Frenchies in a New World - Chapitre 18

Chapitre 18



    Je regarde mon bébé ouvrir sa valise, puis la laisser posée sous la fenêtre. Nos congés, pris pour les vacances d'hiver, nous font utiliser nos cadeaux de Noël. C'est parti pour un week-end en amoureux dans la solitude d'une forêt canadienne.

    J'aurais certainement pu attendre l'automne pour découvrir non seulement la saison préférée de mon rouquin, mais aussi le voir s’amuser à faire des roulades dans les feuilles de la même couleur que ses cheveux de feu, mais j'ai une envie bien particulière à réaliser. Je ne sais pas encore à quel moment, mais je sais que j'ai le soutien de Matt et Damien, qui utilisent le trajet pour leur escapade romantique. Deux couples, deux cottages séparés pour plus d'intimité. Nous allons quand même nous retrouver pour quelques activités, ce qui m'arrange parfaitement.

    Le couple qui nous loue la cabane a l'air de beaucoup y tenir. Un peu plus vieux que moi, mais pas autant que mon frère, l'un des deux a pourtant les cheveux gris. Couleur réelle ou style ? À vrai dire je m'en fous. Je préfère mater mon rouquin.

    Il doit d'ailleurs sentir mon regard sur ses hanches car il s'approche de moi, pose ses mains sur mes pectoraux et se met sur la pointe des pieds pour m'embrasser. Je réponds à ses lèvres avides de tendresse, nous sommes aussi dépendant l'un que l'autre. Sauf que moi, ce n'est pas que des calins que je veux... Une tape sur les fesses, puis des caresses viriles le font gémir ; je me frotte à lui pour faire grimper la température de quelques degrés encore. Négative dehors, mais brûlante à l'intérieur ! Il me pousse sur le lit et se débat avec ma ceinture puis les boutons de mon jean. J'adore, il ne se pose plus de questions; il suit ses envies - pas aussi importante que les miennes peut-être, mais toutes aussi coquines.

    Je fais voler ses vêtements plus rapidement qu’il n’a enlevé les miens, soupire de plaisir sous ses caresses, sa peau pâle à côté de la mienne bronzée. Il entoure ma tête avec ses bras, ferme les yeux et pose ses lèvres sur mon visage. En même temps, il joue avec mon sexe entre ses cuisses. Quand il fait ça, je suis toujours partagé : dans quel sens ai-je envie de le prendre ? Je le laisse gérer, je ne suis jamais déçu. Cette fois encore moins, car s’il se tourne pour avaler avec frénésie mon pieu raide, j’ai son petit cul bombé assez proche pour m’occuper de lui. Je l’installe bien sur moi, et une fois en place comme j’ai besoin, je donne un petit coup de bassin. Pour ne pas s’étouffer subitement, il recule, je peux saisir la peau satinée et écarter les deux sublimes collines. Il ne comprend ma manoeuvre qu’à la dernière seconde, lorsque ma langue humidifie son petit trou. Mais désormais, il ne proteste plus; une fois la surprise passée, ses mains se contractent sur mes cuisses, je sens sa respiration saccadée sur la peau de mon sexe tendu. Il me reprend en bouche, soupire, alors que je me régale avec son intimité. Il a le goût de vanille - probablement son savon - et mouille abondamment. Ce n’est pas la première fois que l’on va se passer de gel ! J’ai vraiment un effet dingue sur lui, autant qu’il en a sur moi.

    Avant que je ne puisse décider qu’il est prêt à se faire prendre, il se retourne et vient chercher de la tendresse. Comment fait-il pour être si mignon et désirable, et surtout calin et innocent, alors qu’il m’avale le pieu comme personne, et qu’en ce moment il fait coulisser ma pine baveuse sur son petit trou dilaté ? Je passe ma main le long de sa colonne, l’autre posée sur sa nuque pour une féroce bataille où je suis vaincu par ses baisers affamés. Je lui laisse donc la supériorité et reste passif dans mon activité. Je me concentre sur son plaisir, palpe ses fins abdominaux bien marqués, ses hanches, alors qu’il s’empale d’une longue traite. La douceur de l’acte, en même temps brûlant, est incroyable. Plus que du sexe, et plus addictif qu’une drogue, voilà comment je peux le définir. Ses mouvements lascifs sur mon sexe, ma main qu’il saisit pour la remonter le long de son corps jusqu’à sa joue, c’est tellement excitant et sensuel. Il accélère, me fait gémir, ralentit, change de position pour jouer sur toute ma longueur tout en me mordant un téton.

