Frenchies in a New World - Chapitre 15
Chapitre 15 - Valentin
– Moi, mon Papa il cuisine super bien !
Les enfants se tournent vers le brun aux reflets auburn. Version collégienne de mon gigantesque amant, il rougit lorsqu'un garçon aussi grand que lui se met à rire, suivi par sa bande de petits cons prétentieux.
– Ton "papa" il sait que sucer des grosses bites.
Tous se mettent à rire en le pointant du doigt, alors qu’il se tourne en baissant la tête, les yeux pleins de larmes.
Je me réveille avec l'image de cet enfant moqué, juste parce qu'il a deux papas. Thomas m’interroge sur le rêve que je viens de faire - ça l'amuse beaucoup quand ils sont farfelus ou avec un sens sexuel. Cette fois, il est un peu plus pensif.
– C'était notre gosse ?
– Oui, mais il te ressemblait surtout, il avait choisi le meilleur modèle.
– N'importe quoi! Et celui qui se moquait, il ressemblait à quoi ?
– Une espèce de prétentieux premier miniature.
– Ah celui-là ! En tout cas, si un jour tu veux qu'on ait un enfant, et si ton rêve se réalise, bah il aura un super papa - pas le super cuisinier, l'autre - qui rendra ces petits abrutis en kit à leurs parents, histoire qu'ils remettent en place toutes les pièces cette fois !
Je sers mon Thomas dans mes bras, je ne sais pas si je veux un enfant – je ne sais déjà pas me gérer moi-même – mais j'ai vraiment trouvé le mec idéal, quelles que soient les épreuves que la vie nous réserve.
C'est vrai qu'entre mes problèmes en cours, résolus en travaillant dans le même bureau – parfois sur le même bureau – et son frère qui a débarqué dans notre vie, on ne s'ennuie jamais ! Quand même, quelle est la probabilité, sur une planète entière, de déménager dans un autre pays, de vivre dans une ville avec des millions de personnes, et de tomber sur son frère ? À première vue, à part la carrure, le lien entre eux n'était pas évident. Puis je me suis souvenu de l'organe dudit monsieur, vu alors qu'il était rond comme une queue de pelle, en revenant de chez Matt. Et les quelques souvenirs échangés avec mon chéri ont suffit à le convaincre. En même temps, un père docteur et une mère tortionnaire, ça ne doit pas être un schéma type de la famille idéale. On a donc ramené un junkie/alcoolique à la maison; une fois propre, rasé, habillé et un peu mieux coiffé, oui, indéniablement et sans hésitation, ils sont frères. L'aîné a les yeux marrons clairs délimité par un anneau vert, la carrure moins athlétique que son cadet; excepté ces quelques détails, ce sont des copies conformes.
Et à peine remis, une fois plus présentable, le frangin s'est révélé très charmant et prêt à remettre sa vie sur les rails. Avec le logis et le couvert, il s'est immédiatement inscrit dans un groupe d'alcooliques anonymes, tout en cherchant à retrouver du travail – même si la marque de la rue est encore présente sur lui. J'avoue, son histoire m'a faite pleurer : perdre son amour, puis se faire virer sans droit chômage à cause d’un vice procédural et finir à la rue pendant près d'un an – ce qui explique que même s'il s'est mis à boire, il n'a pas perdu espoir... Je n'ai pu m'empêcher de le prendre dans mes bras alors que je ne suis pas très tactile avec les inconnus. De plus, s’il y a un détail perturbant qui confirme leur lien de sang, c’est leur utilisation d'expression : Thomas est le "miracle" de son frère, Owen, tandis que mon chéri dit que je suis le sien. Un peu de tendresse et d'attention, c'est pourtant tout ce que beaucoup méritent !
Enfin avec mes bons petits plats, et le squatt de la salle de sport, il s'est déjà un peu remplumé en une semaine, le frérot. Et le repas prévu demain achèvera de lui faire prendre quelques kilos ! Dans la pure tradition familiale, ce soir c'est repas "léger", avec une petite entrée consistant en une salade de jeunes pousses de la serre, des fruits exotiques, des petits fours – mini pizza, quiche, gougères – et les indispensables desserts : Ile flottante, rochers coco, marbré italien, et les inévitables biscuits à la cannelle de Noël. Ce midi, je vais laisser Damien aux fourneaux, je me suis déjà prévu suffisamment de travail pour ce soir, et surtout pour demain ! Heureusement que l'entreprise est fermée en ce jour férié – ou du moins je ne travaille pas aujourd'hui et mon chéri non plus.
Je préviens rapidement ma mère que je lui téléphonerai demain et lui souhaite un joyeux réveillon avec John et Sarah, tout en réalisant qu’il est déjà suffisamment tard en France pour qu’elle soit aux fourneaux pour la soirée. D’ailleurs, à cause de tout ce que j'ai prévu à manger, nous sommes expressément conviés par le grand brun et le blond à une séance de sport en groupe. Matt proteste en disant qu'il n'a pas la même force que nous et qu'il n'est pas préparé pour la musculation. Damien vient à son secours alors que Thomas lui tendait déjà des haltères, et propose qu'il regarde uniquement. De toute façon nous pouvons faire deux groupes de deux puisqu’Owen finit par nous rejoindre.
La séance se passe bien, en dehors des attouchements que me fait Thomas, sous prétexte de vérifier l'état de mon corps. Je n'ai pas pris plus de muscles qu’avant, je suis loin d'être sculpté comme lui ou Damien.
– Dis chéri, si tu veux me tripoter, tu peux me masser hein.
– Oh avec plaisir ! Je te fais un massage intégral. D'abord extérieur, puis un peu intérieur...
Son air coquin m'amuse et je ne peux m'empêcher de sourire aussi. Comment se refuser à ces yeux amoureux, qui me regardent autant affamés qu'avec tendresse ? Surtout qu'il est délicieux...
– Ok, mais ne traînons pas trop, et ne m'épuises pas trop non plus, j'ai un repas à préparer !
