Frenchies in a New World - Chapitre 17

 Chapitre 17 - Damien


    Nous sommes déjà le vingt janvier. C’est la reprise des cours après quelques chutes de neige spectaculaires la semaine dernière - qui nous ont accordés quelques jours de vacances supplémentaires.  La rentrée signifie aussi la préparation prochaine de Matt pour sa titularisation, probablement en mars ou en avril. À part ses cours et l'aide des différents intervenants que je lui trouve pour l'aider à valider du premier coup - même s'il n'y a aucun doute qu'il y arriverait seul - nous passons tous nos moments ensemble, de manière romantique ou un peu plus chaude. Je prépare mes sujets durant ces courts laps de temps, car dès que nous sommes ensemble, c'est impossible de nous retenir : si c'est lui qui travaille, c'est moi qui l'excite en me collant à lui pour réclamer un câlin qui finit par déraper, si c'est moi, il vient réclamer des papouilles, ce qui conduit au même résultat. De quoi faire remarquer au grand nounours que son bébé n'a jamais été si chaud au début... Câlin, tendre et amoureux oui, débridé non. Même si désormais ce temps est révolu, j'ai cru comprendre qu'eux aussi s'amusent bien au travail...

    Heureusement que leur patron est compréhensif ! Il doit surtout faire pareil, tout en hissant son entreprise au rang mondial à force de persévérance. Théoriquement, ses deux amis et bras droits l'aident et gèrent l'activité économique de la filiale. Personnellement, j'ai surtout l'impression que le rouquin accumule les tâches, et remplace même officieusement le sous-directeur... Je devrais le conseiller, car s'il a des rajouts de fonction, le salaire doit suivre! Et qu'il soit plus élevé que la moyenne au départ n'y change rien. D'accord il faut être gentil avec ses amis et ceux qu'on aime, mais ce n'est pas une raison pour se faire entuber. Je vais aussi en discuter avec Nicolas, il m'a bien écouté la dernière fois quand je lui ai parlé d'éthique.

    En attendant, alors que j'expose patiemment aux étudiants attentifs les subtilités de la génomique - pourquoi m'a-t-on refilé ce cours horrible où personne n'y arrive avec facilité ? - je vois l'ancienne copine de prétentieux premier se pencher vers Peter. Je suis bien curieux de savoir ce qu'elle peut lui demander, elle qui était a priori dans le groupe de crétins anti-rouquins gays. Tous le monde peut-il vraiment s'améliorer ?

    Probablement que non. Au fond on ne change pas. Je le constate lorsqu'une fois la pause venue, je regarde mon téléphone avec un message et plusieurs appels manqués de Nicolas, comme de nombreuses fois par le passé : "J'ai merdé... Faut qu'on parle stp"

    Et voilà, ça recommence ! Je crois qu'il n'est pas fait pour être en couple. Ce n'est pas que ça me gêne d'aider mes amis, mais faire en sorte qu'il ne passe pas pour un mauvais garçon et justifier son comportement est un peu agaçant. Il ne peut pas se débrouiller, à force? Ne tire-t-il vraiment aucune leçon de ses erreurs ? J'en ai assez de l'aider là-dessus. Mais il le sait. Donc... Il ne doit pas y avoir que ça. Je l'appellerai ce midi.

    J'avoue oublier légèrement mon ami quand mon Chaton m'attend à la sortie de l'amphithéâtre pour manger. Je lui ai vraiment bien choisi ses vêtements, je le trouve désirable et sexy à souhait dans cette chemise, tellement mignon avec son air innocent qui s’illumine en me voyant. Il se blottit contre moi et nous nous embrassons dans le couloir, pourtant un peu fréquenté. Je le fais rentrer dans la classe avant qu’on ne nous remarque. Là, je n’ai même pas le temps de fermer la porte qu’il est déjà assis sur mon fauteuil face au bureau, un sourire coquin sur les lèvres, l’innocence disparue et remplacée par cet amour et cet appétit sexuel que je sens également monter en moi. Désormais, je comprends mieux pourquoi Thomas me comparait l’amour qu’il ressentait pour Valentin à de la folie. Un regard de mon Chaton et je suis prêt à tout ! Et en ce moment, son regard semble vouloir une autre sorte de repas.