    C’est trop pour moi. Je le retourne, une fois sorti de son fourreau humide, et je l’attrape sous les cuisses pour rentrer un peu plus sauvagement en lui. Sa tête s’appuie sur mon épaule, bouche ouverte, yeux fermés jusqu’à remarquer que je le fixe. Le rouge lui monte aux joues, ses petits couinements n’ont rien de retenu quand je frotte sa prostate à chaque passage, entre deux resserrements de sa part. Je le tourne un peu pour l’embrasser, il ne répond pas et se laisse faire, totalement ailleurs. La sensation le fait par contre jouir, et j’explose à mon tour. Les longues rasades soulagent mes bourses, je me rallonge avec mon bébé toujours planté sur ma branche, joue avec sa sécrétion qui commence à être bien étalée sur son torse.

– Mmmm, arrête chéri, j’en ai partout…

Je marmonne d’une voix sexy à son oreille :

– Oui, partout, dedans, dehors… je crois qu’il faut qu’on aille à la douche.

    Sans lui laisser le temps de répondre je le porte, toujours planté sur mon sexe, et ne le libère qu’une fois dans la cabine de douche. Nous tenons pile à deux dans l’étroit cube, à tel point que ma jouissance me coule aussi sur les cuisses quand mon sexe quitte son intimité. Nous devons rester droits pour laver l’autre, et que mon bébé s’amuse à jouer avec mon sexe à nouveau raide quand il se baisse pour me laver les jambes.

– Tu n’arrêtes jamais de bander c’est dingue quand même.

– C’est parce que j’ai le petit copain le plus sexy qui soit.

– Rhoooo… n’importe quoi.

– Si, mon bébé. Je t’aime.

– Moi aussi mon nounours. Bon, maintenant qu’on a vu que le lit est confortable et qu’on tient dans la douche on fait quoi?

– Et bien… on pourrait manger puis aller se promener dans la forêt tant qu’il fait jour?

– Tu as pas peur de croiser un ours ?

– À part un nounours qui adore ton petit cul, tu sais bien qu'ils hibernent, bébé.

    Il me sourit, si craquant. Je le sèche bien partout. Je bande encore - pour changer - en dévorant son corps des yeux, et le suis dans la petite cuisine. S'il continue comme ça, je sens qu'on va passer notre week-end à poil dès qu'on est seul !

    Après une bonne petite soupe de tomates et du riz, nous nous préparons pour sortir. Il ne fait pas beaucoup plus froid qu'à New-York, et nous avons tout ce qu'il faut comme vêtements pour ne pas être frigorifiés. Notamment les achats de l'année dernière, qui semblent si lointains; ainsi que tout ce qui nous est arrivé, la première fois avec mon bébé d'amour... Je me colle à lui avant qu'il ne mette sa doudoune, le broie dans mes bras et lui murmure :

– Je suis dingue de toi mon bébé. Et si tu as froid, on rentrera et je te réchaufferai.

– Je sais, mon grand nounours tendre et sauvage. Et oui on se réchauffera, devant un bon feu, avec un chocolat.

    Dehors tout est recouvert par la neige, seuls certains arbres aux nombreuses branches étendues ont leurs racines tapissées de feuilles mortes. Je demande s'il y a des érables, et j'ai droit à la liste de tous les arbres devant lesquels nous passons. Les quelques chants d'oiseaux - pour lesquels une mangeoire est accrochée sous une fenêtre de la cabane - égayent le silence paisible. C'est si calme et si beau.

    Nous ne savons pas dans quel sens nous sommes partis, mais nos traces bien visibles dans l'épaisse poudreuse vont nous empêcher de nous perdre. Et dans le pire des cas, je sais me repérer avec une boussole et une carte. Ce qui ne semble pas être le cas des deux blondinets, que nous entendons un peu plus loin. Nous les rejoignons, et quand ils nous voient, les  deux ont l’air soulagé : nos cabanes sont à peine à cinq cents mètres, mais sans voir le chemin qui les relie c'est plus compliqué, surtout que tout se ressemble. Ils se sont bien égarés ! Ils partaient en plein sur le nord. Nous retournons sur nos pas, ou plutôt sur les leurs, pour découvrir leur logis. Plus grand que le nôtre, c'est une maison, avec même un étage. Assez proche d'un lac gelé qu'on peut voir entre les arbres, l'ensemble à l’air moins perdu que notre chalet entouré par la nature. L'intérieur, de même, est moins simple et "authentique", le moderne s’alliant avec les décos plus naturelles. Il fait plutôt très chaud dedans, un grand feu craque dans la cheminée. Je laisse rapidement tomber le haut, alors que tous restent habillés, et je vais fouiller dans les placards histoire de préparer le goûter. Une petite casserole, que nous allons placer sur la plaque dans la cheminée, le chocolat en poudre et le lait, un paquet de madeleines et des marshmallows. Voilà de quoi passer un bon moment. Surtout que mon rouquin, sous mes mains insistantes, finit comme moi, torse nu. Nous nous embrassons devant le feu, le coeur battant au rythme des flammes, et je vois dans son regard l'admiration des ombres créés par la lueur vacillante sur ma peau.