Owen nous interrompt :
– En parlant de repas, ça vous dérange si...
– Mais évidemment que tu ne nous déranges pas ! Mon bébé va préparer de quoi régaler un régiment.
– Nan, justement je ne vais pas être là ce soir. Demain je reviens par contre, je ne peux pas rater tout le festin.
Je vois l'esprit de Thomas qui travaille à vive allure, ça n'a pas l'air de le déranger que son frère ne passe pas Noël avec nous. Qu'a-t-il prévu ?
Je n'ai pas le temps d'y réfléchir longtemps, Matt et Damien nous rejoignent et proposent de mettre fin à la séance du jour, qui aura quand même duré deux heures. Owen nous fait la bise avant d'aller à une réunion des AA, puis à son mystérieux rendez-vous. Mon nounours fait un clin d'oeil au Chaton, puis nous allons sous la douche. Nous décidons de nous laver dans celle de l’appartement. Mon massage commence sans tarder alors que nous sommes sous l’eau bien chaude. Je l’arrête alors que ses doigts se promènent dans ma raie.
– Tu ne veux pas attendre ce soir, chéri ?
– Non, ce soir tu seras fatigué mon bébé, tu auras trop mangé, etc. Je te connais. Donc tu y passes maintenant, ou tu me fais la promesse que ce soir ce sera sexe.
– Je te promets que je couche avec toi ce soir, et je ferai tout selon tes désirs.
Je vois la victoire dans ses yeux, mais je ne prête attention qu’à son sourire éclatant :
– Tout, tout ?
Je me colle à lui et me laisse masser par l’eau chaude en même temps que ses grandes mains.
A passer sur mes fesses, il me chauffe presque, j’hésite franchement à m’occuper de son braquemart de suite. Il me donne tellement envie de lui ! En temps normal, je ne me poserai pas tant de questions, du moins ça fait quelques (très court) moments que je ne me torture plus autant et suis mes envies, qui ne sont cependant pas aussi importantes que celle de mon actif adoré. L’empressement à faire le dîner prend le dessus, je délaisse donc le service trois pièces de mon magnifique amant, tendu vers moi, pour nettoyer les efforts musculaires fournis. Une fois de retour dans la chambre, je ne trouve pas que le thermostat soit plus faible que dans la salle de bain pleine de vapeurs, je m’en plains aux seuls qui ont pu y toucher pendant mon ablution :
– Matt, baisses le chauffage, il fait au moins vingt-cinq là !
– Mais on est le vingt-quatre aujourd’hui voyons !
Je lève les yeux au ciel après ce trait d’esprit et retourne dans la chambre, pour découvrir ma tenue de soirée posée sur le lit. Mon brun débarque derrière moi, se sert dans la pile pour prendre un chapeau de Père Noël, un harnais de la même couleur qui, je l’avoue, magnifie son torse de statue grecque, et un espèce de boxer qui déguise son sexe en bonhomme rouge.
– Alors, tu vas venir sur les genoux de papa Noël ce soir hein ?
– T’as tout manigancé…
Je sors de la chambre pour découvrir les deux autres, déjà complices de mon copain. Damien, un bonnet d’elfe sur la tête et des chaussures vertes à grelot aux pieds, un morceau de t-shirt rouge – comme si on avait coupé le torse pour s’arrêter au dessus des tétons et les manches pour ne couvrir réellement que les épaules – un boxer ultra court rayé de rouge et vert ainsi que des oreilles de lutin, me regarde débarquer.
– Bah alors, tu l’as pas mis le tien ? C’est quoi, fais voir !
Ma mâchoire se décroche, ce n’est pas mon frère qui vient de lâcher cette phrase mais son blondinet, déguisé pour l’occasion en bonhomme de neige : un chapeau noir avec une feuille et quelques baies de houx, son nez teint en orange, un noeud papillon rouge, le corps caché sous un pyjama assez moulant couvert de flocons. Le détail coquin qui tue étant une carotte à l’entrejambe. Il rougit légèrement, lui le timide qui accepte de voir deux mecs si sexy dans de telles tenues. Les épaules basses – et faussement outré, d’accord – je retourne découvrir mon costume. Des faux bois de renne, du maquillage rouge pour mon nez, un collier/harnais à grelots, ainsi qu’un boxer bien trop court à mon goût, avec le petit triangle à l’arrière représentant la queue de l’animal, et des fines chaussettes marrons pour faire penser aux sabots. Thomas fait glisser mon peignoir.
– Je me suis dit que tu préférerais ça à la version jocks. Allez, on est entre nous, c’est pour s’amuser ! Fais-moi plaisir bébé…
Mon dieu, comment résister à ce regard de chien battu ? J’enfile donc sans protester le costume, tintinnabulant désormais à chaque mouvement.
– C’est d’un silencieux !
– On s’en fout bébé, c’est la fête !
J’ai droit à une petite tape un peu trop fort sur le cul, il est tout excité.
– Eh calme-toi ! C’est ce soir la vidange…
– T’es sûr ? Tu veux pas un peu de crème pour faire une bonne chantilly ?
Je rigole avant de le menacer d’une grève sexuelle d’une semaine s’il met n’importe quoi dans mes plats.
Je commence ensuite par préparer les desserts, et je pense pour une fois à préchauffer le four avant d’avoir à enfourner mes plaques. L’avantage de notre grande cuisine et des grands électroménagers liés, c’est que je peux parfois même préparer les assiettes en même temps (dans le cas des îles flottantes par exemple). Puis, au moment où j’allais m’attaquer à la partie salée du menu, Damien et Matt débarquent dans la pièce.
– Dis, Valentin, on a quoi comme chocolats ?