– C’était sur quoi ton cours aujourd’hui ?

– Ce n’était pas hyper passionnant : en dehors des petits pois de Mendel, beaucoup d’étudiants sont perdus.

– Mais je suis sûr que mon prof sexy rend ça non seulement compréhensible, mais aussi très intéressant.

    Je m’approche pour l’embrasser encore tout en sortant notre repas - même s’il risque de nous attendre un peu puisque mon mec m’allume plus ou moins volontairement. Mais très peu, je n’ai pas énormément de temps pour manger. Il le sait et hésite à attendre ce soir. Je vois le combat dans son esprit alors qu’il regarde ma bosse ; elle prend du volume entre mes jambes, mais j’essaie de me retenir. Son estomac gronde, je tire donc une chaise et m’assois pour ouvrir la boîte qu’il a été réchauffer. Nous mangeons en discutant, et je le vois pensif, même s’il participe à la discussion. Le temps passe vite et déjà c’est l’heure de reprendre nos cours. Je l’embrasse, une petite peine au coeur de devoir le quitter, mais je sais que je vais vite le retrouver. Vivement ce soir !

    Mes cours de l'après-midi se passent mieux, le sujet étant plus simple, et la perspective du week-end qui approche motivent les élèves. Le fait que je sois resté en chemise plutôt qu'avec ma veste joue également, les coquins! Dommage pour eux, je suis casé et avec le plus mignon des petits copains. Qui m'attend sagement à la maison alors que je quitte la fac peu de temps après la tombée de la nuit. À peine sorti, mon portable vibre, on m'appelle. Je réponds tout en sachant déjà qui est au bout du fil.

– Bonjour Nicolas ! Alors c'est quoi ton problème cette fois? Un plan à trois qui a mal tourné ? Ou un autre ancien amour qui refait surface ?

– Et bien un peu les deux...

Je soupire, je devine déjà avant qu'il m'ait raconté.

– À la nouvelle année, on s'est fait un plan avec deux mecs qu'on a croisé en boîte. Et comme on avait échangé les numéros, je suis retourné les voir pensant que... Quand il a été chez ses parents. Et c'est pas tout... En fait j'ai passé la journée chez les mecs, à baiser, car en fait ils étaient deux couples en coloc. Et dans l'autre couple y avait une bombe!

– Tu penses vraiment qu'avec ta queue, c'est terrible.

– Mais attend j'ai pas fini!

– Nico! Ça suffit, je veux rien savoir de plus sur ta vie sexuelle! T'es mon ami alors j'accepte que tu sois incapable d'être en couple, mais évolues un peu! Si tu peux pas rester fidèle, te mets pas en couple comme ça tu rendras pas malheureux des mecs bien .

– Mais...

– Écoute, t'as quel âge ? Faut savoir ce que tu veux à un moment. Ça fait dix ans que tu fais les même conneries, t'as même laissé filer une perle rare, pour le plus grand bonheur de Thomas - et le sien! Donc tu fais ce que tu veux, mais débrouille-toi, j'ai mon couple et mes deux amis sur place à gérer. Ok ils se gèrent eux-mêmes. Enfin bref.

– Je comprends Damien, tu as tout à fait raison. Je savais que je pouvais compter sur toi pour me remettre les idées en place. Maintenant, je sais ce que je dois faire. T'es un amour.

– T'as pas intérêt à dire ça devant mon mec, je te tue.

– Rhoooo, il accepte bien que Valentin t'aime !

– Parce qu'il sait que Valentin est dévoué corps et âme à Thomas, et pas un accro aux plans culs sans lendemain.

– T'es vache, je sais pas ce que c'est d'aimer, et j'arrive pas à me limiter parce que j'ai trop d'envies...

– Ahah, je sais! Bon tu m'excuses mais j'arrive à la maison!

– Ok, amuse toi bien avec ton amoureux ! À bientôt!

    Je raccroche et oublie immédiatement cette conversation dès que j'ouvre la porte, saisi par l'odeur sucrée qui se dégage de la cuisine et mon chéri qui atterrit dans mes bras. Qu'est-ce que c'est bon... Je me blottis contre lui et pose mes lèvres sur son cou, tendrement. Puis je le porte à moitié pour me rendre dans la cuisine, où mon estomac me mène. Je vois Thomas et le rouquin attablés devant une assiette de crêpes, et alors que je vais m’installer, Matt me retient.