– Ça va on vous dérange pas trop?

– Oh, mon p'tit ami, t'inquiète pas on va rien faire, puis embrasse ton mec aussi, tu verras c'est génial. Surtout avec le feu qui te réchauffe la peau.

    Matt soupire, juste avant de se faire attraper par Damien, qui le renverse sur le tapis et dévore chaque centimètre de peau découverte. Pour un peu, je manque de retourner sa remarque à Matt, il n'a pas l'air moins coquin que moi avec mon bébé ! Mais ils se calment, et s'assoient à nos côtés. J'ébouriffe les cheveux de Matt, qui me donne un tape sur les doigts, alors que Damien fait ronronner mon mec. Chacun remplace l'autre, et j'ai donc le plaisir d'avoir mon bébé tout détendu contre moi.

    Nous ne voyons pas le temps passer ni n'entendons la neige qui a recommencé à tomber. La nuit est là, et il est trop tard pour rentrer dans notre cabane. Les deux tourtereaux vont nous prêter l'autre chambre, à côté de la leur à l'étage. L'avantage, c’est que le menu sera parfait pour quatre, mon bébé ne sait pas faire juste pour deux! Et que demain, dès le lever, je vais pouvoir lui donner le cadeau que j'ai prévu pour sa fête...

    Mais d'abord, soirée romantique avec un film à l'eau de rose, que personne ne regarde vraiment. Le choix a-t-il été fait spécifiquement pour que nous nous lassions ? En tout cas, rapidement, plus personne n'a les yeux sur l'écran, mais plutôt dans les prunelles énamourées de son petit copain. Je place mon bébé en angle droit sur mes jambes et pose la paume de ma main qui ne le tient pas sur sa joue. Mon pouce frôle sa pulpe qui s'écarte et sa langue coquine vient jouer avec. J'écarte ma main pour commencer un nouveau combat de nos muscles buccaux. À côté de nous, les deux blondinets aussi se dévorent la bouche, en témoignent les bruits humides et les "je t'aime" chuchotés. Je bondis presque quand la main de mon rouquin se pose entre mes cuisses, et que son regard confirme son intention.

– Bon, on va aller de coucher nous. Bonne nuit Matt, bonne nuit mon frérot.

    Un rapide baiser sur le front et une réponse toute aussi expresse lui vient, puis il se dirige vers notre chambre, talonné par mon envie.

À peine seuls, je me colle à son dos et le plaque sur le lit, la bosse pile sur ses fesses. Il se tortille en gémissant, fait glisser son pantalon jusqu'à s'en débarrasser.

– Vas-y Chéri, j'ai trop envie!

    Je ne me le fais pas dire deux fois et quitte mes vêtements en deux temps trois mouvements. Une bonne dose de gel, vérification de la souplesse rectale, et je m'enfonce avec volupté dans son intimité serrée, peau contre peau. La nuit promet d'être délicieuse...


    Le lendemain matin, je me décide à mettre mon plan à exécution dès le petit déjeuner. Je ne sais pas jusqu’à quand nous restons avec les deux blonds, et surtout c’est parfait car nous avons tout ce qu’il faut; je me lève en avance et laisse mon petit prince dormir. Je rejoins les deux autres qui sont surpris de me voir arriver seul. Je leur dis uniquement que c’est pour ce matin, ils sont déjà dans la confidence depuis quelques temps, les deux m’ont aidé à choisir…

– Thomas ?

    Sa petite bouille endormie débarque dans la cuisine au moment où je lui verse son jus d’orange. Moi qui pensais lui amener le plateau avec des croissants jusqu’au lit, c’est raté !

– Bonne fête bébé !

– Bonne fête frérot !

– Bonne fête Valentin !

    Ses yeux papillonnent mais il s’approche de nous, remercie et dit bonjour aux deux autres avant de se tourner vers moi. Il se colle à moi pour atteindre mes lèvres, semble contrarié que je ne le prenne pas dans mes bras. J’ai la bouche sèche, c’est le moment je le sais. Matt lève son pouce dans le dos du rouquin.