Mince! J’ai oublié ça. Je regarde l’horloge sur le four, tout doit être fermé maintenant. Je fouille dans les placards et trouve du chocolat au lait et du chocolat noir, plus des fruits confits. Je vais donc faire quelques mendiants, après avoir tempéré mon chocolat et étalé sur une plaque avec un papier cuisson, puis déposé la garniture dedans et dessus. Je rajoute une recette de fudges chocolatés et m’attaque enfin à la suite une fois que Matt se délecte du reste de chocolat au lait dans le bol. Par contre je ne suis pas content quand il s’attaque directement à ma pâte à choux crue :
– Matt ! C’est pas cuit c’est dégueu ! Tu peux pas attendre un peu pour manger ?
– J’ai faim… et c’est bon, si !
Est-ce Thomas qui lui a montré comment m’amadouer avec ce regard, ou bien est-ce aussi inné chez lui ? Toujours est-il que je lui mets une petite louche dans le bol qu’il vient consciencieusement de nettoyer et reprends mes préparations. Et comme j’ai peur de manquer de bouffe, malgré tout ce que j’ai prévu, je mets à contribution les trois autres pour préparer la pyramide de minis sandwichs, avec tout ce qu’ils veulent : houmous, caviar d’aubergine, fromage frais, saumon – une seule plaque sur les quatre achetées, il ne faut pas exagérer, surtout que je leur laisse entendre que je veux préparer des blinis demain. Je cède encore quand ils me réclament un peu de foie gras, de la confiture de figue pour l’accompagner ou encore le confit d’oignons, pareil quand mon brun veut du pain d’épice pour ce pâté. Et là je l’approuve, je le préfère aussi de cette façon.
Les plats pleins de nourriture s’accumulent et notre table dans le salon devient véritablement digne d’un repas familial festif, les blondinets ayant même mis une belle nappe blanche et quelques décorations. A la lumière des bougies, des quelques guirlandes, du sapin et d’une télévision mise en mode feu de cheminée, nous sommes merveilleusement bien au chaud alors que la neige tombe dehors. Je sers l’entrée, qui s’est finalement transformée en salade de jeunes pousses, copeaux de parmesan, pignons de pin, coppa et tomates – ces dernières ayant poussé avant la fin de l’automne dans la serre et que j’ai conservé dans un bocal avec de l’huile.
– Et ben, on va se régaler mon bébé ! Je crois que c’est encore mieux que l’année dernière !
– C’est vrai ! Mais sinon Matt, tu as prévenu ta mémé que tu restes ?
– Oui oui, même si elle est un peu déçue de pas passer Noël avec moi cette année elle comprend, surtout le fait que je n’allais pas rentrer en pleine nuit avec ce temps !
– Tu pourrais l’inviter demain ! Que Thomas et moi on la connaisse aussi.
Damien rigole, et s'explique quand nos trois paires d’yeux se fixent sur lui :
– Oh oui faut qu’on l’invite, tu vas l’adorer Valentin, c’est un sacré numéro cette bonne femme !
Matt appelle donc sa voisine avant qu’il ne soit trop tard et avant que l’on se mette à manger, et une fois la conversation terminée il nous remercie de la joie que l’on apporte à celle qui s’est occupée de lui depuis maintenant presque quatre ans. Quant à moi, je comprends la joie et le désespoir de toute maman qui cuisine pendant des heures pour ses morfales, qui apprécient sa cuisine mais dévorent tout en deux douzaines de minutes à peine. Il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, même moi je m’empiffre tout autant. Mais pour le dessert, Matt boude mes mendiants et mes rochers coco. Je l’interroge donc, pour pouvoir noter ses préférences culinaires dans un coin de ma tête :
– Tu n’aimes pas ça, Matt ?
– Non… mais ne t’en fait pas, j’adore l’île, et il y a suffisamment à manger hein !
Peut-être, mais ça ne l’a pas empêché de manger avec un reste d’appétit ma part du dessert crémeux que je lui impose; il n’y a pas de raison qu’il ait deux desserts en moins et aucune compensation.
Le temps de ranger les quelques restes et de faire la vaisselle, aidé par notre nouvel appareil qui va nous faire économiser de l’eau, nous nous décidons sur le traditionnel film de Noël à regarder. Nous nous décidons pour un film de super-héros, Matt et Damien tiennent absolument à me partager leur passion pour cet univers. C’est à la fin du film, que j’ai apprécié grâce aux commentaires géniaux du couple fan – tout aussi recroquevillés l’un contre l’autre que mon nounours musclé et moi – et aux apparitions dénudées des protagonistes, qu’une nouvelle idée germe dans l’esprit de Thomas; à moins qu’elle lui soit venue pendant le film quand j’étais sur ses genoux.
Il nous empresse donc de couvrir un des sièges du salon avec du papier cadeau et des rubans, puis le place à côté du sapin. S’ensuit alors une séance photo, comme celle du magnifique calendrier que Matt et moi avons découvert il y a peu :
Chacun prend une photo avec le père Noël, mais je suis le seul qui se permette d’être tactile avec lui. Puis nous faisons aussi plusieurs photos seuls, dans diverses positions aguicheuses, en couple, avec mon frère et son copain, puis en groupe à trois et tous les quatre. C’est super pratique un retardateur ! Surtout, nous rigolons tous tellement que nous décidons de prendre une pose totalement délurée, le bonhomme de neige posé sur l’accoudoir du papa noël, présentant sa carotte à son lutin, tandis que je suis sur les genoux de mon brun pervers, vautré sur le ventre. Il rajoute un effet coquin sur la salve de photos en faisant glisser légèrement mon boxer sous mes fesses briochées, et la cambrure de mon dos accentue encore l’effet bombé… C’est ce qui annonce la fin de la séance photo et de notre soirée, car chacun avec notre homme, nous nous sommes excités. Nous nous souhaitons un joyeux noël et disparaissons dans nos chambres, plus ou moins bandés. Les cadeaux attendront demain. Sauf les gros paquets que nous allons déballer maintenant.
– T'as vu, je suis bien réveillé !
Thomas me tire la langue et me pince les tétons, puis pose ses mains sur mes fesses. Je frissonne déjà, ce qui secoue les grelots dans tous les sens.