– En fait non, c'est juste pour eux, toi tu viens avec moi !

    Il m’attrape par la main et m'emmène sur le toit,dans la serre, où nous attend une petite table joliment disposée, des bougies. La lumière est tamisée, l’endroit réchauffé et douillet, il s’agit un petit coin romantique rien que pour nous deux.

– Voilà, j'ai cuisiné des crêpes et des galettes avec l'aide de Valentin, et comme je voulais quelque chose qui nous représente tous les deux, le bébé de Thomas m'a donné des produits du sud venus de sa serre, et il a accepté qu’on y passe un peu de temps. Du coup il y a des galettes bretonnes avec des poivrons et d'autres tas de choses que tu aimes, et en dessert des crêpes avec ce que tu veux dedans : miel, sucre, chocolat... Oh et j'ai ça aussi…

    Avec un sublime sourire - qui me fait fondre - il saisit un bouquet sous la table et me l’offre. Je l’écrase contre moi et couvre chaque millimètre de sa peau de baisers. Il proteste que nous avons un repas à manger, puisque je n’ai pas voulu m’occuper de lui ce midi. Le tout dit avec sérieux, j’essaie donc de me justifier :

– Mais Chaton, j’avais très envie, sauf que le vendredi j’ai seulement une demi-heure! J’aime prendre soin de toi et ça prend du temps de bien faire les choses !

Il rigole et m’embrasse :

– J’adore, ça marche à chaque fois! Je sais en vrai Sweetie, je te fais marcher.

– Petit diablotin va !

    Il rigole encore et nous commençons à  manger, je le fais patienter avant de passer à autre chose; puis surtout nous préférons tous les deux manger chaud ! Une petite plaque électrique double et les deux poêles associées nous permettent de préparer nos galettes, elles sont parfaites ! Et au dessert, une thermos de chocolat chaud onctueux accompagne nos crêpes sucrées !

– Sweetie ! Il ne faut pas jouer avec la nourriture !

– Pourtant tu aimes bien ça le chocolat, et aussi que je te suçote les tétons.

    Je ne lui laisse pas le temps d’en dire plus et fait sauter les boutons de sa chemise, suivant les traces de chocolat que j’ai mis dans son cou, puis joue avec ses petites aréoles rosées. Je mets tellement de passion que je le fais tomber de sa chaise, et moi par dessus. Je rigole alors qu’il proteste, et l’emmène sur le canapé en bois choisi par Valentin pour faire de la serre tout à la fois un potager et un jardin de détente. Son bonsaï prend le frais au milieu de la petite fontaine, entouré par du sable noir et blanc cerclé de galets. En dehors de ce petit espace zen, tout est un peu fouilli, comme dans la tête du jardinier, mais les plantes sont disposées de tel sorte que l’on s’évade. Je suis dans un autre monde avec mon amoureux, dans un petit Paradis. Rien ne peut troubler ce moment de bonheur alors que nous sommes allongés côte à côte, nous caressant avec lenteur et sensualité.

– Sweetie ?

– Mmmmh ?

– J’ai pris un rendez-vous pour demain.

– Hein ?

– Oui, vu que je t’ai demandé de venir avec moi pour faire un test. J’ai demandé à Valentin comment ça se passe, donc on ira à l’hôpital. Mais c’est trois fois rien il m’a dit.

Un chape de plomb me tombe sur l’estomac et il s’en rend compte.

– Qu’est-ce qu’il y a ?

    Il se met sur moi, pose les mains sur mes pectoraux pour les masser et me regarde dans les yeux. Je les détourne en rougissant, j’ai honte.

– Mais quoi Sweetie ? J’aurai peur d’y aller seul, et tu m’avais dit oui donc…

– J’ai peur des aiguilles.

– Quoi ?

– Oui je sais c’est complètement stupide, et j’aurais dû te le dire plutôt que de te faire patienter et repousser.

– Mais c’est pas grave du tout ! Juste il faut que tu me dises ce que tu penses, on est en couple. Et donc je serai avec toi là, ça va aller mon grand petit copain !