– Euh, mon bébé ?

– Oui chéri ?

Son regard totalement innocent et sa bouche en coeur me font presque trembler.

–  Tu sais que je t'aime... Tellement... Du coup est-ce que... Bah est-ce que tu voudrais bien te marier... avec moi... Genre m'épouser…

    Je pose un genou au sol et révèle la petite boîte que j’ai en main. Je suis pendu à ses prunelles marrons, tandis qu’il réalise petit à petit mes mots, ma posture, et j’ouvre l’écrin pour découvrir la chevalière cuivrée, un petit coeur en rubis sur la partie supérieure, en même temps virile et mignonne. Les inscriptions - en runes elfiques je vous prie - argentées sur le cuivre ressortent parfaitement.

– Promis tu auras plein de câlins et tout ce que tu aimes mon bébé. Je promets de t’aimer et de te chérir toute ta vie.

    J’ai à peine le temps de terminer qu’il me tombe dessus et me fait perdre l’équilibre. Je tente tant bien que mal de garder une main sur le petit cube tandis que l’autre le sert contre moi.

– Bien sûr que je veux mon chéri ! Tu es l’homme de ma vie, et la passer avec toi sera un véritable paradis !

    Puis il redevient sérieux, et prend à son tour la position que j’avais il y a quelques secondes. Il fouille dans son boxer et sort un paquet semblable au mien - pas mon service trois pièce, la bague. Il l’ouvre, et lui a les couleurs inversées : chevalière en argent, un peu plus épaisse, avec des runes en cuivre plus brutes que sur la sienne, un saphir d’un bleu intense et parfaitement pur, carré, cachant la petite touche tendre sous la pierre : un petit coeur.

– Mon Nounours, je t’adore. Plus d’une fois tu m’as offert ton coeur, et je veux que tu sois certain que tu ais le mien. Quand tu as évoqué l’idée à Noël j’ai réfléchi, et je ne veux pas faire ma vie sans toi. Alors… veux-tu m’épouser ? Je jure que je prendrais soin de toi, de tous tes désirs, et que je te chérirai jusqu’à la fin de ma vie, quelles que soient les épreuves qui nous attendent.

– Oui.

    Je le relève pour nous asseoir sur une chaise, et chacun passe sa bague à l’autre. J’avoue que ça me fait quelque chose, comme si cette fois, il était vraiment à moi.

– Donc tu vas répondre à tous mes désirs…

– Hélas, je suis devenu totalement accro, je vais, pour ton plus grand plaisir, accomplir mon devoir conjugal.

– Tu adores ça.

– Avec toi, comment ne pas adorer ça ? Par contre, vous deux je vous retiens, vous étiez de mèche avec nous deux et vous avez fait comme si vous ne saviez rien des plans de l’autre !

Damien tire la langue à mon bébé, Matt éclate de rire.

– Enfin voyons mon p’tit Loup, tu pensais quand même pas qu’on allait te dire que ton mec nous avait demandé de te choisir une bague ! Et c’était tellement amusant de vous conseiller, et de voir que vous preniez un peu la même chose !

– Oui d’ailleurs, c’est une idée de Sweetie les runes en elfique, vu que toi tu en mettais des nordiques, mais on a galéré pour trouver les mots ! Même pas certain que ça veuille dire un truc cohérent.

Mon bébé lève les yeux au ciel avant de se recentrer sur moi et de m’embrasser.

– “Pour la vie”, c’est ce que j’ai mis sur la tienne beau brun. Je sais que tu n’aimes pas les énigmes, alors je te le dis plutôt que de te faire chercher avec l’alphabet.

– Tu peux pas savoir comme ça me fait plaisir bébé.

    Bien sûr qu’il le sait, il est mon Amour, mon amant, mon confident, qui a atteint le coeur sous l’armure masculine. En somme, chaque chevalière nous correspond et nous plaît, le choix ayant été facilité par celui qui nous connaît le mieux, et l’avis éclairé de son petit copain.

