Frenchies in a New World - Chapitre 14 - Partie 2
Chapitre 14 - Partie 2
– Bébé ?
– Quoi ?
– Ich will spiel mit deine po.
– Hein? Je parle pas allemand. Ça veut dire quoi ?
– Je peux jouer avec ton cul?
Un sourire mi-amusé, mi-désespéré se dessine doucement sur le visage de mon rouquin. Je passe la main au creux de son dos, ne m'arrête qu'à l'élastique de son boxer que je soulève, attendant l'autorisation pour continuer à jouer avec les deux magnifiques globes de chair bombés. Il ne dit rien, alors mes doigts s'aventurent dans le sillon entre son bubblebutt, et je viens chatouiller sa rondelle, encore un peu humide après la nuit que je lui aie fait passer.
– T'es vraiment affamé c'est pas possible ! Ça fait quoi, trois heures, et tu as à nouveau envie.
– Tu es ma drogue, que veux-tu...
Il soupire et je le colle contre moi en abandonnant toute tentative pour lui faire des choses - pour le moment. On verra dans la journée, du moins avant ce soir, car sinon il va y échapper avec comme excuse de faire les achats de Noël ; puis comme ce soir il a accepté l'invitation de Peter pour sortir en boîte, sans même nous demander notre avis... Damien et Matt ont décliné, alors je suis bien obligé de dire oui pour ne pas qu'il se retrouve seul ! Puis comment refuser une sortie - ou quoi que ce soit d’autre - à ses grands yeux marrons suppliants et pleins d'amour... Je reconnais que je suis gagnant à chaque fois que j'accepte de lui faire plaisir et que je lui donne ce qu'il veut, notre dernière nuit en est la preuve. Quand il vient me voir avec une envie dans les yeux, une moue séductrice sur les lèvres, mon cœur se met à palpiter, et je suis prêt à lui décrocher la lune s'il me le demande. Quelquefois il a cette même moue quand il veut un câlin ou du sexe - ce qui ne m'aide pas toujours à deviner ce qu'il a en tête, mais ça me montre à quel point je tiens à lui.
N'empêche, on est bien lottis Damien et moi avec nos mecs, ils savent parfaitement comment nous faire tourner en bourrique. Sauf que dans le cas du blond, c’est parce qu’il a tenté de convaincre Matt reste chez nous plutôt que de rentrer dans sa piaule pas vraiment conçue pour l'hiver, ni pour aucune saison j'ai l'impression. Sans grand succès pour le moment. Par contre le Chaton, les yeux suppliants, a obtenu de présenter son chéri à la vieille qui lui sert d'ange gardien, tout ça parce que, à ce que j'ai compris, il ressemble à son fils. Donc après nos courses de Noël, les blondinets iront rendre visite à Mrs Weed - je n'ai pas compris si c'est son vrai nom ou une blague.
Toujours est-il que c’est avec une espèce de désespoir dans le regard que mon bébé se décolle de moi, me laisse à moitié raide et enfile sa doudoune. Elle est légèrement plus près du corps que l’année dernière, et j’ai juste envie de le déshabiller - comme souvent. Mais les deux blondinets nous attendent, les courses de Noël ne vont pas se faire toutes seules. Les cadeaux, eux, sont déjà prêts. Enfin pour ma part, les autres je ne sais pas. On ne s’est rien dit, c’est la surprise totale pour ce qu’on s’offre ! Même si je soupçonne mon rouquin et son frère d’être de mèche pour quelque chose. Je surprends leurs regards complices alors que Matt monopolise un peu la conversation; il s’émerveille autant que le rouquin devant cette image d’un paysage transformé par l’hiver. Entre le gel et les décorations de Noël qui fleurissent partout, ils sont comme deux gamins - et ce sont eux qui s’investissent également le plus dans la décoration de l’appartement, le sapin qui trône désormais dans le salon en est témoin, presque surchargé par des dizaines de guirlandes, électriques ou non, de boules, et de petits personnages en bois. Je ne sais pas lequel des deux est le plus occupé à jouer avec son copain pour obtenir tout ce qu’il veut, même si je soupçonne mon rouquin d’être le plus filou : je comptais sur Damien pour ne pas avoir à mettre en place le mini circuit de train électrique autour du sapin, mais il a fallu que mon petit ami soit du côté de mon petit copain et ils l’ont installé, en créant même un petit paysage montagnard avec la bombe à neige. Ok, le résultat est magnifique, et notre salon assez grand pour accueillir toutes ces fantaisies, surtout que ça fait de magnifiques photos.