    Il rigole de ma réaction, et je me sens de plus en plus bête; j’aurais pu lui confier ça dès le début au lieu de me sentir mal à chaque fois qu’il me parlait de cette foutue prise de sang ! Demain matin donc, nous serons à jour et pourrons bientôt retirer le plastique qui nous sépare pendant que nous nous rapprochons - et finalement tant mieux, mes capotes sont d’une galère inimaginable à trouver ici !

    Le froid nous réveille, nous nous sommes endormis dans le jardin qui a repris une température plus proche des quinze degrés que les vingt d’hier. Aujourd'hui encore, un fin duvet blanc recouvre le monde. Mais les avenues sont dégagées, et le ballet incessant des véhicules dégage la chaussée. Je me recroqueville un peu plus pour conserver notre chaleur, mais Matt se réveille, s'étire, et je le vois frissonner. Puis il regarde sa montre et bondit :

– Sweetie, on va être en retard!

    Nous passons nous doucher rapidement, retenant tant bien que mal nos pulsions respectives, et filons sans déjeuner pour faire notre prise de sang. C'est évidemment pour ça qu'il a pris un créneau tôt, pour que nous soyons à jeun. Exceptionnellement, je sors la voiture, nous serons plus rapidement à l'hôpital que si nous attendons un bus - et de toute façon, il faut bien faire rouler mon véhicule. En plus, je peux me concentrer sur autre chose que ce qui approche... Car une fois devant l'accueil, dans cet hôpital qui me fait penser à une fourmilière, je pâlis. Je sens que je vais tourner de l’oeil, mais mon Chaton me prend la main et me marmonne quelques paroles rassurantes. Je reprends légèrement contenance devant l'infirmière pour demander la direction. Puis la panique l'emporte et tout est flou, jusqu'à ce que nous soyons dans la salle d'attente. J'ai presque la tête qui tourne, alors je m'accroche au petit bout de chaleur qui m'accompagne. Notre tour vient trop rapidement, et pour terminer mon calvaire plus vite, je suis le premier à passer.

    Nous voyons d'abord un jeune médecin, qui, au vu de mon teint limite cadavérique, demande si je suis en hypoglycémie. Je le rassure un peu en disant que c'est la prise de sang qui me fait peur.

– Ne soyez pas effrayé voyons, notre infirmière est top, vous n'allez rien sentir !

    Il nous crée ensuite un dossier, première venue oblige, puis confirme que nous voulons tester "la totale". Oui, dépistage complet. En plus de la prise de sang nous avons donc le droit de remplir un petit pot d'urine et de faire un petit frottis de chaque côté. Le docteur nous laisse cinq minutes dans son bureau pour que nous le fassions nous-mêmes, et nous taquine avant de sortir :

– Pas de bêtises hein, je reviens vite.

Je dirais presque heureusement que nous n'avons pas le temps, car voir l'intimité de mon chéri me donne envie de le dévorer, et je marmonne :

– Vivement que ce test soit fait et qu'on constate qu'on est parfaitement clean, je vais te faire l'Amour dans tous les sens au point de rendre jaloux Thomas quand tu lui raconteras!

Matt rougit, semble apprécier ma proposition mais commence à réfuter ses confidences au grand brun.

– Je sais que c'est lui qui te racontait d'abord, mais tu te confies aussi! Et c'est pas grave Chaton, c'est même très important d'avoir un confident à qui on peut tout dire, qui n'est pas spécialement son chéri. C'est la relation qui m'unit à Valentin, frères et confidents. Tu vois?

– Donc je n'ai rien craindre de lui!

– C'est ça.

– Bah je le savais, je te fais juste un peu marcher - puis je suis un peu jaloux d'accord - car vu ce que Thomas me dit, il lui est totalement accro ! Rien à voir avec lui et toi.

    Je l'embrasse et nous finissons de nous rhabiller quand le médecin revient. Même si je suis toujours un peu inquiet, cette conversation m'a rassuré. Nous retournons donc nous asseoir en attendant la piqûre.

    Lorsque nous sommes appelés dans la nouvelle salle pour le prélèvement, Matt me laisse m’installer en premier et me prend la main. L'infirmière tente de me rassurer, mais je détourne les yeux dès qu'elle sort son matériel à usage unique. Je ne veux pas regarder, je veux éviter de tomber dans les pommes. Je sens le garrot autour de mon bras alors que je dois serrer le poing, et ne ressens ensuite que l’appui du coton sur le point de piqûre. Je regarde la femme, un pipette de sang entre les mains, qui colle l’étiquette avec mon nom dessus, alors que Matt tient la petite boule antiseptique.