– Même si ça va être très amusant de te faire bondir sur mes cuisses, ça va me gonfler ces trucs !
Il m'arrache tout ce qui a des grelots ; il ne reste que mes bois sur la tête. Il m'écrase ensuite sur le lit et me dévore la bouche. J'adore cette sensation où il est tout puissant, si grand, au-dessus de moi. Nos peaux se frottent, la grosse aiguille de sa boussole sexuelle pointe entre mes cuisses. Un craquement retentit d'ailleurs, il se soulève légèrement pour constater que son sous-vêtement n'a pas résisté à sa puissante érection. Il hausse les épaules et se tourne, de manière à ce que je sois au-dessus de lui, les mains sur ses pectoraux gonflés, et surtout le postérieur bombé avec sa tige dans ma crevasse. Évidemment, je suis tellement chaud que je la fais coulisser dans ma raie, et nous gémissons de concert. Ses grands bras me plaquent à nouveau contre lui et c'est à qui fera le plus couiner l'autre avec la langue. Je constate avec joie que je suis le gagnant, jusqu'à ce qu'il attrape mon menton et me fasse son regard tout excité.
– Bébé... Je vais te faire l'Amour pendant des heures.
Deux de ses phalanges se posent sur mes lèvres et je m'applique sur ses doigts, qu'il me retire rapidement pour ouvrir ma rondelle. Entre ça et sa promesse, ça y est, je suis dans un autre monde. Les joues rouges, les yeux bientôt révulsés quand il trouve le point qui m'envoie au septième ciel, je me laisse ouvrir et reprend la bataille buccale. Ma langue cherche d'abord la sienne, la frôle, se retire, c'est là qu'elle vient jouer avec la mienne, prend possession complète de ma cavité. Puis nous échangeons, tournoyons... Jusqu'à ce que je me cambre, faisant presque un bond en arrière qui m'empale sur l'intégralité de son pieu. Je sens le frein, la couronne, le reste de la hampe veineuse me pénétrer. Le brun rigole, content de lui ; il m'a seulement ouvert et c'est sa grande anatomie qui m'écrase la prostate par surprise, écarte ma chair tendre, plonge dans ma cheminée chauffée à blanc. Maintenant, même s'il me demande parfois trois fois où plus par jour, j'ai énormément de mal à refuser. Il m'a rendu totalement accro. Fini le temps où je me refusais ! Quoique ça m'arrive encore, mais seulement pour la visite de mon postérieur, et j'ai pour bonne raison de vouloir attendre de me refermer. Mais d'après lui je n'ai pas à m'inquiéter, avec mes exercices je m'ouvre comme une fleur tout en restant serré – la preuve selon lui étant que j'arrive à bloquer sa lance si l'envie me vient. Je ne le contredis pas, je ne tiens pas à entendre parler de ses anciennes expériences sexuelles, même si je me doute qu'il a déjà dû coucher avec un/des mecs au cul totalement défloré, bref, des garages à bite comme on dit vulgairement, et qui pouvaient encaisser sa frustration et sa brutalité sans broncher.
– Tu as l'esprit ailleurs bébé, je suis trop doux ?
– Non non, c'est parfait !
Il sourit, ce sourire amoureux, si éclatant que je me damnerai pour le voir tous les jours. Ce qui est le cas, heureusement, j'arrive à l'amuser suffisamment souvent pour obtenir ce résultat. Il attrape mes mains et je finis sous son corps, toujours planté sur sa tige, mais les mouvements limités. Il s'amuse ainsi à me chatouiller - il a de ces idées pendant le sexe. Je proteste, me contorsionne, ne peux retenir mes rires alors que je tente de protéger mes bras et mes hanches de ses doigts et de sa langue.
– Est-ce que je t'ai déjà dit que tu es super sexy mon bébé ?
Je reprends ma respiration avant de répondre :
– Je suis pas sexy, je suis normal, c'est toi qui est divinement beau.
Ma réponse ne lui plaît qu'à moitié, j'ai donc droit à quelques chatouilles supplémentaires, avant que mon dieu de petit copain demande lequel des dieux que je connais il serait.
– Euuuuh. Poséidon ! Parce que tu déchaînes un séisme amoureux en moi et dans mon cul, et que tu as dû déverser en moi et me faire jouir un océan de sperme.
Il éclate de rire avec moi.
– Y a pas à dire t'es un poète mon bébé, mais je t'ai déteint dessus sexuellement. Et c'est parfait !
– Aller fais-moi trembler, ô mon divin chéri !
Il me fait un dernier baiser et pose ses mains sur mes hanches. C'est parti pour plusieurs heures de délicieuse luxure… Joyeux Noël !
Le lendemain, je me réveille assez tôt et décide d’aller poser les cadeaux au pied du sapin discrètement. Comme par hasard, j’ai eu la même idée que Damien, qui lui semble revenir d’une petite sortie…
– Bonjour mon frérot ! Bien dormi? Déjà levé à ce que je vois.
Je lui fais la bise sur ses joues glacées avant de lui répondre :
– C’est toi qui me dit ça, alors que tu as bravé le froid !
– Oui, mais j’avais une bonne raison…
Il jette un coup d’oeil au cadeau à côté duquel il se trouve et je vois que je le dérange. Je pose donc rapidement mes sacs, dispose les paquets et disparais, non sans avoir entendu Damien manquer de s’étouffer alors qu’un petit couinement s’est fait entendre.
J’appelle mes parents après avoir rapidement calculé qu’il doit presque être onze heures en France :
– Allô ?
– Bonjour Maman ! Joyeux Noël !
– Bonjour mon poussin ! Comment ça va ? Il y a de la neige à New-York ? Tout le monde va bien ? Et ton chéri ? Et Damien ? Et son chéri ?
– Du calme Maman, laisse-moi un peu de temps pour répondre aux questions, tu sais que je vais les oublier sinon !