    Après avoir dévoré de quoi recharger les batteries, nous faisons notre petite sortie prévue avec les deux blondinets; la marche avec les raquettes permet d’avancer plus vite pour rejoindre un village du coin, à l’étrange dénomination de Cocktown. Nous évitons le centre-ville et ne restons vers l’entrée de la ville, où un “village” d’activités en lien avec la neige est ouvert, à côté du poste de police locale. Sans chercher, nous trouvons et louons rapidement deux traîneaux pour partir à la découverte des grands lacs. J’ai l’impression que mon bébé est un peu déçu de ne pas avoir un moyen de locomotion tiré par des rennes, mais il se rince l’oeil sur l’étalon qui amène le cheval. Une trentaine d’années peut-être, une plaque de la police, mais des mains avec encore des traces de cambouis, solide et fin à la fois. L’homme me fait un clin d’oeil alors que j’ai un sourire en coin; pour lui, c’est assez facile à deviner qu’il se trouve face à des gays, moi je le devine. Notamment aux regards qu’il a avec un autre en uniforme, un peu plus loin et un peu plus vieux. Je me demande si ce n’est pas son père… après tout, chacun fait ce qu’il veut, l’amour c’est beau, tant qu’ils sont consentants… chacun fait ce qu’il veut tant qu’il ne fait chier personne !

    Le temps de faire le tour du village, nous savons guider le cheval et nous suivons les blondinets qui nous ont doublés. Je m’occupe des rênes, mon bébé est occupé à regarder dans tous le sens les arbres qui nous entourent, les clochettes du traîneau, la bête qui le tire, sa bague, la plus belle chose qu’il ait jamais vu, c’est à dire moi - je plaisante, mais trouve tellement agréable ce sourire en même temps béas et coquin lorsqu’il me fixe. Puis il sort son téléphone et immortalise à l’aide de quelques photos et d’une vidéo notre activité; il en fera probablement d’autres plus tard. Sur l’insistance de sa mère et de Peter, il a fini par créer un de ces comptes virtuels où les gens partagent leur vie. Au grand damn de son jumeau roux, qu’on pourrait qualifier d’accro à ces réseaux sociaux, il continue de ne mettre que des photos du quotidien, avec les gens qui y participent, mais en privé pour éviter que le monde entier ne puisse roucouler sur notre couple “Soooo cute”. Et, pour satisfaire la dame, tout ceci est complété par des appels vidéos réalisés avec une application. Heureusement, à part Peter, il a les gens dont il ne peut pas se passer avec lui, je n’ai pas encore besoin de lui retirer son téléphone. Je ne sais pas comment Charlie fait, c’est limite si son mec ne prend pas de photos pendant l’acte. Pas que je ne veuille pas, pour mes souvenirs personnels, mais je n’ai pas le droit…

    Un soupir me parvient d’ailleurs de ma gauche, et je vois mon rouquin qui supprime une fois de plus une demande “d’ami” d’un des followers de Peter. Je n’ose pas demander si le rouquin ténébreux est populaire, mais les quelques clichés qu’il a de nous ont eu la côte ! Valentin lui a interdit de continuer à en prendre, épaulé par Matt pour avoir l’air plus crédible dans ses menaces. Je suis tiré de mes pensées par le cheval qui s’arrête devant l’étendue glacée qui brille sous le soleil.

– Ouah, c’est tellement beau !

    Les ombres des arbres s’étirent jusqu’au rivage, à quelques mètres de nous, et mon rouquin saute tel un cabri pour rejoindre la séparation neige/glace. Il pose précautionneusement un pied sur l’eau gelée, met le deuxième. Craquement. Il fait un bond en arrière et revient vers nous, tout penaud. Je baisse son écharpe bicolore pour l’embrasser.

– Thomas, y a un ours là-bas ! Il est de ta famille !

    Je me lève pour voir, et découvre que Matt a raison. Sauf que la bête ne bouge pas ;  elle semble plutôt grise, et en plus elle a un peu de neige sur le dos.

– Ahahah, la tête de ton bébé ! C’est le rocher de l’Ours, c’est noté sur la plaquette.

– Je me vengerai Matt ! Avec Damien on va aller faire les boutiques une fois rentré !

Nous éclatons de rire et continuons notre chemin.

    Midi vient vite et notre estomac nous ramène dans la petite ville. Les deux policiers ne sont plus là, nous ne discutons donc pas avec le local qui nous rend d'un air absent la caution de la location et emmène les chevaux se reposer. Plutôt que de rentrer, nous décidons de manger dans un de ces espèces de vieux restaurant où l'âge des patrons doit plus ou moins approcher la date des derniers travaux, et qui voit passer tous les événements et se décore à chaque occasion. Aujourd'hui, c'est donc des bougies, des banderoles de coeur, des roses, qui ornent l'endroit. Il y en a tellement que ça en devient kitsch. Ça ne semble pas déranger les couples qui se restaurent, habitués à ce Delirium. Ah, ces petites villes paumées où tout le monde connaît tout le monde... C'est toujours agaçant de se retrouver au milieu de l'attention, à la fois les touristes mais aussi les étrangers et les couples gays...

