que j’accélère. Quel divine sensation ! Je me sens lié à lui, je prends du plaisir à le prendre autant qu’à le voir en prendre !
Au travers du voile orgasmique, je le sens plus que je le vois s’accrocher à moi, alors que tout son corps est secoué de frissons, et ses doigts pincent mes aréoles. Au même moment, mes abdominaux sont éclaboussés, son anus se resserre et laisse couler un liquide clair. Un cri m’échappe, un second orgasme encore plus puissant me transperce, et je jouis en lui. Je m’écroule de justesse à sa gauche, alors que son intimité se relâche et que mon sexe est expulsé. Il reprend une taille plus raisonnable, alors que ma respiration se calme, et que j’essuie avec ma tunique mon torse trempé.
– Et ben, t’es un amant drôlement exigeant !
– Et toi tu es drôlement endurant, non ? Du coup on s’accorde bien.
Il sourit, les yeux pétillants. Je le regarde et souris à mon tour, heureux de le voir heureux, sans masque, vraiment lui. Mon Amour…
***
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