Nous rigolons. Mon dieu, je n’en reviens pas, mes parents passent bien les fêtes avec ceux de Damien, ma mère a pourtant des nouvelles par Sarah, et c’est deux pipelettes; elle n’a pas mal à la mâchoire ?
– Bon, dis-moi tout. En tout cas, magnifique votre décoration ! Et vous étiez très beau en photo.
Je manque de m’étouffer.
– Hein ??? Quelle photo ?!?
– Bah dans les magasins, avec votre bonnet rouge, à un moment tu embrasses Thomas, et Damien et Matt ont fait la même chose au même moment. Vous êtes vraiment adorables. Vraiment, l’amour, sous toute ses formes, c’est magnifique. Ahlala mon poussin, tu sais qu’on a été obligé d’utiliser le compte de Sarah pour trouver ton ami de fac et voir ces photos ? Tu devrais nous en envoyer ou créer un compte, déjà que tu nous manques à papa et moi, mais si en plus on ne voit même pas de belles photos comme ça de notre grand garçon… Surtout que ton chéri s’est découvert une passion pour ça.
– Tu sais que j’aime pas être pris en photo… je me trouve pas si bien.
Je l’entends presque soupirer et je l’imagine rouler des yeux. Combien de fois a-t-on eu cette discussion quand j’étais encore à la maison, et encore plus quand j’ai commencé le sport ?
– Tu vas pas me dire que tu te trouves gros ou quoi ? Tu manges hein ? T’es pas anorexique ?
– Maman ! J’aime trop manger pour être comme ça ! Je suis normal, enfin même un peu musclé, c’est très bien. Mais voilà quoi. Tu sais que j’ai jamais aimé être pris en photo.
– Oui. M'enfin pour un garçon normal ou banal, tu en as fait tourner des têtes.
Cette fois c’est moi qui roule des yeux. Je n’aurais jamais dû lui raconter tout ça. Je continue à lui parler pendant plus d’une heure, quand j’entends John demander derrière elle si elle peut venir manger. On se fait donc de “gros bisous”, puis nous raccrochons. Je vais pouvoir retourner voir mon petit copain.
Je retourne dans la chambre, me glisse sous la chaleur du chapiteau une fois nu. La seule chose qui a bougé pendant mon absence c’est le sexe entre ses cuisses. Ce mec est incroyablement chaud, c’est terrible. Ceci dit je suis incroyablement calin. Et même s’il n’a pas bougé, il doit être réveillé puisqu’il m’attire contre lui et glisse un doigt sur ma patinoire.
– On se calme, tu as eu plus que ce qu’il faut hier soir…
– Mmmmh, t’étais trop chaud, c’était super bien.
La masse de muscles me tombe dessus et j’ai l’impression d’étouffer sous une bouillotte, qui a en plus le bouchon qui me scie la hanche. Je lui fais la remarque, mais j’aurais plutôt dû me taire : les quatre-vingt dix kilos de muscles remontent jusqu’à me présenter l’engin turgescent.
– Fais-le dégonfler alors, bois ton biberon bébé.
Ai-je vraiment le choix ? Voir son torse massif, ses biceps gonflés, sa légère barbe – pour une fois il n’est pas rasé de près. Mon propre pieu est raide et vient taper sur mes fins abdos. Je soulève donc le bras pour palper ses carrés fermes et descends empoigner l’épaisse branche. Je décalotte le bourgeon et ouvre la bouche. Il me laisse faire, sans me presser.
– T’es vraiment trop mignon avec ton air innocent bébé. Vas-y occupe-toi juste de la tête.
Je stimule donc selon son désir son gland et pas au-delà que la couronne. Il s’occupe de se branler le reste du morceau doucement, et je sais que la pression monte petit à petit dans le lourd paquet qui me tombe par à-coups sur les pectoraux. Puis il abandonne carrément ma bouche pour s’astiquer plus franchement sans risquer de me mettre la main dans la figure. Ses cuisses se tendent, je vais me prendre une faciale d’un instant à l’autre. Tant que je n’en ai pas dans les yeux… il me fixe d’ailleurs en se mordant les lèvres.
– Ouvre la bouche bébé ! Le sucre d’orge est prêt à te donner son lait de coq !
Mais c’est qu’en plus il a les blagues en raccord avec la saison ! Je ne fais pas cette remarque – qui n’est pas sarcastique puisque mon mec me fait beaucoup rire, donnant raison au proverbe “homme qui rit finit dans ton lit” (pas toujours vrai ceci dit) – et écarte la mâchoire. Ma seconde de réflexion me fait cependant prendre juste la pointe du glaive au bord des lèvres, ce qui n’est pas suffisant; les longues rasades s’échappent donc, coulent sur mon menton et finissent sur mon sternum. Il s’amuse ensuite à me l’étaler sur le torse, et s’en met même sur les tétons, pour ensuite me les tendre. Je les suçote avec plaisir, j’adore jouer avec son corps ! Après cela, mon chéri (légèrement) obsédé me laisse enfin aller me nettoyer, je profite de m'accorder une petite douche pour me rafraîchir. Quand j’en sors, je vois Matt les yeux tout ensommeillés qui regarde dans le salon le pied du sapin couvert de cadeaux.
– Mais qui a amené tout ça ?
– Le père Noël ?
Damien débarque derrière lui, sautillant, et s’écrie :
– Aller ! C’est l’heure de les ouvrir !