    J'ignore si c'est par pur appât du gain ou si les mentalités sont moins sclérosées dans un air vivifiant, mais nous sommes plus que bien accueillis. Une serveuse enjouée nous propose la carte du jour; j'en profite pour dire que c'est moi qui paye pour nous quatre, Matt proteste :

– Que tu payes pour Valentin ok, mais pourquoi pour nous ?

– Parce que tu es mon ami et que je peux bien offrir un resto à des amis aussi.

    La jeune femme qui s'occupe de nous a entendu notre conversation, et même si nous parlons en français, elle comprend qu'il y a un Valentin parmi nous. Nous avons donc les cocktails "Passionate lover" offerts par la maison, sans alcool pour trois, puis en dessert le "Hot&Choc", un fondant au chocolat en étage, avec son chocolat chaud fumant.

– Bonne fête Valentin !

    Les deux flics débarquent pour nous servir le gâteau, et, parlant notre langue contrairement à la serveuse, ils ne se trompent pas sur qui est le saint du jour. Celui-ci est rouge, l'uniforme lui plaît bien, je l'ai remarqué - j'ai déjà joué plusieurs fois l'agent Duroc le soir - et le père et le fils sont plutôt pas mal, ils font tous les deux plus jeunes que leur âge. Nous l'apprenons en discutant, ils sont plutôt bavard, et ravi de trouver des étrangers pour parler. Leur accent est plutôt québécois lorsqu'ils parlent, mais ils peuvent ainsi nous faire des aveux qu'ils n'auraient pas fait dans la langue locale. Ils comprennent que j'ai compris, Damien probablement aussi, les deux autres sont trop innocents. En tout cas c'est sympa de croiser des mecs ayant les même attirances mais tout aussi respectueux - même si je les soupçonne d'avoir eu un petit coup de coeur pour l'un d'entre nous, vu qu'ils sont très tactiles avec lui, le rendant de plus en plus rouge, plus écarlate que ses cheveux.

– Bon, c'est pour quand le mariage ?

– On vient de se faire la demande aujourd'hui, donc dans quelques mois Messieurs. Si vous vous déplacez jusqu'à New-York, vous êtes invités! On enverra un faire-part à votre nom.

– Thomas! On les connaît pas !

– Rhoooo bébé, ça serait drôle d'arriver à ton mariage en voiture de flic ! Puis on va pas faire un mariage avec juste nos parents !

– J'ai dit ça en blaguant, je veux pas semer la zizanie dans votre couple hein! Mais si vous voulez, n'hésitez pas! On découvrira du pays.

    Je supplie presque mon bébé du regard, il me fait un signe de tête mitigé. Je le convaincrai plus tard, je suis certain qu'il fera venir Peter et Charlie, pourquoi moi je ne pourrais pas avoir deux invités qui ne sont pas de la famille ? Ça mettra un peu d'ambiance.

– Sinon, rien à voir, mais vous restez combien de temps encore ?

    Le plus jeune des deux soldats - je n’ai pas retenu son prénom, trop compliqué pour moi, je sais juste que c’est original - se tourne vers nous l’air soudain plus soucieux.

– Jusqu’à lundi. On repart mardi matin.

– Vous avez prévu assez à manger pour quelques jours ? Du bois pour le feu, au cas où y ait une coupure d’électricité ? Une tempête de neige est prévue à partir de la fin de journée, et vu les nuages qui commencent déjà à s'amonceler, c’est plus que probable.

– Oui, on a tout ce qu’il faut, puis au pire nos cabanes sont proches, on pourra se retrouver.

– Mettez bien votre voiture dans un abri, c’est un coup à rester en panne.

Damien se montre rassurant :

– Ne vous inquiétez pas, on a notre garagiste personnel.

    Je me mets donc à parler mécanique avec Enki - je lui ai redemandé comment il se nomme - sous l’oeil fier de son paternel. Je comprends sa fierté, son fils est le réparateur officiel de toute la flotte de véhicules des pompiers et policiers de la ville ! Heureusement que ce sont des modèles solides, qui ne nécessitent pas tout le temps des visites, sinon il serait surchargé. En dehors de ses jours de repos, il est constamment dans l’atelier.