– Dites donc, votre copain est pas bien hein, il est tétanisé par les aiguilles c’est ça ? Enfin c’est fini pour lui, et j’ai déjà vu des hommes bien plus… massifs, tomber comme une feuille à la vue de leur sang.

    Je ne fais pas attention à la conversation, pas plus qu’avant de me faire piquer, et cède ma place à mon Chaton. Je lui prends la main, et regarde ses yeux, alors que lui suit les mouvements de l’infirmière. Il me fixe uniquement à un moment, avant qu’un “et voilà” retentisse. De ma main libre, j’appuie sur le pompon blanc le temps qu’il ait son petit pansement, puis nous laissons la jeune femme à son travail, non sans qu’elle nous gratifie d’un “vous faites vraiment un couple trop mignon”. Et maintenant, nous n’avons plus qu’à attendre les résultats dans la semaine.

    Une fois rentrés, les surprises commencent : un camion est stationné devant l’immeuble où Thomas et Valentin travaillent, et une fois dans l’appartement, nous entendons des voix dans le salon. Il est là, abandonnant derrière lui ses erreurs, incapable de les assumer. Matt découvre ce cher Nicolas, à son habitude en mode beau gosse. Mais alors qu’il s’approche de moi pour me dire bonjour, et en même temps de mon chéri avec son sourire charmeur, Valentin lance dans un grand soupir :

– Matt, on te présente Nicolas le dragueur, fraîchement célibataire. Ah et notre patron en option.

    Mon Chaton semble un peu perdu, comme chaque gentil garçon innocent qui rencontre le diable sexy qu’est Nicolas.

– Valentin ! Il me connaît pas tu lui donnes déjà une mauvaise opinion de moi !

– Oh pardon ! C’est vrai, à part ce détail, tu es quelqu’un de généreux avec tes amis.

    J’interroge le rouquin du regard, et je comprends ce qui le pousse à agir comme ça; son grand patron a tenté un rapprochement. Au vu des deux Duroc qui se marrent devant l'air agacé du rouquin, Nico s’est pris le plus gros râteau de sa carrière. Je souris. Si l’un est très volage, l’autre est d’une fidélité à toute épreuve - surtout lorsqu’il aime. Son grand brun est rassuré désormais, même son splendide “jumeau” trentenaire ne le détrônera jamais.

    Après cet accueil plutôt glacial, je prends Nicolas à part pour savoir quels sont ses projets; en dehors de sa vie autonome sans nous, puisqu’il habite dans le bâtiment qui est à la fois sa maison et son travail, il ne compte pas déranger le rythme que nous avons mis en place. Et s’il viendra à l’occasion manger avec nous, nous pouvons préparer nos vacances comme nous l’avons prévu. En plus, je tourne le sujet sur l’entreprise, et il me dit de lui-même qu’il va revaloriser le contrat de ses deux amis, qui auront cependant quelques tâches en moins maintenant qu’il est présent : Thomas est désormais son chercheur de véhicules motorisés de toute sorte à réparer, Valentin le sous-directeur, et il a demandé à Owen d’intégrer son entreprise en tant qu’expert en investissement, et autres menues fonctions liées à l’expérience du grand brun des banques américaines. Il a vraiment tout prévu ! Même une carte bancaire pour que Thomas fasse tous ses achats. Une seule règle : n’utiliser celle-ci que pour les achats liés à sa fonction, il doit se débrouiller avec son chéri pour se faire débloquer sa carte personnelle. Heureusement que Matt ne peut pas lui prêter d’argent ! Tout ça pour une histoire de cadeaux et de sex-toys… Ceci dit il faut que je me méfie si j’ai moi aussi un jour un compte joint avec Matt, il serait capable de se venger pour tout les cadeaux que je lui offre !