Nous venons donc devant le petit train que nous mettons à tourner, puis ouvrons la lettre que nos parents nous ont écrite. Quatre chèques, avec comme explication que nous n’avons pas fait de liste à nos papas Noël, donc maintenant nous pouvons en faire ce que nous voulons; j’adore l’air ébahi de Matt, a priori même Thomas ne doit pas lui donner autant pour leurs cours particuliers. Ensuite, mon chéri veut que l’on ouvre ses cadeaux : ils consistent en des billets d’avion, puis location de voiture pour rejoindre une ville à la bordure canadienne. Différent pour moi ou le couple, afin que nous décidions si nous y allons ensemble ou séparément. Malin ! Mon chéri me tend ensuite deux paquets. Un immense et un petit. J’ouvre le grand, découvre une boîte avec costume complet, exactement sur mesure; puis une petite boîte à bijoux, qui m’assèche la bouche. Je sens que je pâlis et que j’ai les jambes flageolantes. Je l’ouvre, pour découvrir une épingle en forme de coeur, trop mignonne, avec une inscription à l’intérieur : Big Boss Property (avec tout mon amour) T. Je lui saute au cou pour le remercier. Puis c’est Matt qui nous offre nos cadeaux. Une petite figurine pour son chéri, qu’il n’avait pas, une malette pour Thomas avec un double fond permettant de cacher des choses – mais surtout des jouets coquins – et pour moi un accessoire indispensable pour ma cuisine : un moulin à muscade. J’embrasse les trois garçons avec un énorme baiser sur la joue. Damien ricane de la gêne de Matt, qui n’est pas encore habitué à mes gentilles et débordantes démonstrations d’affections. Puis j’offre mes cadeaux, comme je sais que Damien veut passer en dernier. Un nouveau pc pour mon frère, qui propose ainsi de donner son ancien à son chéri – et lui donner de cette façon un outil de travail plus performant sans lui en acheter un – un boitier ne contenant pas une montre pour mon chéri, mais la clé d’un véhicule qu’il découvrira au sous-sol, un paquet avec diverses choses pour Matt : un bâton avec quelques plumes au bout, une petite souris en laine, une balle. Il me regarde, comme si je me moquais de lui. Damien me met mon cadeau dans les mains et fait de même pour Thomas, je découvre donc une place pour un film avec orchestre symphonique, et Thomas des boxers coquins, dont un I’m the Big Boss. Nous rigolons, avant d’être coupés par le même petit cri que tout à l’heure. Je fais un clin d’oeil à Damien, qui laisse Matt accéder à son cadeau.
– Ouvre-le directement au sol hein.
Il a raison de prévenir, on ne sait jamais. Nouveau petit cri, la boîte bouge. Lorsqu'on s’approche, on remarque que les points noirs ne sont pas le motif du papier cadeau mais des trous. Je ne peux m’empêcher de sourire, je sais ce qu’elle contient, je suis de mèche avec Damien; je ne sais juste pas lequel il a choisi.
Matt soulève le couvercle et récupère le petit chaton beige au museau rose qui miaule, cherchant du réconfort. Tous les jours, depuis un mois, Damien vient le voir, le caresse, l’habitue à sa prochaine maison. Je crois qu’il a choisi le plus mignon de la portée, c’est celui qui me rend totalement gaga, et j’ai l’impression qu’il fait le même effet à Matt lorsque nous le voyons se tourner vers son ange blond aux yeux verts et marmonner :
– Il est pour moi ?
– Bien sûr mon Chaton, tu ne pense quand même pas que Valentin est devenu fou et t’offre de tels jouets comme ça ?
Il saute au cou de son Sweetie et le remercie sans discontinuer, l’embrasse, se serre contre lui comme s’il avait oublié la petite boule de poil qu’il a en main. Damien lui rappelle en chatouillant le museau rose du chaton – le vrai – qui a l’air de beaucoup aimer ses caresses et d’y être habitué.
– Bon, bébé, t’as pas intérêt à me réclamer un truc comme ça, c’est hors de question que je devienne abstinent !
Je ricane :
– Ta propriété ne te demandera jamais ça, mais ne compte pas que je sois non plus à réaliser tous tes désirs.
– Hop hop hop pas de chamailleries le jour de Noël !
Damien nous interrompt, mais laisse finalement Thomas marmonner que c’est “surtout parce qu’on travaille ensemble que je suis ton patron” qu’il a fait ça, et que c’est “juste une petite blague de toute façon, c’est pour ça qu’elle est cachée”. Son air de chien battu me peine alors je me hisse sur la pointe des pieds et l’embrasse encore. Pour moi, c’est mon nounours adoré.
Après un délicieux chocolat chaud maison, nous dévorons un panettone – tradition et recette héritées de la grand-mère de mon brun, appliquée chez les Duroc puis par Sarah et John. Puis en vêtement plus proche de la grenouillère ou du pyjama, nous rejoignons notre place de parking au sous-sol. Ma broche fièrement portée au niveau du coeur, j’attends avec impatience de voir si mon cadeau va autant faire plaisir à mon grand nounours. Lorsqu’il clique sur la clé, je vois qu’il pense que j’ai dû acheter la grande soeur de son ancienne moto, avec les phares qui s’allument et le frein moteur qui se déverrouille. Sauf qu’il a oublié qui est son mec, ça serait beaucoup trop simple… et surtout je sais exactement laquelle il rêve d’avoir. La clé se “casse” donc et laisse apparaître un bout de métal plus ancien. Il en tire une clé plus compacte encore, cherche donc, trouve le drap noir derrière ma voiture et soulève… la moto toute emballée. Je me suis bien amusé à faire ça. Je le vois me faire un grand sourire, surtout vu la largeur de la moto – même si j’ai trouvé ce très rare modèle qu’il peut modifier facilement pour en faire un deux places, j’ai aussi pris le side-car détachable. Une petite pochette tombe quand il commence à déchirer le papier, il n’y prend pas garde au départ, regarde ensuite juste la carte grise pour confirmer. Oui, je lui offre bien une BSA Y13 de 1938, au double cylindre de 750 chevaux. Verte d’origine, il y a quand même quelques travaux à faire dessus, et je sais qu’il sera ravi de s’en occuper. Même si j’adore ça, au moins ce n’est pas mon moteur qu’il démontera dans tous les sens pendant ce temps-là !
– Thomas, tu m’étouffes !