    Vers seize heures, nos deux locaux reçoivent un coup de talkie-walkie pour qu’ils viennent ranger la fête; la neige approche plus vite que prévu, nous nous séparons donc, il nous faut rentrer avant que ça tombe trop fort. Sur le trajet, la mère de mon rouquin lui téléphone, jusqu’à ce que nous ayons rejoint notre cabane, qu’il lui fait visiter en vidéo. J’adore comment il évite les nouvelles qui pourraient l’inquiéter à chaque fois, sa mère ne se doute pas une seule seconde que les jolis flocons qui tombent sont les premiers d’une chute importante en approche. Il n’y a qu’à Damien qu’il ne peut rien cacher. Je suis presque jaloux de la relation qui les unit; mais c’est moi qui l’ai en petit copain, et même en fiancé…

    Une fois qu’il raccroche, il continue à regarder les volutes blanches par la fenêtre. Quand il tourne la tête et voit que je le regarde, il me tend les bras, je viens m’asseoir juste derrière lui. Le silence est apaisant, dans la semi obscurité de la forêt enneigée. En ce moment, plus rien n’existe à part nous et notre amour.

    Nous restons longtemps enlacés, alors que le monde disparaît sous la blancheur dans la nuit; malgré mes bras, il commence à avoir froid. C’est le moment d’allumer un bon feu dans la cheminée, qui semble captiver tout autant mon bébé aux cheveux de flammes. Puis, pour se réchauffer et se nettoyer de la journée, nous prenons notre douche. Une fois habillés, que ce soit dans sa combi pyjama ou avec un simple jogging, il me laisse quelques instants pour aller chercher un simple repas, pain, miel, fromage. Pendant que nous mangeons, mon portable vibre : Matt “m’ordonne” de le retrouver demain, lui et Damien dans la grande maison, avec toutes nos affaires, qu’on ne soit pas séparés avec le temps, au cas ou l’on devait être bloqués plusieurs jours. Inutile de protester, Damien est de son avis, et c’est évidemment plus prudent. Nous n’avons donc plus que cette soirée pour n’être que nous deux. Je pourrais être romantique, ça lui ferait plaisir, à mon fiancé. Mais il sait que je suis très taquin. Je le laisse contempler les flammes le temps de m’habiller différemment avant de revenir.

– Dis, bébé, tu les as bien matés les deux flics.

– Mais n’importe quoi ! Juste ils étaient pas mal pour leur âge, puis toi tu leur proposes comme ça de venir à notre mariage alors que…

Il tourne la tête vers moi, me découvre dans la tenue d’agent de la paix. Je fais tourner les menottes au bout d’un doigt.

– Donc tu as maté, c’est ce que je dis. Tu es coupable, et je vais devoir t’arrêter.

– Je vous jure que je n’ai rien fait, agent Duroc ! Je suis un honnête citoyen !

– Ah oui ? Je suis pourtant certain que vous aviez des pensées très perverses en les regardant…

– J’imaginais mon petit copain, il est si sexy dans le même habit. Et lorsqu’il est sans, c’est encore plus attirant, j’ai juste envie de le dévorer.

    Il me fait tellement bander, et il le sait. Mais il s’inquiète en même temps, je n’ai jamais réellement utilisé les menottes, et il ne sait pas à quoi s’attendre. Je ne peux m’empêcher de sourire, ce qui ne le rassure pas. Ne se rend t-il pas compte qu’il m’a calmé, que désormais je fais tout pour son plaisir ? Que je ne fais rien qu’il ne veut pas ? Et que surtout, on joue autant l’un que l’autre…

    Je referme la première partie autour de son poignet sans qu’il ne bouge, la main dans le dos. Il se tourne brusquement vers moi en entendant le cliquetis de la deuxième sans que son poignet soit dedans. Je lève le bras :

– Je suis aussi coupable que toi, si tu savais toutes les pensées perverses qui m’ont traversée l’esprit depuis ce matin. Rien qu'en te donnant la bague j’avais envie de te faire l’Amour tellement intensément pour te remercier d’avoir accepté.

Il se tourne, tire mon bras relié au sien dans une posture plus simple et se met sur moi.

– Tu as eu envie toute la journée comme ça, et tu t’es retenu ? C’est un exploit.

– Tu te moques d’un représentant de l’ordre ?

– Je n’oserais jamais voyons!

Je lui donne une petite tape sur les fesses.

– Libérez moi agent Duroc, et nous pourrons fêter nos fiançailles comme nous en avons tous les deux envies. Avec cette grosse matraque si délicieuse, que je vais déguster avant d’avoir droit à une fouille, hein ?

    Sa main libre glisse le long de ma cuisse, je plante mes yeux dans les siens, un frisson me parcourt. Je sors les clés de ma ceinture, il les attrape et se libère avant de me les rendre.