    Le début de semaine passe bien vite pour tout le monde, et les nouveaux changements n’en impliquent pas d’autre. La branche de Nicolas s’est légèrement désolidarisée de celle de son père, il gère à sa façon et selon ses envies, n’écoutant que les avis de son conseil d’administration, composé des quelques personnes de confiance qu’il garde près de lui. Mais il a le dernier mot, jouant de son charme, et si cela ne suffit pas, de sa poigne d’acier associée à la main-mise sur la moitié de l’entreprise de base. Il est tout à la fois un requin financier et un amant insatiable !

    À l’inverse, avec Matt nous avons été très calmes ces quelques jours, gardant notre énergie pour la “révélation”, le moment où nous allons enfin nous passer du latex dans notre relation. Contrairement à l’habituel mécanisme français où il faut se redéplacer pour avoir ses résultats, ici ils nous seront communiqués par téléphone. Est-ce mieux ? Dans le cas d’un résultat positif, comment est censé aider la personne au bout du fil qui annonce la mauvaise nouvelle ? Enfin, c’est le même principe pour les personnes qui se découvrent atteinte du VIH avec un autotest, chez eux. Le choc, et personne pour vous soutenir. Et j’espère que nous serons appelés à la suite, l’un après l’autre, car je ne sais pas si l’on peut demander à avoir le résultat de l’autre en même temps : ce n’est pas le même dossier, nous sommes deux patients différents.

    Mon portable vibre pile au moment où je sors de cours, et je m’empresse de rejoindre la salle où m’attend Matt pour décrocher - elle est par chance à quelques pas, je décroche donc juste après quatre sonneries. Mais ce n’est pas le coup de fil attendu, c’est Nicolas qui veut emprunter Owen pour la soirée; le grand brun peut en effet lui faire découvrir les coins chauds de New-York, puisqu’il n’a plus de secrétaire pour lui lustrer le chibre.

    Alors que je raccroche après lui avoir donné le numéro du frère de Thomas, c’est le téléphone de mon Chaton qui vibre. Il décroche aussitôt :

– Allô, bonjour monsieur, c’est l’hôpital de New-York, centre de dépistage. Vous êtes venu il y a peu faire une visite.

– Oui.

– Vous allez trouver bientôt en pièce jointe sur le mail fourni le récapitulatif de votre test, qui s’avère être positif, j’en suis navré.



– Pardon ?

Mon coeur a raté un battement. Matt, positif ? Mais pourquoi ? Je suis le seul à l’avoir touché, et il ne s’est jamais drogué.

– Oui, je suis navré Monsieur Descutes, les résultats sont formels.

Mon copain, aussi pâle que moi, rectifie d’une petite voix :

– Je… Je me nomme Descôtes…

– Oh ! Pardon, je me suis trompé de ligne ! Matthieu Descôtes ! Non, tout est négatif! Vraiment navré.

Je ne peux m’empêcher de me montrer très agacé.

– C’est une blague ? Vous ne savez pas lire un rapport ?

– Ecoutez monsieur, je suis vraiment désolé de cette erreur, et je comprends bien la frayeur que vous avez dû avoir à la base. Mais nous sommes en sous-effectif depuis des mois, j’ai passé des appels, rédigé des mails et lu ces lignes de résultats toute la journée.

– C’est pas grave chéri ! Excusez-le monsieur, il n’y a pas de soucis, l’essentiel est d’avoir finalement échoué au test, si je peux dire ça.

– Merci, oui, félicitation pour votre échec ! Et encore toutes mes excuses… Par contre vous n’avez pas précisé la préférence sexuelle dans le questionnaire - totalement anonyme, je le vois dans le papier rempli pour votre dossier - je dois donc vous préciser qu’en cas de rapports homosexuels, ou de voyages à l’étranger, il serait préférable de vous faire vacciner contre l’hépatite B notamment…

– Oui ne vous en faites pas.

– Excusez moi de vous déranger un peu plus mais la personne suivante, Damien Tendrecoeur, est-il votre petit ami ? L’infirmière qui me les a donné tout à l’heure m’a demandé de donner les deux en même temps.

– Oui c’est moi, grommelais-je.

– Et bien tout est négatif, vous avez même les anticorps du vaccin hépatite A et B. Sur ce, je vous laisse profiter de la joyeuse nouvelle et vous souhaite tout le bonheur possible messieurs !