Cependant, Matt est déjà un peu plus habitué à toute cette magie qui envahit New York chaque année, c’est donc avec soulagement que nous n’avons qu’un seul enfant à surveiller. Enfant qui s’émerveille de tout et s’arrête devant chaque boutique de l’immense centre commercial - ces mall qui n’ont rien à voir avec nos petits centres commerciaux, tout est démesuré. Et nous ne sommes pas trop de trois pour repérer ses bouclettes rousses qui disparaissent en deux secondes, en entrant dans une boutique “pour voir un truc” ou en se décalant de dix mètres “pour prendre une photo”. Je ne pourrais jamais être parent, avec moi un môme haut comme trois pommes serait porté disparu en deux minutes - et pourtant, il n’y a pas foule, comme il peut y en avoir certains jours, d’après ce que me dit Damien. Je ne comprends pas, comment peut-on apprécier de faire les boutiques avec un tel monde ? Je ne me sens pas du tout à l’aise, et je fais une tête à la limite du désespoir quand j’apprends que c’est juste “pour visiter” que nous sommes là. Des heures passées dans des boutiques, parfois même trop chères pour nos portefeuilles, juste pour le plaisir de regarder... Seul mon rouquin achète des oreilles de lutin et un bonnet rouge de noël à l’association présente à côté de l’immense sapin, au centre de la galerie, qui propose des photos avec le gros bonhomme rouge, afin de récolter des fonds pour offrir aux enfants du St. Jude Children's Research Hospital des fêtes un peu plus joyeuses. Je le reconnais bien là.
– Mais tu veux pas t’asseoir sur les genoux du Père Noël, mon bébé ?
– Je suis un peu grand pour lui, tu sais. Mais si tu te déguises en Papa Noël je veux bien venir sur tes cuisses…
Il me fait son clin d’oeil coquin. Et voilà, je suis à l’étroit. Par contre, je garde dans un coin de la tête l’idée des déguisements, il faut que je vois avec Matt pour qu’on s’amuse - puisque les deux autres font des cachotteries, pourquoi pas nous ?
Avant de rejoindre la voiture, nous faisons un détour sur avis du blondinet qui veut faire goûter un “délicieux chocolat chaud” à son Chaton. Direction donc Union Square pour découvrir la ville de la pâtisserie; encore une fois, c’est un endroit bondé de monde, mais notre guide a une fois de plus prévu le coup et a incrusté un agent secret dans la file d’attente le temps que l’on arrive. Peter a l’air ravi de revoir son redness bro ! Et son copain insiste pour payer nos consommations.
Nous faisons ensuite nos vraies courses de Noël, ce qui consistent à acheter des tas de produits alimentaires bruts ou de bases, nécessaires à l’élaboration du festin surprise prévu par le rouquin. Enfin surprise, il y a des choses facile à deviner, surtout quand il prend du foie gras ou du saumon. La question est quand et comment il va nous concocter ce banquet. Et je vois Matt tout à la fois sidéré par le montant de la facture, et en même temps excité par le festival gustatif qui s’annonce déjà; nous nous sommes tous bien trouvé quand même, mon bébé est ravi de cuisiner pour trois mecs qui font honneur à ses délicieux petits plats. Le couple qui nous accompagne n’arrête pas de poser des questions à mon bébé, qui reste mystérieux sur ce qu’il a en tête. Mais il propose à Peter et Charlie de venir manger le midi du 25 décembre afin de découvrir ce qu’il aura mijoté - sinon nous sommes bons pour manger pendant trois jours les restes, vu les quantités que l’on prend. Puis finalement, le couple, presque jumeau du mien, a bien fait de nous accompagner, notre coffre ne suffit pas au caddie plein, pourtant il est loin d’être petit ! Et plus de bras pour porter les courses une fois rentré, ce n’est pas de refus, même si je ne suis pas contre de porter des sacs : vive le sport au quotidien !