– Tu sais que je pourrais t’attacher et te faire ce que je veux. Tu me donnes de ces envies…

– Mais tu ne le fais pas, tu n’en as pas réellement envie. Ce que tu veux, c’est que je m’occupe de ça - il ondule des hanches sur moi - et ensuite de me combler, de m’entendre gémir, t’en demander encore.

– C’est si évident ?

Il m’embrasse au creux du cou, remonte vers mon oreille pour murmurer :

– Evidemment mon chéri. Et on aime ça tous les deux…

    Je tire la couette sur le canapé pour l’allonger dessus devant la cheminée. Je le recouvre rapidement après lui avoir fait un striptease. Ses mains fraîches se réchauffent sur ma peau brûlante, il rougit quand je lui souris, comme intimidé par ses envies, mais m’attire pour que je l’embrasse. Je le contente et commence à faire glisser sa fermeture éclair. J’aime tellement avoir sa peau contre la mienne, il est si beau, et il sent si bon. Je le lui dis, tout en m’occupant de ses tétons. Il m’attrape par les épaules et se redresse, il me renverse, dépose des baisers sur tout mon corps jusqu’à avoir ma lance sous le nez.

– Agent Duroc, en joue ! Il faut se montrer raide et impressionnant !

– Je vais vite bander t’en fais pas. Puis je suis tout tendre et ça te va pas ?

– Si, j’adore quand tu es comme ça. Je t’aime tellement.

    J’ouvre la bouche pour lui répondre mais c’est seulement un gémissement qui sort puisqu’il vient de m’avaler le gland. Peu importe les meilleurs petits plans que j’ai pu avoir, lui a une technique qui les surpasse tous. Sa langue qui s’applique sur mon gros pieu, ses yeux plein d’amour, ses mains qui me caressent. Il me rend fou, mais dans le bon sens; il est magique et incroyable. Je me laisse biberonner de longues minutes à son rythme, passe parfois la main dans ses cheveux doux, soulève le bassin pour me faire avaler plus de centimètres. Il comprend et m’octroie avec aisance une gorge profonde; qu’un visage si innocent cache un garçon si affamé me rend dingue. Enfin, comme Damien et son Chaton… et pourtant nous savons qu’ils s’amusent bien les deux.

    Une pression sur mes lèvres me rappelle sur l’instant présent, je me concentre sur mon rouquin qui a l’air prêt pour une tendre pénétration, vu qu’il m’escalade et commence déjà à s’enfoncer sur moi. Sauf que c’est mon boulot ça ! Je dois entrer en lui tellement doucement qu’il en sera impatient, lui faire plaisir, lui montrer que j’adore son corps tout autant que lui. Je cale ses jambes autour de mes hanches et suis en lui plus vite que prévu. C’est qu’il est gourmand quand nous ne faisons rien pendant près de vingt-quatre heures. Ça tombe bien, je suis très chaud, et très heureux de retrouver son conduit humide et serré. Quelques mouvements et je passe les bras dans son dos et plaque nos torses, lui s’accroche à mon cou. Mon amplitude est limité, mais c’est si bon, il me masse de l’intérieur et bouge de son mieux en même temps que moi. Je sens l’humidité entre nos abdos alors qu’il mouille de plus en plus, jusqu’à jouir. Je continue de bouger dans son fourreau contracté et dévore sa bouche pour arriver à la limite de ma résistance. Il m’aide en se laissant aller, détendu, et j’augmente le rythme jusqu’à expulser en lui ma lave volcanique et blanche. Je lui redonne sa liberté de mouvements, mais il se colle à moi pour reprendre pied avec la réalité. Nous nous endormons avant même de l’avoir réalisé.

    Des coups à notre porte nous réveillent le lendemain matin. Mon bébé enfile rapidement sa combi avant d’ouvrir, une fois que je suis sous la couette. Les cendres du foyer ne dispensent que peu de chaleur, il fait frais sans lui entre mes bras !

    Matt et Damien arrivent dans le salon et me regardent avec un sourire en coin. Mon bébé me tend mes vêtements, que j’enfile après m’être levé - je ne suis pas pudique et amusé de voir la gêne de Matt.

– Bon, parfait vous êtes en vie. On a trouvé une luge dans le garage, ça sera plus pratique pour transporter les affaires, car y a une sacré couche de neige !

– Ok, vous pouvez commencer à emballer dans la cuisine ? Je fais ma valise avec Thomas.

    Nous allons dans la chambre, où mon rouquin se colle à moi avant de réellement faire sa valise. Il me remercie pour hier, pour ce week-end en amoureux, et je suis certain que même si notre moment à deux est terminé, chaque moment passé avec lui va continuer à être si chaud et câlin à la fois.


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