    Les bip marquent la fin de la conversation alors que nous nous sommes attrapés pour nous rouler une pelle avec Matt. Nos lèvres se mouvent, nos langues se rencontrent, c’est un moment magique. Nous nous détachons car mon portable vibre, mais juste signe d’un sms, envoyé par le rouquin : “Je sors avec Thomas ce soir, le repas est prêt si tu veux manger avec ton chéri! Bonne soirée!”

    J’attrape la boîte de capotes dans mon sac, vise la poubelle, rate. Matt la ramasse, se remet à côté de moi, et met cette fois le panier.

– On va mettre d’autres paniers une fois rentrés je crois.

Je souris et commence à mettre ses affaires dans son sac. Je veux faire ça au calme, chez nous, et pouvoir profiter de ce moment, de cette première fois sans capote pour moi - et pour lui aussi.

    Le retour est un peu long, les basses températures ont gelé l’humidité au sol et l’asphalte est une patinoire. Je ne suis pas certain que ce soit prudent de sortir par ce temps, j’envoie un message à Valentin et à Nicolas pour leur dire de faire attention.

– Ne t’en fais pas papa Damien, ils vont s’en sortir, ils ne sont pas seuls.

– Je sais. Mais d’où tu me dis papa, je suis pas vieux ooooh.

– T’es sûr ? Tu vas réussir à bander ?

– Mais tu vas arrêter oui ? Moi qui pensais te laisser mettre le panier en premier, ça va être ta fête !

    Je vois bien qu’il fait exprès pour que je me lâche. Mais une fois rentrés, c’est la cuisine qui nous appelle d’abord à l’unanimité. Et ce filou de Valentin a prévu des choses nourrissantes mais légères, nous allons pouvoir nous enfiler joyeusement !

    Nous dégustons avec appétit les verrines, puis le plat. Pas de dessert : nous nous régalerons de nos crèmes respectives! D’abord sous la douche, où nous faisons le remake d’un film romantique avec baisers sous la pluie, artificielle comme je l’accorde à Matt quand je lui fais la comparaison. J’adore masser son corps, passer autant mes mains que le savon sur sa peau délicate. Il est aussi raide que moi, son sexe pulse dès que je le frôle, et de petits gémissements lui échappent quand je caresse langoureusement -  souvent avec la langue - les zones érogènes de son corps si excitant et merveilleusement harmonieux. J’embrasse son noeud gorgé, après avoir déposé avec ferveur mes lèvres sur tout son torse fin aux muscles légèrement marqués, puis avale ses noix que je fais rouler dans ma bouche. Le rouge qu’il a aux joues et ses lèvres entrouvertes me font me diriger sur une autre zone de son anatomie, il a voulu voir à quel point je suis infatigable, il ne va pas être déçu !

    Je glisse un doigt dans sa crevasse serrée et viens chatouiller le petit oeillet à peine plus foncé que son gland. Il se met à me supplier de m’occuper autrement de sa rosette, de manière plus pénétrante. Il me veut en lui, mais je veux d’abord jouer moi…

    Ma langue vient raper ses belles petites brioches en même temps que je les pétris. Je les écarte, et commence à glisser sur la chair plissée. Je ne rentre pas malgré ses gémissements, ses ondulations : j’attends qu’il se soit ouvert seul sous l’envie, ce qui ne tarde pas. Alors seulement j’entame un anulingus en règle, utilisant toute la longueur de mon muscle chaud et mes doigts pour commencer la lente montée au septième ciel. Quand deux doigts rejoignent ma langue, il en veut plus. Mais non, le plus qu’il aura pour le moment, c’est en bouche ! Une bonne grosse sucette à déguster ! Je lui retire même de la bouche pour lui tapoter les lèvres; ça c’est pour le daddy ! Tu parles d’un papa, tout sculpté, imberbe, avec presque une tête de minet. Il devine ce que je pense et laisse mon bonbon pour remonter le long de mes abdos jusqu’à m’embrasser.

– J’adore te taquiner, Sweetie, c’est toujours bien récompensé après coup.

– Moi aussi j’aime quand tu me cherches un peu, mais en attendant ça va être chaud!

– Super ! Prends ton pied à fond, que je prenne le mien au passage !