Le seul point négatif, c’est que nos deux invités félicitent Matt et Valentin pour la décoration et le petit train ; ils insistent même pour prendre des photos, que Peter tient absolument à mettre sur un réseau social bien connu (“hashtagfrenchXmas” s’amuse-t-il). Puis les deux blonds s’éclipsent pour leur rendez-vous, tandis que je reste avec les deux pipelettes. Charlie aussi semble un peu perdu, il ne doit pas parler français, tandis que moi j’ai perdu le fil de leur conversation débitée à toute allure dans leur franglais habituel. Le brun se tourne donc vers moi pour discuter dans la langue qu’il connaît :
– Ils s’entendent bien nos mecs j’trouve.
– Oui, j’étais content de savoir que même si ça n’allait pas trop en cours, il s’était fait un ami.
– Peter m’a beaucoup parlé de lui, j’avoue que c’est ça qui m’a fait réaliser que je voulais pas être qu’ami, surtout après la petite parenthèse qu’on a vécu y a quelques années. J’étais jaloux qu’il me parle de beaux mecs, surtout des français… il avait très envie de tester le french kiss !
Je ricane, je sais que ce n’est pas avec mon bébé qu’il voulait tenter le fameux french kiss le Peter…
– Tu sais qu’mon mec m’a dit qu’à choisir entre son prof sexy et ton mec, il se serait fait son jumeau. Mais comme c’est ton mec…
Mon sang ne fait qu’un tour, et je jette un regard noir à Peter, la mâchoire contractée.
– Après j’t’avoue que je sais pas si tout ce qu’il m’a dit est vrai ou si c’était pour me faire bouillir, pour que je craque. Parce qu’il aurait jamais pu être qu’actif mon mec.
– Ah oui tu crois ? s’amuse le rouquin.
Ils se tirent la langue, Charlie se caresse le paquet et Peter se lèche les lèvres.
– Voilà je préfère ça, grommelle le brun.
Valentin éclate de rire et me jette un regard, c’est à moi de lui tirer la langue. Je comprends vraiment pourquoi il s’entend bien avec Peter; même si ce dernier est est plus débridé, il est aussi taquin que mon chéri. D’ailleurs, le copain de Charlie nous interrompt dans notre jeu de séduction par le regard :
– Bon, on y va ? On vous a prévu la découverte des nuits New-Yorkaises, dans la ville qui ne dort jamais !
Il y a plusieurs surprises pour cette soirée. La première est mon bébé, très câlin - ça ce n’est pas une nouveauté - mais qui se déhanche comme un pro sur un musique qui lui met le rythme dans la peau. Le fait qu’il ne proteste pas alors qu’il est entouré d’inconnus, sans compter qu’il fait ça sans une seule goutte d’alcool, tout en m’autorisant à prendre ce qui me plaît, c’est incroyable ! Bon, je le soupçonne de ne rien dire pour le monde car c’est un bar gay friendly, avec principalement des couples hétéros. Et surtout des musiques antérieures à nos naissances, donc meilleures que certains tubes modernes. J’apprécie énormément son rapprochement très intime quand les slows débutent, et surtout sa promesse :
– Quand on rentre, on se fait un déhanché collé-serré ?
Comme si j’allais refuser !
Ensuite, comme il est encore assez tôt, Peter nous emmène manger avant de vouloir nous faire faire du patin à glace. Sauf que mon bébé n’en a jamais fait et tremble autant que pour le ski l’année dernière ! Je reste donc accroché à lui, et profite de ce contact malgré les couches de vêtements pour le tripoter; il ne dit rien, il est trop occupé à se concentrer pour garder son équilibre. Une petite chorale de chants de Noël couvre ses légers jurons lorsqu’il trébuche, mais pas mon rire; ce n’est pas souvent qu’il dit des gros mots !