Deux secondes ont suffi au brun pour m’attraper et me broyer contre lui. Je le supplie de me laisser valide, j’ai encore tout un repas à préparer, avec leur aide s’ils veulent bien. J’ai même prévu des plats dont Matt peut terminer la pâte, ou des ingrédients en trop pour qu’il commence déjà à s’empiffrer. Mais Damien lui rappelle que le buffet d’hier soir va être petit à côté de ce que j’ai prévu pour ce midi. Il se retient donc, ne glisse qu’un doigt par-ci par-là pour goûter.
Le grand frère de mon chéri arrive quasiment à midi, alors que je suis en panique sur mes desserts et une entrée qui n’est pas comme je le voulais. La table n’est pas mise, et je me dis que les autres invités vont débarquer incessamment sous peu, ce qui me fait paniquer. C’est le moment de stress trop intense et je renverse une préparation. Résultat : perte de temps. Par chance pour moi, j’ai fait tomber quelque chose de solide, c’est plus rapide à nettoyer. Mais les autres invités arrivent avant que j’aie terminé. Thomas me prend dans ses bras et me dit de ne pas stresser, ça ne sert à rien, je vais y arriver. Damien. J’ai besoin de lui. Malgré Matt, malgré les autres, je l’attire dans la cuisine et viens dans ses bras. Je vois bien que ça ne plait pas du tout au Chaton.
– Ne t’en fais pas mon p’tit ami, y a juste des fois où je n’arrive pas à le calmer et seul, Damien l’apaise. En même temps, tu as vu tout ce qu’il a voulu préparer… C’est pas possible, même avec quatre paires de bras !
Je jette un regard d’excuse à Matt, qui vérifie notre entre-cuisse, légèrement suspicieux.
– Non Matt, ton blondinet n’est qu’à toi. Mais ses câlins c’est juste… je sais pas. Depuis le début c’était ça en fait, c’est le frère que je n’ai pas eu.
– Ouais bah fais attention à ton petit cul, il ne va pas en rester grand chose si tu l’approches de trop près !
Thomas rigole :
– Ne t’en fais pas, il a plus que ce qu’il faut de ce côté là avec moi !
Matt rigole avec le Big Boss et semble me pardonner, ils vont ensuite aider Peter et Charlie à mettre la table. Quand notre dernière invitée arrive, Matt nous présente tous, elle nous fait la bise et nous donne un petit carton d’herbes médicinales “pour le rhume”. En la voyant, j’ai tout d’abord l’impression que la brune au long manteau qui couvre un châle et une grande robe rouge sombre, la Bella Donna gentiment nommée Mémé Weed, est une véritable mamie gâteau, avec des yeux perçants qui lisent tous tes secrets. Mais l’instant d’après, c’est comme si la lumière est restée allumée sans personne à la maison…
– Matteo ! Je t’ai apporté un cadeau ! Tu pourras aller pêcher dans le parc, tu adores ça.
Le Chaton rougit et remercie la vieille.
– Pourquoi est-ce que vous avez mis les drapeaux Catalan et Suisse sur la table ?
C’est Damien qui se charge de répondre à la vieille :
– En fait Mada… euh Isabella, c’est une nappe sur laquelle on a mis des petits chemins de tables qui font penser à des sucres d’orges, des même couleurs que ceux à manger dans les verres.
– Je t’ai dis de ne pas me dire Madame, Damien, mio carino. Ooooh le joli chaton ! Qu’il est trognon ! A qui est-il ?
Matt s’exclame un grand sourire sur les lèvres :
– Damien me l’a offert !
– Tu sais déjà comment tu vas l’appeler ? C’est important de lui donner un nom rapidement, sinon il ne saura pas quand tu l’appelles. Ahlala Matteo, tu vas voir, c’est comme les enfants, quand on en a un on en veut un autre ! Tu sais que Carmen en a eu treize ? Des chats. Une tortue aussi. J’ai dû garder la carapace, elle était toute colorée.
– La carapace c’est dans les mers du Sud avec Ricardo Mémé, Carmen n’a eu que des chats. Son dernier est noir et il m’aime bien.
– Mais non, pas cette Carmen là ! Ma soeur, Carmen. C’est d’ailleurs moi qui m’occupais de sa tortue. Une cistude d’Europe. Je l’utilise comme pot de fleur, tu ne l’as peut-être pas vu. Et donc le nom ?
– Cuddle, parce qu’il a l’air de beaucoup aimer les câlins, surtout de Damien.
– Je crois que ce n’est pas le seul, cet Angelo come adorabile que toi, Matteo.
Puis l’esprit de la vieille un peu folle change de sujet, déraillant tantôt sur le train, tantôt sur les odeurs qui viennent de la cuisine, sur les jumeaux – elle semble croire que Peter et moi le sommes – et d’autres choses. Elle me fait rire, je comprends pourquoi Matt l’apprécie, et pourquoi Damien lui a dit de l’inviter.
– Bon, alors, my bro, que nous as-tu donc préparé de delicious ?
– Je te laisse découvrir le menu après avoir choisi ta place.
Trois invités se précipitent autour de la table, hésitent sur le choix de la chaise à prendre. Owen veut être à côté de son frère, qui me veut à ses côtés, tandis que moi j’aimerai bien être au milieu de la table – que nous avons rallongée pour pouvoir mettre les huit personnes, en plus de tous les plats que j’ai prévus. Nous finissons donc avec Owen et Charlie en bouts de table, Thomas et Peter qui m’encadrent, tandis qu’en face j’ai Matt encadré par Mémé et Damien. Le plus important est que j’aie un accès facile à la cuisine, aidé par mon chéri; je mets Matt et Damien au rang des invités, qui eux ne doivent pas venir découvrir tous mes secrets.