    A peine séchés, je le jette sur le lit et plonge entre ses fesses. Ma langue vérifie son ouverture, constate qu’il mouille de lui-même. Je m’allonge donc sur son dos et l’oblige à se poser contre le matelas. Je rentre en douceur, chaud et sauvage mais pas brut, et frissonne de tout mon corps. La sensation est incroyable et décuplée. Je sens encore mieux la chaleur qui émane de son corps, les contractions de son anneau et de ses parois. Je passe mes bras sous ses aisselles et le serre contre moi. Il tourne la tête et je l’embrasse tout en me frayant un passage en lui. Les mots tendres sont légions en même temps, et je le laisse gémir pendant que je me délecte de sa peau soyeuse. Je mordille son lobe au moment où mes derniers centimètres s’insèrent en lui et que je commence un lent va-et-vient. Les rythmes varient rapidement, je me soulève un peu pour qu’il puisse respirer, pour avoir aussi plus d’amplitude dans mes coups de rein. Nos soupirs se mélangent, autant que nos fluides et nos corps.

    Je le retourne sur le ventre pour voir son visage extatique, tout autant que le mien, et profiter de ses boutons pointus. Je dois maintenir son corps pour qu’il ne tremble pas trop, c’est comme s’il essayait de m’échapper, et de fuir le plaisir - mais ce n’est pas le cas, je rends juste ça très intense. Ses jambes sur mes épaules, je tape sa prostate à chaque passage plus profond, m’amuse aussi à ne jouer qu’avec sa rondelle, mon gland noueux la lui écartant en douceur. Puis, subitement, je change de rythme et le pilonne profondément, ce qui nous fait crier. J’arrête, de peur de lui avoir fais mal, mais il me dit de continuer. Je tiens la cadence pendant plusieurs minutes, puis je ralenti, comme après un incroyable sprint. Ce qui n’est pas de l’avis de mon petit blondinet. Il dégage ses jambes et me les mets autour de la taille, m’attire contre lui et me retourne. Il peut maintenant me chevaucher à sa guise, et il ne s’en prive pas ! Je manque plusieurs fois de jouir car ce diablotin me serre la barre plus efficacement qu’un fleshjack. Il ne se calme que lorsqu’il gémit d’un coup de manière plus aigüe, et que je me prends quatre longs jets de sperme sur le torse, dont un jusque sur la ligne délimitant mes pectoraux. Je récupère mon dessert avec un sourire coquin, ou pervers selon le point de vue, et me soulève, mon chéri toujours empalé jusqu’à la garde de mon épée turgescente.

– Ça va mon amour ?

– Oui Sweetie ! C’était… plus intense !

– C’est le moins qu’on puisse dire !

– Maintenant, il faut que je te fasse jouir, tu me laisses te sucer ?

– Quoi, le petit vieux t’a déjà épuisé, ton petit cul n’en peut plus ?

– T’es pas vieux mon Sweetie adoré, tu fais même super jeune, et t’es tellement beau! J’ai de la chance d’avoir un chéri parfait !

– Vilain flatteur, je devrais continuer à t’enfiler sauvagement dans toutes les positions du kama-sutra !

– Oui mais pas aujourd’hui s’il te plaît ! C’est trop là !

J’abandonne son fourreau humide et plus ouvert que tout à l’heure et le remet sur le dos. Puis je viens sur son ventre, le sexe tout près de sa bouche.

– Ok, mais t’en fais pas ça va venir vite, j’ai bien failli me faire draîner par ta jouissance. Mais je voulais faire ça…

    Mon regard coquin l’excite car je sens son sexe à demi-mou qui vient me taper les fesses. Il essaie de m’attraper le gland, mais je soulève mon pieu et il se retrouve à me sucer les dragées. Je me branle en me mordant les lèvres, c’est tellement bon ! Je ne tiens plus et lui fais une incroyable faciale, il en a vraiment partout : sur le front, sur un oeil fermé à temps, sur les joues, sur le menton, et surtout dans la bouche, immédiatement avalé. Je l’embrasse tendrement et intensément avant de lui donner son dessert bien mérité. Avec les doigts je lui apporte le lait blanc et me fais sucer les phalanges. S’il continue à me les téter avec ce regard, nous allons repartir pour un autre round ! Mais cette fois nous allons changer les rôles. Et nous avons toute la nuit devant nous pour continuer, encore et  encore…


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