Une fois qu’il veut quitter la patinoire, les deux lurons nous font continuer la visite du village de Noël, et Peter nous raconte comment, un 24 décembre, il s’est retrouvé à errer dans les rues avant de croiser Charlie. Je vois des petites larmes dans les yeux de mon bébé, les histoires émouvantes font toujours vibrer sa corde sensible. Et l’histoire du rouquin se finit bien, heureusement. C’est fou ce que le monde, et certains parents, peuvent être cruels ! J’en suis bien conscient puisque j’en ai été victime…
Pour se remettre de cette petite peine, nous nous réchauffons autour d’un bon lait de poule - première fois que je bois ce truc - et je vois l’amusement dans les yeux de mon bébé qui ingurgite le liquide blanc. C’est là que les premiers flocons de l’année pointent le bout de leur cristaux glacés. Tout petits et tout en douceur, la vie continue autour d’eux. Mais plus les minutes avancent, plus ils s’accentuent et grossissent à vue d’oeil. Un duvet blanc recouvre silencieusement le parc, et nous donne une sensation de froid plus important, en particulier avec le vent qui se lève. Nous décidons donc de rentrer chacun chez soi avant que tous les habitants soient rentrés chez eux, surtout que Charlie n’est pas rassurant sur la suite météorologique de la soirée. Mon rouquin descend son écharpe le temps de leur faire la bise, puis nous nous séparons, nous n’allons pas dans la même direction.
– C’est quand même fou comment c’est tombé d’un coup !
– Je sais pas bébé, les nuages depuis ce midi étaient bizarre, tu as pas vu ?
– Je suis pas météorologue mon nounours !
– Ah bon, tu as pas eu un cours dessus ? Tu as vu tellement de choses pourtant.
– Non, mais ça aurait pu être intéressant c’est vrai.
Je m’amuse de le voir sautiller, laisser la marque de ses chaussures sur le fin tapis, et regarder le rideau de flocons qui étouffe les bruits de la ville. Nous passons devant plusieurs SDF.
– Quand même, c’est terrible, avec ce froid ils vont être gelés !
– Ils vont aller à l’abri dans le métro, ils ne sont pas stupides. Même si effectivement ils n’ont pas notre chance. Mais on ne peut pas secourir tout le monde, tu as déjà donné aux enfants malades mon bébé. Tu vas pas ramener un junkie ivre à la maison.
Il n’insiste pas et continue d’avancer, son superbe fessier ondule devant moi. J’oublie donc rapidement les quelques mots que l’on vient d’échanger, mon cerveau se concentre désormais sur tout autre chose… Après un petit pont, il me semble reconnaître le clochard qui m’a accosté quand je cherchais mon bébé il y a à peine quelques semaines, mais j’ai les yeux plus attiré par le petit canon devant moi. Je tends la main pour palper ces courbes envoutantes.
– Dites donc monsieur Duroc ! Pas de ça ici, nous sommes en public, attends qu’on soit à la maison quand même !
– Rhooooo mais on s’en fout y a personne presque. J’ai bien droit de te caresser un peu et de te dire que je t’aime !
– Certes… moi aussi je t’aime, mais attend la maison mon chéri.
Sauf que je ne l’écoute pas vraiment, je me rue sur lui et frotte ma bosse sur son fessier.
– Thomaaaaas !
– Oui je sais bébé, je dois…
Une grosse voix rocailleuse tousse et me coupe :
– Thomas… Duroc ?
Je tourne la tête vers un homme dont la mâchoire semble s’être décrochée. Plus sobre que les deux autres fois où on l’a croisé, il me détaille intensément, à la recherche d’un souvenir… Et soudain, il articule lentement ces quelques mots qui me font l’effet d’un tsunami intérieur :
– C’est moi, Owen…
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