Enfin de toute façon, les “secrets” du repas sont inscrits sur le menu que j’ai écrit, imprimé, et sur lequel trois des invités qui n’ont pas assisté aux préparatifs se rincent l’oeil, tandis que la charmante Isabella, sur sa planète, tente de faire un premier contact avec le chaton de Matt en le chatouillant avec la plume. Ils découvrent ainsi le thème très italien plus que provençal, en lien avec mes deux hommes préférés :
NNY
(Noël à New-York)
Apéritif
Foie gras et ses canapés variés, confiture de figue et compotée d’oignons
Pain à l’huile d’olive, mozzarella buffala et tomates du jardin
Saumon fumé et blinis du chef
Entrées
Bruschetta à l’ail
Moules marinières et spaghettis
Risotto de Saint-Jacques
Plats
Brocolis sauté au vinaigre balsamique
Fagots de haricots verts
Filet de canard à l’orange et patates braisées
Filet mignon aux marrons et confiture d’airelles
Poivrons à la provençale
Dessert
Biscuits au amandes
Budino au chocolat et zeste d’orange (crème/flan sans oeuf ni beurre)
Glace à la vanille
Tarte sablé ricotta mascarpone, nappée de chocolat et son coulis de framboise
Tiramisu café-chocolat
Boissons à la demande
Eau plate / pétillante
Jus aux épices de Noël
Alcool : Marsala Amarena - Moscato d’Asti - Prosecco dolce
Café, Chocolat chaud, Thé (menthe, gingembre-citron)
Thomas me donne un baiser enflammé, je crois qu'il apprécie que je fasse revivre quelques souvenirs de sa grand-mère; Damien me fait un clin d'œil, il sait que le "provençal" est pour lui. Par contre, je ne peux m'empêcher de bafouiller une excuse auprès de notre invitée, peut-être déjà habituée à manger toutes ces choses.
– Oh non, je suis italienne mais je n'ai pas les moyens de faire tout ça ! Seulement les pasta, que Matteo aime beaucoup.
Je vois Cuddle qui passe sur les genoux de Matt et regarde ce qui se passe sur la table. Ce chaton est trop craquant, comme ses papas ! Je crois qu'il faut que j'évite d'en avoir un où je vais en être gaga et mon pauvre chéri ne sera plus prioritaire.
Lorsque j'amène l'apéritif puis les entrées, la Vieille me demande si j'ai prévu tout le repas aussi copieux, elle n'en revient pas.
– Quand je pense à tous les gens du quartier qui n'ont même pas les moyens de manger ne serait-ce que ton délicieux risotto !
Je suis gêné. Je regarde Owen, qui hausse les épaules l'air de dire "on ne peut pas aider tout le monde, tu es quelqu'un de bien" alors qui se sert sa troisième assiette - je crois que j'ai bien fait de voir copieux. Matt vient alors à ma rescousse.
– Mais tu pourras prendre ce qu'il aura fait en trop pour le partager, ça te dit ?
Mémé approuve et remercie chaleureusement, mettant fin au malaise et à mon sentiment de culpabilité. Elle s'excuse même, elle ne voulait pas créer un malaise. Elle nous raconte avoir eu un "empire" dans sa jeunesse, et de s'être comportée comme un de ces riches héritières, qui étalent leurs moyens de manière clinquante, et considère comme une juste punition divine ce qui lui est arrivé. Elle se considèrent finalement bien plus riche aujourd'hui, avec ses souvenirs et ses amis – ce que je comprends totalement. À l'inverse elle voit bien que malgré notre aise financière, nous avons les pieds sur terre. Et même si on ne peut pas aider tout le monde, je prends la décision de faire chaque mois un don à une association, et commence en priorité par la chapelle du quartier où vit Mémé, car je sais grâce à Matt que l'association y travaillant utilise tous ses revenus afin d'aider les miséreux du secteur.
Nous sommes interrompus par un appareil qui sonne dans la cuisine. Ce qui est pratique, c'est qu'ils font tous le même, et je me lève donc pour constater simplement que le lave-vaisselle a fini sa tournée, pas que c'est le four pour mes deux plats. J'en profite cependant pour les vérifier, et je fais bien : j'évite ainsi le carbonisage des marrons.
Notre repas continue et nous en apprenons plus sur tout le monde, mais principalement sur nos invités. Owen en revanche n'est pas très loquace, mais pour sa défense il passe son temps à avoir la bouche pleine – même Matt ne dévore pas mes plats avec autant de voracité que lui. Et même si nous ne sommes pas tous de la même famille, j’ai vraiment le sentiment que ce long repas réunit notre grande famille – sauf qu’il y a une bonne ambiance et pas de tonton bourré.
Le plat avalé, nous passons au dessert, et encore une fois, j’ai fait quelque chose qui n’est pas au goût de Matt : tous ce qui est noix, il n’aime pas. Owen rigole que le chaton est un peu compliqué, mais que ça nous en fait plus, et qu’il sont délicieux. Servi avec un petit thé digestif pour faire passer l’ensemble du gargantuesque repas, pour faire ressortir les arômes cachés dans mes délices sucrés...
Une fois terminé, en milieu d’après-midi, nous emballons astucieusement les restes pour que Mémé les emporte, elle décide de rentrer immédiatement à cause de la neige qui recommence à tomber. Peter et Charlie la raccompagnent pour l’aider à porter.
– En tout cas je suis très contente pour toi Matteo, tu as trouvé un très joli foyer. Si vous voulez venir passer le nouvel an chez moi j’en serai ravie, comme ça tes amis visiteront mon joli appartement.
– C’est peut-être un peu encombré pour qu’on vienne, déjà que je casse un truc presque à chaque fois que je viens…
J’ai aussi l’impression que Matt ne regrette pas trop les murs fins et l’ambiance froide et humide des appartements miteux, ou alors il faut qu’il emmène sa bouillotte humaine.
En tout cas, une fois nos invités partis, je sais déjà ce que nous allons manger ce soir : une orange et un chocolat chaud ! Et s’il y en a qui ont encore faim, il reste les petits fours d’hier soir. Personnellement, je vais plutôt entamer un coma digestif contre mon chéri jusqu’à nouvel ordre...
* * *
"Aucune
reproduction, même partielle, autres que celles prévues à l'article L
122-5 du code de la propriété intellectuelle, ne peut être faite de cette œuvre sans l'autorisation expresse de l'auteur"
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Laissez-nous votre avis !